Chez les enfants, les douleurs liées à la poussée dentaire ou à l’oreille sont fréquentes. Ce sont généralement des pathologies face auxquelles certaines mères paniquent. Les pédiatres leur donnent des conseils.
Elle était toute étourdie à son arrivée il y a quelques mois au service pédiatrique du Chu de Cocody. Il faisait à peine jour, mais déjà, de grosses gouttes de sueur ruisselaient sur le visage de cette dame. Son bébé qui avait à peine 6 mois avait refusé toute la nuit, de téter le sein de sa mère et il commençait à s’affaiblir. Pis, il faisait une petite fièvre. Ce petit être dont les premières dents se signalaient avait bénéficié de l’aide de la voisine. Cette dernière avait donné une potion magique à la mère, Mme Traoré. «C’était une poudre noirâtre que je devais délayer dans de l’eau tiède et la faire ingurgiter à l’enfant. Les deux premiers jours, ça a marché, mais depuis ce matin (le 3 janvier), l’enfant a commencé à vomir et à s’affaiblir », raconte la mère, l’air perdu. Sereinement, le pédiatre avait reçu l’enfant qu’il avait posé sur le lit de consultation. Mais, selon le spécialiste qui a requis l’anonymat, de nombreuses mères paniquent face aux petits ‘’bobos » » des enfants. Il s’agit notamment des pathologies qui surviennent suite aux poussées dentaires chez les enfants et les maux d’oreille.
Maladies dues à la poussée dentaire
Selon Dr Gilbernaire Anderson, pédiatre spécialiste en néonatalogie, c’est généralement entre le 6e et le 10e mois que sortent les premières dents ou dents de lait. Et l’apparition de celles-ci provoque presque toujours des pleurs tout à fait compréhensibles. «Avant la sortie, la dent provoque une petite boursouflure au niveau de la gencive. Elle doit ensuite déchirer la masse de chaire puis forcer la muqueuse de la gencive. Et généralement, l’enfant bave, ses joues sont en feu. Cette situation se constate chez 40 à 60% des enfants», explique Dr Gilbernaire. Une situation que le spécialiste explique comme étant un fait normal. «Chaque fois qu’il y a un corps étranger, notre organisme a une réaction. Et dans le cas de la poussée dentaire, il y a des conséquences qui vont de la perturbation de la thermogénèse (phénomène qui régularise la température), à la diarrhée en passant par les vomissements, les convulsions et les conjonctivites», soutient le néonatalogiste. Et la survenue de ces pathologies s’explique selon les pédiatres, du fait de la fragilité de l’organisme de l’enfant. «Avec la poussée dentaire, il y a une baisse du système immunitaire de l’enfant, l’exposant ainsi à tout type de pathologie», révèle le médecin des tout-petits.
Dans cette situation, l’enfant qui a cet âge, a tendance à tout mettre dans la bouche, peut prendre un rota virus qui va provoquer une diarrhée. «Mais il faut aussi dire que la montée de la fièvre en elle-même accélère le transit intestinale, qui conduit à la diarrhée », précise le médecin. Outre la montée de fièvre et la diarrhée, certains enfants développent des troubles gastriques qui s’accompagnent de vomissements. «En plus du manque d’appétit, l’enfant a des nausées quand il sent certaines odeurs. Le manque d’appétit et les vomissements contribuent à l’affaiblir», clarifie le pédiatre qui ne manque pas d’ajouter que le rhume et la toux peuvent également être aggravés dans le cas d’une poussée dentaire. «Un petit rhume ou une petite toux peuvent rapidement tendre vers des complications parce que l’organisme est fragilisé. Et dans ces cas, du simple rhume, l’on peut se retrouver face à une pneumopathie (infection pulmonaire) ou une otite (infection du tympan) », rappelle le pédiatre, avant de citer les convulsions hyper-pyrétiques (convulsions liées à la forte fièvre). Mais face à ces situations, selon les spécialistes des tout-petits, il n’y a pas de quoi paniquer.
