Le 24 février 2018, un crime rituel d’une horreur révoltante a ému toute la Côte d’Ivoire. Depuis le 2 mars, le meurtrier du petit Bouba a été expédié dans l’enfer de la prison de la MACA. Trois mois après son arrivée, comment vit ce prisonnier aux mains dégoulinant d’un sang innocent ? L’Expression vous ouvre les grilles de la prison de Sagno Etienne. Récit exclusif !
« On ne se réveille pas un matin en prison sans qu’on soit triste jusqu’à sa mort ». Cette citation de Roger de Bussy-Rabutin dans ses mémoires est le quotidien d’un sinistre individu devenu tristement célèbre en Côte d’Ivoire dans le courant du mois de février 2018. Sagno Etienne, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est mis au frais, à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) depuis trois mois. Il a certainement le profil le plus terrifiant d’assassin que les Ivoiriens n’aient connu ces dernières années. Même les pensionnaires du très célèbre Bâtiment C et tous les voleurs, escrocs et autres malfrats ne voulaient pas de lui.
C’est pourquoi ce bijoutier par défaut qui, à la vérité, est un orfèvre de la mort, a eu un accueil très mouvementé qui a failli d’ailleurs virer à l’émeute quand il faisait son entrée dans cette prison le 2 mars dernier. Mais trois mois après l’arrivée du tueur du petit Traoré Aboubacar Sidick, alias Bouba, les prisonniers ont commencé à oublier ce Dracula. Mais pour Sagno Etienne, Marry Higgins Clark ne trouverait pas mieux dans son roman paru en 2016 chez Albin Michel. C’est vraiment le temps des regrets. Selon des informations de première main en notre possession, l’exil intérieur a commencé pour l’assassin de petit Bouba qui aurait pu avoir un fabuleux destin de mannequin. Mais hélas ! Par la faute d’un sinistre individu, ce destin ne s’accomplira jamais. Mais comme ce n’est pas tout le monde qu’on tue impunément, depuis l’au-delà, le Petit Bouba a commencé à lui régler ses comptes.
Du ‘‘Zamou’’ à la Bible…
Jusqu’à la date d’hier lundi 4 juin 2018, où nous avons eu les dernières informations sur lui, Sagno Etienne est plus déprimé que jamais. D’assassin de la pire espèce sans remord ni regret, le tueur de Bouba est sur le point de devenir un adorateur et serviteur de l’Eternel. Qui l’eût cru ? Les voies de l’Eternel sont vraiment insondables ! Depuis sa cellule, un réduit de quelques mètres carrés, qui lui rappelle sa bijouterie de Williamsville, il ne fait que méditer sur la journée du 24 février 2018, date à laquelle un obscur marabout l’a convaincu d’égorger un enfant innocent pour recueillir son sang. La Bible est devenue le seul livre qu’il lit et relit.
Chaque matin, la Sainte Bible dans la main gauche et le chapelet solidement noué au poignet droit, certainement la main qui a implanté le couteau dans la gorge de Bouba, Sagno Etienne, à son réveil se dirige vers le greffe de la prison. Et c’est là qu’il passe le plus clair de son temps. Quand certainement depuis l’au-delà la voix de Bouba lui demande le mobile de son assassinat, Sagno Etienne se lève soudainement et se retire dans un coin isolé, seul.
Il peut passer de nombreuses heures dans cette solitude. Dans cet univers, le néo chrétien qu’il est, a oublié que le 6e commandement de Dieu dit «tu ne tueras point». Il ne parle jamais de Bouba qu’il voulait utiliser comme passeport pour la richesse. Fait curieux, le meurtrier qui attend encore de passer devant la justice cause de temps à autre avec les gardes pénitentiaires, mais rarement avec les autres détenus. Pourquoi cette option ? Certainement pour éviter de raviver le courroux de ces bagnards qui ont manqué de lui faire la peau le jour de son arrivée dans ce pénitencier le 2 mars 2018 et qui ont commencé à l’oublier. Autre fait curieux concernant l’auteur du crime rituel le plus abject et ignoble de ces dernières années en Côte d’Ivoire.
Sagno Etienne reçoit des curieux visiteurs. Sont-ce des parents ? Certains de ses commanditaires ? Des hommes de Dieu qui plaident pour le rachat de son âme ? Difficile de définir avec exactitude le profil et la qualité des gens qui rendent visite à Sagno Etienne à la MACA. Ce qu’il faut donc retenir de la vie de ce criminel, c’est que l’âme du petit Bouba hante terriblement son meurtrier Sagno Etienne. En prison, l’homme est devenu chrétien. Chaque matin, il quitte sa cellule pour le greffe avant d’y retourner le soir pour affronter sa conscience en attendant la sentence de la justice des hommes et surtout celle de Dieu.
Kra Bernard