Les crises humanitaires, y compris les urgences sanitaires, affectent différemment les hommes et les femmes. Alors que le COVID-19 continue de se propager en Afrique, son impact sur les femmes et les filles suscite des inquiétudes, et l’on craint que les vulnérabilités ne s’aggravent à mesure que la pandémie submergera les systèmes de santé.
Bien que dans l’ensemble de la Région africaine, les femmes représentent environ 40% des cas de COVID-19, ce chiffre varie de 35% dans certains pays à plus de 55% en Afrique du Sud.
« Nous constatons déjà que l’impact de COVID-19 sur les femmes et les filles est profond. Les femmes sont touchées de manière disproportionnée par les confinements et cela se traduit par un accès réduit aux services de santé », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.
Alors que les efforts se concentrent sur la réduction de la propagation de COVID-19, des services essentiels tels que l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive ont été perturbés. Selon des données préliminaires, au Zimbabwe, le nombre de césariennes pratiquées a diminué de 42 % entre janvier et avril 2020 par rapport à la même période en 2019. Le nombre de naissances vivantes dans les structures de santé a diminué de 21 %, tandis que le nombre de nouvelles clientes prenant des pilules contraceptives combinées a chuté de 90 %. Au Burundi, les premières statistiques montrent que les naissances avec des accoucheuses qualifiées sont passées de 30 826 en avril 2019 à 4749 en avril 2020.
Une analyse récente publiée dans le Lancet Global Health suggère qu’une réduction des services de santé maternelle de seulement 9,8 à 18,5 % pourrait entraîner jusqu’à 12 200 décès maternels supplémentaires sur six mois dans les pays à faibles et moyens revenus.
Les difficultés économiques dues au COVID-19 sont également plus importantes pour les femmes, selon un rapport de la Banque mondiale. Les travailleurs informels, dont la plupart sont des femmes, représentent plus de 90 % de la main-d’œuvre en Afrique subsaharienne. Les emplois du secteur informel sont particulièrement menacés pendant la pandémie.
En outre, les femmes sont plus exposées à la violence sexiste depuis l’épidémie de COVID-19. Une étude récente de l’ONU Femmes a révélé que les rapports de violence contre les femmes, et en particulier de violence domestique, ont augmenté dans plusieurs pays car les inquiétudes en matière de sécurité, de santé et de finances créent des tensions et des pressions accentuées par les conditions de vie exiguës et restreintes imposées par le confinement.
« Nous travaillons avec les gouvernements et nos partenaires pour trouver des moyens de continuer à fournir des services essentiels en toute sécurité, notamment en fournissant des équipements de protection individuelle aux travailleurs de la santé, dont beaucoup sont des infirmières et des femmes », a déclaré Dr Moeti.
La charge des soins aux malades est également largement supportée par les femmes. En Afrique, la plupart des travailleurs de la santé sont des femmes. Au cours des quatre derniers mois, avec les écoles d’infirmières en Afrique, l’OMS a dispensé des formations virtuelles ciblées à plus de 1000 infirmières et sages-femmes. En Afrique de l’Ouest, cette formation a été dispensée en cascade au niveau sous-national à l’aide de plateformes virtuelles – permettant ainsi de former le plus grand nombre possible d’infirmières à la gestion des cas de COVID-19 et à la prévention et au contrôle des infections.
L’OMS s’efforce d’améliorer la santé des femmes et des jeunes filles en Afrique en élaborant des orientations sur les implications du genre, de la violence sexiste et de l’accès à la santé sexuelle et reproductive.
En collaboration avec le Forum économique mondial, l’OMS a tenu aujourd’hui une conférence de presse virtuelle avec Dr Moeti, Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA et Bineta Diop, envoyée spéciale de l’Union Africaine pour les femmes, la paix et la sécurité.
Source l’OMS