Le vice-president ivoirien Daniel Kablan Duncan s’est longuement entretenu avec Pascal Affi Nguessan, président contesté du FPI, ce jeudi au palais de la présidence de la republique à Abidjan. La question liée aux futures échéances électorales, à l’élection présidentielle de 2020, le retour de Gbgabo…ont été au centre des discussions.
Ci-dessous, la déclaration intégrale de Pascal Affi à sa sortie d’audience
« Nous avons demandé au vice-président et à certains de ses collaborateurs de nous accorder cette audience.
Nous sommes venus parler de la Côte d’Ivoire, nous sommes venus parler de la situation des ivoiriens et autour de quatre principaux points. D’abord toutes les questions liées aux futures échéances électorales, à l’élection présidentielle de 2020, ce qui exige que nous nous entendions au niveau de l’opposition et du gouvernement, sur le cadre juridique et institutionnel, notamment la Commission Electorale Indépendante, le code électoral, toutes les conditions générales liées aux élections. Et comme vous le savez après plusieurs round de négociations, des problèmes subsistent, des acteurs ne sont pas totalement engagés dans ce processus, à tel enseigne que des perspectives que cette élection se tienne dans la sérénité, dans la convivialité, dans la paix et la sécurité, ne semble pas encore réuni à l’heure actuelle. Nous sommes venus nous ouvrir au chef de l’Etat et au gouvernement, sur ces questions, et faire des propositions, pour que la Commission Electorale Indépendante notamment la commission centrale intègre tous les acteurs majeurs. Donc que des décisions soient prises pour que tous les acteurs majeurs soient représentés dans cette Commission Electorale Indépendante, et que les commissions locales qui sont à l’heure actuelle dominée à plus de 90% par les représentants du RHDP, que cette commission soit réorganisée de manière à refléter l’ensemble des forces politiques du pays, donc être une structure équilibrée pour inspirer confiance à tous les acteurs et mettre fin aux grognes que nous entendons actuellement au niveau du processus électoral.
Il ya d’autres questions qui touchent par exemple à l’enrôlement, la Carte Nationale d’Identité, au financement à la présidentielle, etc… qui ont fait l’objet de discussions au cours des négociations, mais sur lesquels nous sommes revenus, parce que nous pensons que ce sont des questions essentielles et que le président de la république en soit suffisamment sensibilisé, pour pouvoir prendre des décisions majeures, parce qu’il s’agit de la modernisation de la vie politique de notre pays.
Il s’agit de la reforme de l’Etat de façon générale, et il ne suffit pas seulement de brandir les résultats économiques. Il faut aussi que sur le terrain de la démocratie, sur le terrain des libertés que le gouvernement puisse aussi revendiquer des reformes majeurs qui vont rester dans l’histoire de notre pays.
En dehors de ces questions, nous avons parlé de l’environnement sociopolitique, d’abord la question des prisonniers politiques. Nous avons souhaité que le président de la république fasse en sorte que l’acte majeur qu’il a posé à travers la loi d’amnistie ne soit pas une symphonie inachevée parce qu’aujourd’hui, d’autres compatriotes, notamment des militaires sont encore en prison et cette situation en quelque sorte limite la portée de la décision qui a été prise en 2018 et donc nous avons souhaité que le président de la république aille au bout de la volonté qu’il a exprimé de tourner la page de la crise de 2010-2011. Pour nous, il s’agit même de refermer le livre de nos affrontements. Et c’est dans le même esprit que nous avons posé le problème du président Laurent Gbagbo.
A l’heure actuelle, plus rien ne justifie son maintien en dehors de la Côte d’Ivoire. La CPI a conclu l’acquittement et il nous appartient en tant qu’ivoirien de nous entendre. Voir comment nous capitalisons cette décision de la CPI. Il appartient au gouvernement de reprendre la main sur ce dossier. De notre point de vue, c’est un message qui nous est adressé et nous sommes venus voir avec le chef de l’Etat ce qu’il faut faire pour que le retour du président Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé participent de la dynamique de réconciliation nationale, de reconstruction de notre pays, la Côte d’Ivoire. Le chef de l’Etat a un rôle important à jouer. il a exprimé à plusieurs occasion que nous sommes tous des frères. Que le président Gbagbo est son frère. Au-delà de ce que les avocats ont pu dire là bas, nous savons tous que le dossier est d’ordre politique, la justice a fini son travail, la justice nous regarde, nous les hommes politiques de Côte d’Ivoire, par rapport à notre capacité de nous approprier le processus de réconciliation nationale et à agir dans cette direction.
Je ne vais pas vous mentir. Nous avons aussi évoqué le dossier de l’ancien président de l’assemblée nationale, M. Guillaume Soro. Nous nous inquiétons par rapport à la situation actuelle. Nous avons tenu quand même à l’exprimer, pour que le président voir dans quelle mesure, il peut agir pour qu’aucun ivoirien n’ait des raisons de mettre à mal la paix et la stabilité de ce pays surtout dans la perspective des élections présidentielles de 2020. Voilà l’ensemble des préoccupations que nous avions et que nous avons tenu à exprimer au vice-président, au ministre d’Etat et au ministre et à travers eux le Chef de l’Etat. Nous restons ouverts pour que si le président de la république souhaite nous rencontrer pour nous apporter des apaisements par rapport à ses préoccupations. Pour nous écouter par rapport aux arguments qui fondent notre demarche, nous puissions, en tout cas c’est la situation de notre pays, l’avenir à court terme du pays, à travers la tenue prochaine des élections, qui expliquent notre présence ce matin au Palais de la présidence de la république. Merci »
Fulbert YAO (herrwall2007@yahoo.fr)