Le président de la République, Alassane Ouattara a reçu hier le rapport annuel 2017 du CNP. Au cours de cette rencontre qui s’est déroulée au palais présidentiel, il a rejeté les informations de La Lettre du continent relatives au budget de souveraineté de la Présidence de la République.
Un article, repris en boucle par des médias locaux et sur les réseaux sociaux, indexait un budget de souveraineté de 342,6 milliards FCFA pour la présidence de la République ivoirienne. Auteur de cet article, La Lettre du continent. « Le Président Alassane Ouattara bénéficie, dans la plus grande discrétion, d’un fonds de souveraineté de 342,6 milliards F CFA, en hausse de 20 milliards par rapport à 2015 », a dit le bimensuel dans son édition du 30 août 2017.
Huit mois après cette publication, le président de la République, Alassane Ouattara, s’est prononcé, pour la première fois, sur cette affaire. Hier, au Palais de la République où il recevait le rapport annuel 2017 du Conseil national de la presse (CNP), le chef de l’exécutif ivoirien a qualifié ces informations d’infondées.
« Vous, les journalistes et contrôleurs de journalistes (Ndlr, CNP), vous pouvez aller regarder les fichiers de la présidence pour vous rendre compte que c’est bien une fakenews», a révélé le président Ouattara, déplorant la reprise systématique par les medias ivoiriens de certaines presses extérieures à la Côte d’Ivoire. Par conséquent, a poursuivi le président de la République, une plainte a été déposée en France contre ledit journal.
« A chaque fois que ce journal fera un dérapage, nous porterons plainte. Ce que je ne fais pas en Côte d’Ivoire », a-t-il ajouté. Même s’il s’est abstenu de citer nommément la presse en question « pour ne pas lui faire de la publicité », il a, en revanche, expliqué que le montant avancé par ladite presse n’est pas le budget de la présidence seule mais de toutes les institutions.
« Cette presse va jusqu’à dire que les fonds de souveraineté en Côte d’Ivoire de la présidence sont de plus de 200 milliards alors qu’il s’agit du budget de souveraineté de l’ensemble des institutions », a-t-il précisé. L’an dernier, cette cérémonie de remise du rapport annuel du CNP au président de la République. Pour le chef de l’exécutif, cela se justifie par les événements qui ont émaillé l’année 2017.
« Ce que j’ai fort regrettén, parce que je prends toujours plaisir à rencontrer le Conseil national de la presse », a-t-il dit. Ledit rapport remis chaque année, a-t-il laissé entendre, permet d’apprécier l’état de la presse. C’est pourquoi, se réjouissant de l’effectivité de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire (Ndlr, la Côte d’Ivoire a gagné 5 places, selon le rapport 2017 de Reporters sans frontières), il a exhorté les journalistes et le CNP à poursuivre sur cette lancée. Un progrès qui, à en croire le chef de l’Etat, devra se matérialiser par une amélioration du contenu et du respect des règles du métier.
« J’encourage le CNP à vulgariser la nouvelle loi et faire en sorte que les journalistes s’en approprient. Elle doit être notre boussole. Il faut que la loi soit intégralement appliquée aux journalistes en ce qui concerne les conditions de salaires, de retraite. Je considère que cela est très important », a-t-il lancé aux membres. Pour sa part, il a réaffirmé sa volonté et celle du gouvernement à travailler sans relâche à l’amélioration des conditions de travail des journalistes. « Le gouvernement continuera d’apporter sa contribution à la professionnalisation de la presse à travers des réformes courageuses, avec bien sûr l’implication des acteurs du secteur comme nous l’avons fait pour l’annexe fiscal ». Bien avant le chef de l’Etat, le président du CNP, Raphaël Lapké, a dépeint le tableau d’un secteur de la presse « malade mais qui se soigne ».
Selon le rapport, au 31 décembre 2017, le paysage médiatique comptait 84 publications éditées par 66 entreprises de presse, contre 85 publications en 2016. En ce qui concerne le chiffre d’affaires des entreprises de presse, tel que dévoilé par le président du CNP, il n’est pas reluisant. « En 2017, le marché de la presse a enregistré 32 395 683 exemplaires livrés par la société de distribution « Edipresse » pour 9 363 956 exemplaires vendus, soit un taux de vente annuel de 28.9%. Les chiffres de ventes annuels quant à eux sont de 3.003.603 100 FCFA.
Comparativement aux statistiques de l’année 2016, qui enregistraient une vente de 11 346 130 exemplaires pour un chiffre de ventes de 3.667.425.200FCFA, les ventes de 2017 sont en baisse, avec un taux de croissance négatif de -17.47% », a-t-il dévoilé. Et d’ajouter : « quelques rares cas de menaces et d’agressions de journalistes par des individus non identifiés ont été signalés au cours de l’exercice 2017. En dehors de ces cas, aucun journaliste n’a été interpellé, ni emprisonné, encore moins perdu la vie dans l’exercice de ses fonctions ».
Philippe Nado