C’est la lune de fiel entre Ottawa et Pékin qui ne supporte pas l’immixtion du Canada dans ses affaires intérieures. La Chine a adressé lundi une mise en garde sévère au Canada après les sanctions annoncées par Ottawa à la suite de la nouvelle loi sur la sécurité nationale imposée à Hong Kong.
« La Chine condamne fermement (les sanctions canadiennes) et se réserve le droit de prendre des mesures », a prévenu devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.
« Le Canada en subira toutes les conséquences », a-t-il menacé. La suspension par le Canada de son traité d’extradition avec Hong Kong ainsi que ses exportations de matériel militaire « sensible » a provoqué l’ire de la Chine. Dès maintenant, «le Canada traitera les exportations de biens sensibles vers Hong Kong de la même façon que ceux destinés à la Chine. Le Canada n’autorisera pas l’exportation d’articles militaires sensibles vers Hong Kong», a indiqué Justin Trudeau, le Premier ministre du Canada.
Il a souligné l’«importance» que le Canada accordait au principe d’«un pays, deux systèmes» non seulement pour les 7,5 millions de Hongkongais, mais aussi pour «les 300 000 Canadiens qui vivent» sur le territoire.
«C’est pourquoi nous allons continuer d’examiner des mesures que nous pourrions prendre pour assurer la sécurité de ses citoyens», notamment «en matière d’immigration», a-t-il évoqué sans plus de précisions. Aux yeux de Zhao Lijian, ces décisions constituent « une violation grave du droit international » ainsi qu’une « ingérence » dans les affaires de la Chine, qui « appelle le Canada à rectifier immédiatement ses erreurs (…) afin d’éviter une nouvelle dégradation des relations » entre les deux pays.
L’ancien Premier ministre conservateur canadien Brian Mulroney avait dernièrement appelé Ottawa à « repenser urgemment » sa relation avec la Chine, en crise depuis la procédure d’extradition vers les Etats-Unis engagée contre une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei.
Les relations entre les deux pays se sont fortement dégradées depuis l’arrestation fin 2018 à Vancouver d’une haute dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei, suivie de l’arrestation en Chine de deux ressortissants canadiens.
La Chine a mis en garde le lundi 6 juillet 2020 ses ressortissants contre les « fréquents incidents violents » au Canada et appelé « à la prudence », dans un contexte de vives tensions entre les deux pays.
« Récemment, le Canada a connu de fréquents incidents violents impliquant les forces de l’ordre, qui ont donné lieu à un certain nombre de manifestations », a indiqué dans un bref communiqué le ministère chinois des Affaires étrangères. « Les citoyens chinois doivent être très attentifs à leur sécurité » et « faire preuve de prudence », a-t-il écrit.
Nomel Essis