Bruno Koné a donné hier la position du gouvernement dans l’affaire « fraude constatée sur le dédouanement de 2.000 véhicules de luxe» au palais présidentiel. Le gouvernement compte se prononcer au terme des enquêtes.
L’affaire fait grand bruit actuellement. C’est la fraude constatée sur le dédouanement de 2.000 véhicules de luxe. En effet, à l’issue d’un contrôle de routine, mi-avril, les services douaniers du Port d’Abidjan notent des incohérences entre leurs fichiers informatiques et physiques. L’Inspection générale des Douanes est alors saisie et au bout de deux semaines d’enquête, elle met au jour l’existence d’un mécanisme frauduleux d’immatriculation de véhicules. Des enquêtes préliminaires qui, selon un confrère, font état de l’implication de plusieurs personnalités.
À la question de savoir si ces personnalités citées dans cette affaire, feront l’objet de poursuites judiciaires, le porte-parole du gouvernement s’est abstenu de tout commentaire. « Il y a aujourd’hui, une procédure judiciaire qui est ouverte. Vous n’ignorez pas que les Douanes elles-mêmes ont également engagé des enquêtes. Tout cela va permettre peut-être de répondre à la question que vous avez posée. Nous n’avons pas envie d’anticiper sur les conclusions éventuelles des démarches qui sont en cours », a-t-il dit. Et de couper court : « Encore une fois, il ne nous appartient pas de nous prononcer tant que ces enquêtes ne sont pas à leur terme ».
Même s’il n’a pas souhaité se prononcer, il a, cependant, apporté quelques précisions : « Ce que nous pouvons dire, ce n’est pas à décharge, en général pour ce genre d’opération, on a recours à un transitaire. Très peu de gens font eux-mêmes directement ces démarches. Les enquêtes permettront de situer les responsabilités des uns et des autres et savoir si certains ont été co-auteurs, s’ils ont été seulement complices ou s’ils sont seulement victimes ».
La Côte d’Ivoire veut passer de 11 % à peu près de couverts forestiers résiduels à 20 %
Outre ce point, Bruno Koné a dévoilé les mesures que compte prendre le gouvernement pour protéger le couvert forestier. Ainsi, un financement de 4 milliards de F CFA est immédiatement dégagé par le Conseil pour les besoins immédiat de l’administration. L’objectif, a fait savoir le porte-parole, est de passer de 11 % à peu près de couverts forestiers résiduel, à 20 %. « Tout est mis en œuvre pour que les aspects réglementaires soient renforcés au niveau de l’Etat de Côte d’Ivoire, la surveillance, également », a-t-il rassuré.
C’est pourquoi, toujours dans la même dynamique, le chef de l’Etat a autorisé l’appui des forces spéciales aux agents des Eaux et Forêts dans le cadre de la mission de surveillance de nos forêts. Aussi a-t-il demandé un apport considérable des populations : « Il est demandé à toute la population de s’investir dans ce projet de reforestation de notre pays en demandant à chaque Ivoirien de planter un arbre par an. Cela pourra se faire à la journée nationale de l’arbre et de la forêt ».
Une table ronde, a poursuivi le porte-parole du gouvernement, des bailleurs de fonds est par ailleurs prévue en vue de mobiliser dans les meilleurs délais les ressources additionnelles nécessaires à la mise pleine et entière de la politique de déclaration et de préservation de réhabilitation et d’extension des forêts ivoiriennes. Le porte-parole du gouvernement n’a pas passé sous silence le passage du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly sur le site où les 33 familles ont été déguerpies par la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (SICOGI) à Cocody-Danga. En effet, déguerpies le 8 mai dernier, elles se sont lancées dans un bras de fer, refusant toutes les mesures d’accompagnement proposées par la société immobilière.
Amadou Gon invite les familles déguerpies à entendre les propositions de la SICOGI
Une situation de tension qui a interpelé le gouvernement au plus haut point et poussé le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly à se rendre sur les lieux pour entendre lesdites familles. Vingt quatre heures après cette rencontre, on en sait un peu plus sur la teneur des échanges entre le chef du gouvernement et les familles. A en croire Bruno Koné, le Premier ministre a invité les familles à entendre « les propositions de la SICOGI ».
« Hier (NDLR, mardi 22 mai), lors du passage du Premier ministre, il leur a clairement signifié qu’il s’agissait d’une décision prise par les instances judiciaires de notre pays. Et dans ce cas, aucune personnalité de l’Exécutif n’a aucun moyen d’action », a-t-il révélé. Qui ajoute que le chef du gouvernement a fait expliquer que le gouvernement ne saurait prendre le contre-pied d’une décision de justice : « dès le moment que la décision est prise par la haute instance de nos juridictions, le gouvernement n’y peut rien. Le Premier ministre les a donc invités à entendre les propositions de la SICOGI». Des conseils du Premier ministre qui ne sont pas tombés dans les oreilles de sourd.
D’autant plus que, selon le porte-parole du gouvernement, un cadre d’échanges s’est créé entre les familles et le ministre de la Construction, Isaac De au lendemain desdits échanges. « Il s’agira de convaincre ces familles d’accepter les mesures qui sont proposées et d’aller habiter ailleurs, de sorte à permettre à la SICOGI de réaliser sa mission qu’elle souhaite réaliser », a-t-il laissé entendre. S’agissant de la mission de la SICOGI, il a fait savoir qu’elle consistera à réaliser « des projets immobiliers prévus et qui permettront de loger beaucoup plus d’Ivoiriens ».
« Ce sont des projets qui apporteront plus de ressources à la SICOGI qui est une entreprise dans laquelle tout le monde est directement actionnaire. Cela permettra à la SICOGI d’agir plus efficacement parce que c’est nous-mêmes, tous les jours, qui critiquons les structures publiques de ne pas faire leur travail. Il y a des moments où il faut accepter ce genre de situations », a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « si nous leur mettons des boulets au pied, ces structures ne s’en sortiront jamais ». Bien que compatissant, Bruno Koné a indiqué que le gouvernement, à un certain moment, est obligé de prendre des décisions pour que notre pays avance.
« Il peut arriver effectivement qu’on déguerpisse quelques dizaines de personnes mais c’est toujours parce qu’il y a un intérêt pour un nombre beaucoup plus grand d’Ivoiriens. Notre pays se modernise et il était important que dans cet ilot, il y ait des appartements qui soient conformes au niveau de modernité que notre pays a atteint aujourd’hui. Ces bâtiments rasés, semble-t-il, ont été construits dans les années 50 », a-t-il dit.
Philippe Nado