Les actions conseillées
Lorsqu’il s’agit tout juste d’une forte montée de fièvre, la mère doit donner du paracétamol à l’enfant toutes les 4h. «Et ce, poursuit-il, pendant 24h. Pour le second jour, on ne donnera le paracétamol lorsqu’on sentira la fièvre monter. Et si au-delà de 48h la fièvre persiste, il faut dans ce cas, allez voir le pédiatre », soutient Dr Gilbernaire. Dans le cas de la diarrhée, le médecin conseille également le paracétamol pour baisser la fièvre qui certainement entraîne cette accélération du transit. «Mais dans le cas de la diarrhée, l’on doit s’assurer que les selles ne contiennent pas de sang. Dans ce cas, donner régulièrement de l’eau accompagnée de sel de réhydratation à l’enfant par voie orale permettra d’éviter qu’il se déshydrate. Si au contraire les selles produites par le tout-petit contiennent du sang, il faut rapidement consulter le pédiatre parce que là, il s’agit d’une infection», précise le spécialiste. Dans le cas d’une convulsion hyperpyrétique, en plus de la prise de paracétamol, la mère doit conduire l’enfant vers un centre de santé. «L’on constate également que pour les poussées de dents qui se signalent par des secrétions purulentes, certaines mères aspergent les yeux de l’enfant d’eau sucrée ou de lait maternel. Mais cela est déconseillé parce que n’aboutissant à rien.
Il faut plutôt conduire l’enfant chez un pédiatre qui lui fera une prescription », révèle Dr Gilbernaire. Dans les cas des infections de l’oreille chez les enfants, on parle généralement d’otite. Le terme d’otite définit toutes les atteintes inflammatoires de l’oreille, externe, moyenne ou interne, qu’elles soient aiguës ou chroniques. Ces infections, très fréquentes, doivent être reconnues et correctement traitées. L’otite représente la seconde maladie infectieuse la plus fréquente après la rhinopharyngite (C’est une infection très fréquente des voies respiratoires, et précisément du rhino-pharynx, la cavité qui s’étend des fosses nasales jusqu’au pharynx). Et généralement, les parents sont impuissants face à ces pathologies. Mais «ils (les parents) doivent garder leurs calme parce que de nombreuses infections de l’oreille disparaissent comme elles sont venues», soutient sous le sceau de l’anonymat un spécialiste d’Otorhinolaryngologie (Ndlr, l’Orl est la branche de la médecine spécialisée dans le traitement des voies aériennes supérieures, c’est-à-dire le nez, la gorge et l’oreille). Mais si elles reviennent sans cesse, elles sont appelées infections récurrentes. Les infections récurrentes de l’oreille peuvent provoquer dans l’oreille moyenne (l’arrière du tympan), une accumulation de fluide qui ne disparaît pas. Dans ce cas, on parle d’infection chronique de l’oreille.
Pour l’infection de l’oreille…Et elle est généralement causée par des bactéries ou des virus qui s’introduisent dans l’organisme par le nez et par la bouche. Les collectivités où beaucoup d’enfants sont réunis (par exemple, les crèches) contribuent à la propagation des germes. Les infections respiratoires, les allergies et les polluants de l’air (comme la fumée des cigarettes) peuvent aussi entraîner des infections de l’oreille. «Chez les enfants un peu plus agés (de 2 à 10 ans par exemple), c’est plus facile de le savoir puisque le malade parvient à s’exprimer», explique l’Orl. Dans ces cas, les symptômes comprennent le mal d’oreille, des problèmes d’audition, une pression dans l’oreille, de la fièvre, un écoulement d’oreille, des étourdissements et une perte d’équilibre. Mais chez les nourrissons, les mères doivent beaucoup faire attention. «Généralement, les enfants qui font leurs premiers pas commencent souvent à se gratter l’oreille et deviennent pleurnichards.
Ils font de la fièvre et on finit quelquefois par se rendre compte que l’oreille coule», soutient le spécialiste qui précise que quelquefois, l’enfant peu n’avoir ni fièvre, ni douleur, mais l’oreille peut couler. «Le fait qu’un nourrisson soit irrité et se frotte les oreilles n’implique pas nécessairement qu’il y a une infection ou un problème d’oreille grave. Mais pour être plus tranquille, il faut consulter un médecin qui fera un diagnostic précis afin d’éviter aux parents l’utilisation inutile d’antibiotiques», précise le médecin. Si par contre le médecin diagnostique une infection, selon l’état de l’enfant, il peut recommander un traitement médicamenteux ou un traitement chirurgical. Si l’infection est bactérienne, le médecin peut prescrire des antibiotiques. Si l’infection est virale, les antibiotiques ne serviront à rien. Dans ce cas, le médecin prescrira un analgésique. Si l’infection de l’oreille revient sans cesse ou dure longtemps, le médecin peut suggérer une intervention chirurgicale. Ces traitements chirurgicaux consistent notamment en l’introduction d’un tube de ventilation dans le tympan pour drainer les fluides ou en l’ablation des adénoïdes gonflées ou enflammées (adénoïdectomie), où les bactéries peuvent se multiplier et empêcher le drainage naturel dans la gorge. Afin d’éviter cette complication, les parents doivent consulter le médecin dès qu’ils observent une anomalie chez l’enfant.
Touré Yelly