L’armée ivoirienne, qui veut redorer son blason, se débarrasse des brebis galeuses qui s’écartent de la discipline militaire.
Les Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI) continuent d’extirper les éléments incontrôlés de ses rangs. Hier, au cours de la 15e conférence semestrielle de la Coalition ivoirienne pour la Cpi (CiCpi) organisée à Ivotel au Plateau, le chef d’état-major de l’armée de terre, le général de brigade, Kouamé N’Dri Julien, a levé un coin du voile sur cette opération de chasse aux brebis galeuses au sein de la Grande muette. « Il y a eu plus de 200 cas de radiation de militaires depuis le début de l’année », a-t-il affirmé. Selon l’officier supérieur, les rares cas de viol sont reprimés sans appel. « Dans mon unité, un militaire de viol a été radié. L’armée est l’une des rares institutions où on punit. Je ne pense pas qu’il y ait l’impunité au sein de l’armée.
Nous ne sommes pas dans la délinquance totale », a rassuré le patron de l’armée de terre. Le général de brigade a fait remarquer que l’armée doit rester loin des querelles politiciennes pour être au service de tous les citoyens. Cela passe par un recrutement national et non ethnique, l’octroi des moyens adéquats, la formation solide de la troupe. « L’armée doit être composée de militaires et non de militants », a souligné le général Kouamé. Intervenant sur le thème : « Forces armées, vecteurs de paix et de stabilité : défis et enjeux », le colonel à la retraite, Gaoudi Oulata Pierre, a mis en exergue les conditions idoines pour que la troupe ne s’invite pas dans le débat politique. « Il faut familiariser les armées à la notion de l’état de droit et au droit de la guerre. Ce qui oblige les militaires au respect de la vie, même en temps de guerre », a soutenu l’ancien parlementaire. Pour éviter que l’armée sorte de son lit, le pouvoir politique doit veiller au respect des règles démocratiques, instaurer la bonne gouvernance, a soutenu l’ancien patron des Forces d’intervention des para-commandos (Firpac). Ali Ouattara, point focal du « World federalist mouvement », lisant le discours de Jelena Piacomella, directrice exécutive de la Coalition mondiale pour la Cpi, a mis l’accent sur la formation des soldats au respect des droits de l’homme.
« La crise postélectorale de 2010 a occasionné de nombreuses violations des droits de l’homme impliquant souvent des éléments des forces armées. Ainsi former et sensibiliser les forces armées au droit international humanitaire, renforcera leur souci de protéger la population civile tout en respectant et mettant en œuvre le code de l’éthique et de déontologie militaire », soutient-elle. Doumbia Fanta, cordinatrice de la CiCpi, a pris l’engagement de sa structure à œuvrer pour la lutte contre l’impunité. L’activiste des droits de l’homme a annoncé la poursuite des actions de sensibilisation pour faire asseoir le respect de la dignité humaine au sein de la population.
Nomel Essis