La onzième édition de l’Africa CEO Forum, plus grand rendez-vous du secteur privé africain, s’est ouverte lundi et se poursuit pendant deux jours à Abidjan, autour des grandes priorités du développement africain.
Plus de 1800 leaders du secteur privé africain et investisseurs internationaux prennent part à ce forum, autour du thème : « Un New Deal public-privé peut-il rebattre les cartes en faveur du continent ? »
Hôte de cette édition pour la cinquième fois, le président Alassane Ouattara était entouré de ses homologues Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Paul Kagame (Rwanda) et Mohamed Cheikh El Ghazouani (Mauritanie).
Dans son discours d’ouverture, le président Ouattara a appelé à un renforcement du partenariat public-privé pour faire face aux défis économiques contemporains.
«L’Afrique a subi de plein fouet ces crises. L’accès au financement est fortement réduit et de nombreux pays sont en proie à l’insécurité sous les menaces permanentes de groupes terroristes, tandis que d’autres sont dans l’instabilité politique, accentuant chaque jour un peu plus les souffrances des populations. (…)
Afin d’augmenter la part des économies africaines dans la création de valeur ajoutée au niveau mondial, nous devons œuvrer au renforcement des échanges intra-africains à travers la poursuite des efforts de transformation de nos produits et de nos matières premières », a indiqué le président ivoirien.
Évoquant la conjoncture mondiale, il a mis en avant la résilience de l’économie ivoirienne, avec une croissance attendue de 6,25 % en 2025, portée par la diversification économique et l’émergence de champions nationaux.
«La Côte d’Ivoire fait preuve de résilience et poursuit une dynamique de croissance forte et soutenue, établie à 6 % en 2024 et projetée à 6,25 % en 2025. L’inflation est maîtrisée et devrait se stabiliser autour de 3 % en 2025, bien en dessous de la moyenne régionale, voire continentale. Notre résilience est renforcée par la diversification de notre économie, portée par le dynamisme des secteurs agricoles », a-t-il déclaré.
Le président ivoirien a estimé par ailleurs que « la ZLECAf a bien démarré, mais malheureusement les résultats sont encore faibles ».
Il a exhorté la jeunesse africaine à s’intéresser aux nouvelles technologies, à l’innovation et à l’intelligence artificielle, car pour lui, « l’Afrique a beaucoup de potentiel dans ce domaine ».
Prenant la parole lors de la cérémonie d’ouverture, Makhtar Diop, président de la Société financière internationale (IFC), a estimé que « le continent doit viser plus haut. Face à l’inflation, aux tensions géopolitiques et aux crises climatiques, il ne faut pas reculer, mais agir plus vite et plus fort ».
Selon lui, la création de richesses locales passe impérativement par la transformation des ressources naturelles.
« Nos minerais stratégiques doivent devenir des leviers de valeur ajoutée, pas seulement des produits d’exportation », a-t-il martelé, en soulignant le rôle crucial de la ZLECAf dans cette dynamique.
Pour Makhtar Diop, l’enjeu central reste l’emploi.
« Le monde devra créer 1,2 milliard d’emplois. Or, à trajectoire constante, nous n’obtiendrons que 420 millions. L’écart est immense, mais il n’est pas insurmontable, à condition d’agir vite et ensemble. L’emploi ne peut être vu comme une conséquence du développement, mais désormais comme un objectif en soi. C’est le moyen le plus sûr de sortir durablement de la pauvreté, un facteur essentiel de cohésion sociale, une condition indispensable pour redonner à chacun sa dignité. C’est notre mission collective », a-t-il indiqué.
Selon lui, l’IFC entend jouer un rôle moteur. « Nous doublons notre engagement en Afrique avec 13 milliards de dollars d’investissements dès 2025 », a-t-il annoncé, précisant que la stratégie “IFC 2030” vise à soutenir massivement le secteur privé et les PME, notamment par le biais de financements innovants et de prises de participation directes.
Le patron de l’IFC a aussi appelé à un pacte renouvelé entre les gouvernements et les entreprises.
« L’Afrique a les ressources, les idées et la paix. Il ne manque que la volonté collective pour faire de cette décennie celle de la transformation économique du continent », a-t-il insisté.
« L’Afrique ne se pilote pas à distance, elle se construit ici, avec vous, sous votre direction », a-t-il conclu.
À noter que l’édition 2024 de l’Africa CEO Forum avait été organisée à Kigali sous la présidence de Paul Kagamé.
Fulbert Yao