Pagayer à bord d’une pirogue n’est pas la chose la plus aisée pour une femme. Pourtant à Adiaké, il y a des femmes qui en sont passionnées. Elles rivalisent parfois avec les hommes sur la lagune Aby.
Jeunes ou âgées, la pagaie n’a pas de secret pour elles. La 3e édition d’Êlê Festival ou course de pirogue courue le week-end dernier a encore mis en lumière de braves femmes qui prennent plaisir à pagayer à bord d’une pirogue. Engagés dans plusieurs équipes à l’occasion de cette course au gain aguichant, ces femmes spécialistes de la pagaie ont attiré non seulement les regards et projecteurs mais aussi réalisé de bonnes performances.
Ces dames, épouses, mères et ménagères vivent leur passion depuis bien longtemps. Parfois pour la liberté de naviguer tranquillement à bord de ces embarcations, mais aussi parce que c’est la seule activité à laquelle peuvent prétendre les non-scolarisées. Le festival de pirogue d’Adiaké est juste l’occasion pour elles de pagayer sous une tunique dans une compétition plus structurée avec un gain au bout. Les plus âgées d’entre elles, ont le corps modelé par des années de chevauchées à la pagaie et les plus jeunes, scolarisées ou non ont déjà les biceps et triceps qui se dessinent.
Toutes n’hésitent pas à partager leur passion avec nous. Chacune d’elles n’a pas connu la même expérience. Mais la plupart l’a appris aux côtés des parents pêcheurs. On pourrait dire de père en fille ou de mère en fille. C’est le cas d’Akouba Jeannette qui a donné ses premiers coups de pagaie pendant son enfance. Mère de 5 enfants, cette commerçante éprouve un amour fou pour l’eau.
Au sein de l’équipe débarcadère club, elle est redoutée. «La course de pirogue est l’occasion de montrer notre savoir faire au public. Sinon c’est tous les jours que nous sommes sur l’eau », confie Jeannette le visage heureux de savoir que l’on s’intéresse aux piroguières. L’activité de commerce sur l’eau est certainement l’une des raisons qui emmènent les femmes à savoir pagayer. Tanoh Bla Roseline et Kouamé Assoua le reconnaissent. Ces deux ménagères et mères également amoureuses de la pirogue expliquent que les femmes des villages fluviaux sont tenues de savoir pagayer.
Surtout pour les activités commerciales. Mais pour bien gagner sa vie, il faut aussi une forte dose de passion. En tout cas, Amoussou Marie est heureuse à chaque fois qu’elle se retrouve sur l’eau. Spécialiste de l’activité de pêche, un secteur qui lui réussit bien, la piroguière du club les Champions de Buissonkro d’Adiaké est abonnée aux courses de pirogue. A l’en croire, «ramer est un jeu, un amusement» qu’elle affectionne. D’ailleurs, le rang occupé au niveau du relai féminin (2e) avec son équipe en rajoute à sa joie débordante. Pour elle, les courses de pirogue des femmes doivent régulièrement être organisées.
Puisque cela participe à la promotion des activités de loisirs qui se déroulent à Adiaké. A chaque fois qu’elle a l’occasion de ramer pour procurer du plaisir à un public, elle le fait avec beaucoup d’amour. Pour sa première fois, Kassi Gnima qui a couru sous les couleurs du village Kégnagué (Assinie Mafia) en redemande. Cette fille de «l’eau» comme elle nous l’a dit n’éprouve aucune peur lorsqu’elle navigue sur la lagune Aby. Au contraire, elle prend beaucoup de plaisir à pagayer.
«Le député-maire Hien Sié, a eu le nez creux d’organiser le festival de la pirogue. Pour nous qui aimons la pirogue, nous sommes heureuses. J’attends avec impatience la 4e édition». N’Djabo Yaba Marthe est aussi une autre piroguière passionnée. Cette mère de quatre enfants a participé pour la 3e fois à cette fête de la pirogue. Pour elle, rivaliser avec les hommes sur la lagune Aby lui procure beaucoup de plaisir.
«C’est un plaisir d’être assise dans une pirogue et pagayer au même titre que les garçons. C’est beau quand je le fais comme eux». Yaba regrette cependant d’avoir terminé au pied du podium avec l’équipe du village Bindobègnin. Qu’elles aient gagné ou pas, ces dames passionnées de pagaie sont toujours heureuses de retrouver la lagune Aby. Elles éprouvent est un réel plaisir de naviguer à bord de ces embarcations traditionnelles. Elles ne s’en lassent pas.
Moïse N’Guessan