L’avocat français de la Soka Gakkai Internationale, Alain Garay, achève une visite à Abidjan. Lors de son séjour, le représentant du mouvement bouddhiste dit avoir rencontré plusieurs personnalités de la Soka Gakkai Internationale Côte d’Ivoire. Cela, afin de se faire une idée de la crise qui secoue le mouvement dans le pays. Dans cet entretien, l’avocat livre ses sentiments sur la crise et annonce plusieurs actions dans les prochains jours pour ramener le calme au sein de la SGI Côte d’Ivoire.
Vous arrivez en Côte d’Ivoire au moment où une profonde crise traverse la Soka Gakkai Internationale locale. Quelle est la position de l’avocat du moment sur cette crise ?
Je suis un Conseil du mouvement depuis 2006. Mais au niveau mondial, je suis particulièrement chargé des questions liées à la francophonie. Le mouvement est aujourd’hui présent en Côte d’Ivoire. Il compte à peu près 40.000 personnes. On a 16 millions de pratiquants dans le monde dont 10 millions sont établis au Japon. Donc, c’est un mouvement bouddhiste qui a une envergure internationale. Et, la Côte d’Ivoire est un pays très important pour ce mouvement. Puisque c’est la Côte d’Ivoire qui compte le plus grand nombre de pratiquants Soka Gakkai en Afrique.
Les Ivoiriens voudraient comprendre. La Soka Gakkai est un mouvement bouddhiste ?
La Soka Gakkai est l’un des mouvements bouddhistes planétaires. On a le bouddhiste Zen avec le dalaï-Lama etc. Ce bouddhisme porté par la Soka Gakkai est celui qui est en réalité issu des écrits d’un moine bouddhiste japonais du XIIIe siècle qui s’appelle Nichiren Daishōnin. C’est donc un bouddhisme comme un autre, si j’ose dire. Sauf qu’en Côte d’Ivoire, c’est le groupe bouddhiste le plus important. Ce moment qui est présent en Côte d’Ivoire tire sa légitimité du siège mondial situé à Tokyo, au Japon. Il y a maintenant un nouveau président qui vient d’être désigné par le Japon…
Comment le Japon peut-il designer un nouveau président alors que M. André Deazon assure que les textes et les lois de la République de Côte d’Ivoire confirment son statut de président de la SGI Côte d’Ivoire. Et que les statuts et règlement intérieur de la Soka Gakkai Internationale ne préviennent pas de «destitution» ou «excommunication»?
Je vais vous expliquer. C’est comme si on parlait pour les catholiques du saint Siège qui est à Rome. C’est le Pape qui nomme les évêques dans le monde entier. Le Japon également, au niveau mondial, désigne les responsables de chaque pays. Et, on vient de changer de président en Côte d’Ivoire.
Mais que reproche, au fond, la Soka Gakkai Internationale à Dr André Diezon ?
Nous nous sommes rendu compte, je travaille sur la question pour le compte de la francophonie, que l’ancien président conteste un certain nombre de décisions.
Pouvez-vous nous en dire plus?
Moi, je ne suis pas bouddhiste. Je ne suis qu’un avocat. Je lis et je regarde comme vous. J’observe aussi. Et, lorsqu’on m’a parlé de la situation antérieure à la désignation de ce nouveau président, j’ai fait part d’un certain nombre de constatations liées au fait que l’ancien président ne reconnaît pas le Japon. C’est comme si un évêque catholique contestait l’autorité du pape. Il est libre de le faire. Sauf qu’il ne peut pas se prétendre évêque de l’église catholique romaine universelle s’il est destitué par Rome. Je reviens à la Soka Gakkai. L’ancien président a été exclu religieusement de la Soka Gakkai Internationale au mois d’avril. On lui a notifié cette décision et il l’a conteste en interne. Et, tout d’un coup, ces milices s’activent tel un séparatiste pour dire non, je ne reconnais pas l’autorité que le Japon a conférée au nouveau président.
‘‘Une enquête est en cours pour des irrégularités financières’’
Mais le camp du Dr André Deazon dit s’appuyer sur la Charte pour effectivement contester cette décision de Tokyo ? Que dit la Charte ?
La Charte présente le mouvement comme étant un mouvement bouddhiste, pacifiste, qui prêche et promeut la paix et la dialogue dans le monde.
Mais la Charte parle également d’autonomie de chaque représentation de la Soka Gakkai ?
La charte, ce n’est pas un artiste isolement. C’est un contexte. C’est un document. Elle respecte les personnes physiques. La Soka Gakkai Internationale est un mouvement structuré au niveau planétaire. C’est comme pour l’église catholique romaine. Si un Evêque, un Prête catholique conteste l’autorité du saint siège, il ne peut pas demeurer dans ses fonctions. La SGI est un mouvement organisé au niveau planétaire. On ne peut donc pas se prétendre de la Soka Gakkai si le mouvement vous a exclus. Pour des raisons objectives, ils estiment que vous ne pouvez plus revendiquer cette appartenance. (…) Il y a en France un Prête qui s’appelle Monseigneur Gayo qui a constesté une décision de Rome. Il a perdu son siège. C’est la même chose qui est en train de se passer en Côte d’Ivoire.
J’ajouterai un dernier volet important que je ne peux pas vous livrer pour le moment. Cela parce que je suis soumis au secret professionnel. Nous avons constaté des irrégularités financières. Je ne peux pas en dire plus. Des informations seront délivrées progressivement au cours du temps. J’espère à la fin du mois de juillet. Car, une enquête est en cours. Nous sommes dans une phase de normalisation de la situation en Côte d’Ivoire. Nous voulons aider et encourager les membres de la Soka Gakkai dans le pays et la société ivoirienne.
Fofana Ali