L’éclatement de l’affaire des immatriculations frauduleuses portant sur plus d’un millier de véhicules neufs particuliers survenue au Guichet unique automobile d’Abidjan (GUA) n’a pas été sans conséquence pour les ‘’transitaires’’, vendeurs et importateurs de véhicules d’occasions.
L’onde de choc provoquée par l’affaire des immatriculations frauduleuses portant sur plus d’un millier de véhicules neufs au Guichet unique automobile n’épargne guère les maillons dit ‘’faibles’’ de la chaîne. Comme un effet domino, les passeurs en douane, abusivement appelés ‘’transitaires’’, les vendeurs et les importateurs de véhicules d’occasions, déjà hantés par le projet de limitation d’âge des véhicules importés, sont embêtés par cette autre affaire. En attendant que la traque des véhicules non dédouanés ne s’ouvre le 1er juillet prochain, désormais tous scrutent l’avenir avec pessimisme. Koffi Marc et Mathias Atiladé, porte-paroles des importateurs et vendeurs avaient déploré les conséquences des mesures restrictives prises par la douane, au cours d’une conférence de presse, le 23 mai dernier. « Depuis un certain moment, aucune vente ne se fait. Personne actuellement ne peut vendre un véhicule. Dès que tu présentes un véhicule à un client, il demande comment ton dédouanement a été fait. Normalement, cette question ne doit pas être posée aux vendeurs.
Parce que nous ne sommes pas les transitaires. Encore moins la douane. Nos familles sont en danger. Nous sommes traqués, nous n’avons pas le sommeil tranquille parce que nous employons beaucoup de personnes », a-t-il déploré. Pire, la perte de crédibilité vis-à-vis des clients et des fournisseurs est à prendre au sérieux selon Cyrille Djéhi, le Secrétaire général du Syndicat de la nouvelle génération des importateurs et transitaires de véhicules d’occasions de Côte d’Ivoire (SNGTIVO-CI). « Actuellement, nous perdons toute crédibilité vis-à-vis de nos fournisseurs et de nos clients. Car, nous n’arrivons pas à respecter le délai que nous leur avons donné. Ils n’arrivent pas à entrer en possession de leurs véhicules. Ils se plaignent parce que nous partons de report en report. Ce report est dû à l’arrêt de travail depuis 2 mois. Tout est lent », a-t-il affirmé. Et d’ajouter à propos des fournisseurs : « Vis-à-vis de nos fournisseurs, il y a une méfiance. Nous devons envoyer leur argent parce qu’ils nous ont envoyé des véhicules que nous dédouanons et que nous vendons. Après quoi, nous leur renvoyons leur argent. Ça fait deux mois que nous n’arrivons pas à honorer nos engagements. Il y a aussi les frais de stationnement de Côte d’Ivoire Logistique qui nous tombent dessus. Ils augmentent au fur et à mesure que les jours passent ».
Puis, le Sg de SNGTIVO-CI qui revendique 9000 membres à Abidjan et en Europe d’exhorter le gouvernement à œuvrer pour le retour à la normalité. « Nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités pour que les choses se normalisent le plus vite possible au guichet unique automobile pour que les importateurs soient déchargés de ce fardeau. Car nous vivons de cela. Aujourd’hui, nous recevons à chaque fois des convocations de la police ou de la gendarmerie, car les plaintes fusent de partout.», a plaidé Cyrille Djéhi. Rappelons-le, ce sont en tout, plus d’un millier de véhicules de luxe, neufs, importés, qui ont été immatriculés entre début 2017 et le premier trimestre 2018, sans que la douane ivoirienne n’ait perçu le moindre franc. C’est mi-avril, à l’issue d’un contrôle de routine, que les services douaniers du port d’Abidjan notent des incohérences entre leurs fichiers informatiques et physiques. L’Inspection générale des douanes est alors saisie et au bout de deux semaines d’enquête, elle met au grand jour, la vaste fraude. Après le lancement de la procédure judiciaire pour identifier et sanctionner les auteurs des faits et la traque des véhicules sortis frauduleusement, la Direction générale des Douanes a procédé à la suspension de plusieurs commissionnaires en douane. Ainsi, les entreprises à savoir Eveil Transit Côte d’Ivoire, Société ouest africaine de transit, Amal transit, Soum cargo transit et Karim transit Abidjan sont suspendues de leurs activités de commissionnaires en douane.
Isaac Kroman