Le Procureur de la République, près le Tribunal de première instance de Bouaké (centre ivoirien), Koné Braman, était dimanche sur le Plateau du journal de Rti 1. Dans le cadre de «Le Magazine du Dimanche», il a donné des précisions sur le procès du président du Conseil régional du Gbêkê, Mangoua Jacques. Nous vous proposons une partie de l’entretien
1-Dans quelles circonstances les armes ont-elles été découvertes chez le président du Conseil régional de Gbêkê ?
Merci de me permettre de donner quelques précisions suite à ce procès. Un procès que je trouve d’ailleurs très simple. En effet, le 21 septembre, monsieur Kouakou Yao Laurent, chargé de l’entretien du domicile de monsieur Mangoua Jacques, a découvert deux colis suspects qui étaient entreposés dans la niche. Il ne s’agit pas de la niche conçue pour les compteurs d’eau et d’électricité. Il s’agit plutôt d’une niche qui a été construite dans l’arrière-cour abritant le moteur qui alimente le forage. Ce dernier a informé le frère cadet de monsieur Mangoua Jacques qui lui, à son tour, a aussitôt donné l’information à la Gendarmerie nationale avant même son grand-frère, c’est-à-dire Mangoua Jacques. Ceci est un détail important. Une fois informé, monsieur Mangoua Jacques aurait appelé le préfet du département de Béoumi avant de porter l’information à la Gendarmerie nationale. Les objets qui ont été retrouvés à son domicile étaient composés de 991 minutions d’armes de guerre, 49 minutions de fusils de type calibre 12 et 40 nouvelles machettes.
2-D’aucuns parlent d’un procès expéditif…
Non. Il ne s’agit pas d’un procès expéditif.
3-Pourquoi a-t-il été si rapide ?
Il n’a pas été si rapide parce que pendant tout le temps de la garde à vue, il appartenait à M. Mangoua d’apporter la preuve. Sur la base du Code de procédure pénale, le Procureur a des pouvoirs qui lui permettent de choisir le mode de poursuites qui sied par rapport aux faits. En l’espèce, il n’y avait rien d’autre à vérifier. Durant la garde à vue, il a eu un seul moyen de défense, c’est-à-dire que des gens sont passés par la clôture alors que ce moyen de défense s’était déjà écroulé. Nous avons décidé de le faire juger rapidement. De sorte que si le Tribunal estime qu’il est innocent, on le libère et il pourra reprendre le chemin de son bureau. Si nous avions ouvert l’information, on nous aurait attaqués pour dire que M. Mangoua est en prison depuis des mois sans jugement.
4-Beaucoup pensent que c’est un procès politique…
Ce procès n’a rien de politique. Ce n’est pas parce que M. Mangoua est un acteur politique que nous allons faire une qualification en fonction de cela. Il ne s’agit nullement d’une affaire politique. Je voudrais rappeler que c’est nous qui vivons à Bouaké et avec le peuple de Bouaké. Nous savons ce qui s’est passé à Bouaké. Nous savons également ce qui s’est passé à Béoumi. Je voudrais rappeler cette mise en garde. Mon parquet est résolument engagé à poursuivre toute personne. Toute personne, qu’elle soit politique, religieuse, traditionnelle, retrouvée en possession d’armes ou minutions sans autorisation administrative, mon parquet n’hésitera pas à interpeller cette personne et la traduire devant le Tribunal afin que la loi soit appliquée. Nul n’est au-dessus de la loi. J’estime que cette affaire est tellement simple qu’aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, les contradicteurs disent ce qu’il faut. Je les invite à revenir au temple de Thémis afin qu’ensemble nous pussions lire le droit.
N.B : la suite des questions-réponses dans le journal l’Expression du lundi 07 octobre 2019
Propos retranscrits par Fulbert YAO