Dans la mémoire politique ivoirienne, peu d’hommes ont su, comme Alassane Ouattara, traverser les orages sans jamais se détourner de l’horizon. Technocrate devenu homme d’État, il incarne la rencontre entre la raison et l’épreuve, entre la rigueur du calcul et la brutalité du destin. Exclusion, humiliation, crise postélectorale : à chaque chute, il a répondu par l’élévation. De l’adversité, il a fait une école. De la douleur, une force tranquille. Non par miracle, mais par une lucidité presque ascétique qui fait des coups du sort des marches vers la victoire.
L’intelligence comme résistance
L’engagement d’Alassane Ouattara s’impose aujourd’hui comme un véritable traité de résilience politique. Là où tant d’autres ont cédé à la colère ou à la démesure, lui a choisi la discipline et la patience. Pendant les années d’exclusion, il a préféré le droit à la rue, la dignité au tumulte. Économiste de formation, il a transformé la gestion de la crise en gestion du temps.
Chaque épreuve fut pour lui un exercice de raison. Sa froideur apparente n’était que la façade d’un courage réfléchi, celui qui empêche les nations de sombrer quand tout vacille.
La résilience comme éthique du pouvoir
Chez lui, la résilience n’est pas attente résignée, mais art de rebâtir sur les ruines. A la révolte, il a répondu par la reconstruction. A la haine, par le travail.
Depuis 2011, son œuvre se lit comme une partition de stabilité : routes tracées, écoles ouvertes, hôpitaux dressés.
La Côte d’Ivoire qu’il lèguera dans cinq ans ne sera pas sans failles, mais elle se tiendra debout, fière et apaisée. Il aura prouvé qu’on peut gouverner un pays blessé sans le soumettre, et réparer sans fracas.
La dernière danse : entre gloire et mélancolie
2025 marque l’entrée dans la dernière scène, celle du « mandat d’adieu », où le sage s’avance, non pour conquérir, mais pour transmettre. Le peuple, témoin fidèle de cette épopée, mêle à sa reconnaissance une sourde appréhension.
Il sait que derrière les chants de victoire se cache déjà le silence du départ. Cette nostalgie à venir enveloppe le pays comme un crépuscule doux-amer : la certitude d’avoir été guidé, et la crainte de devoir marcher seul.
Ainsi commence cette ultime ère, bénie par le Créateur qui ne l’a jamais abandonné. Peut-être est-ce là le legs d’Alassane Ouattara : qu’en politique, le triomphe n’est pas d’écraser, mais de durer sans se renier.
Dans un monde agité par la confusion et les passions, il aura démontré que la constance, la rigueur et la mesure restent les fondements essentiels de toute grandeur politique.
Lorsque, en 2030, viendra le moment de transmettre le flambeau à l’un de ceux qu’il aura patiemment formés, malgré le souhait ardent du peuple de le garder encore, la Côte d’Ivoire ne dira pas seulement adieu à un chef. Elle se séparera d’un repère, d’une conscience, d’une part vivante d’elle-même.
Kalilou Coulibaly, Doctorant EDBA, Ingénieur.





































































