L’opposition ferait-elle partie de la race des croque-morts ? Tout porte à le croire. À la lumière du développement des récents événements survenus à Nahio, le Parti des peuples africains- Côte d’Ivoire (Ppa-CI) semblait n’attendre qu’une telle situation pour opérer une récupération politique. Ce week-end, les Ivoiriens ont pu voir sur les réseaux sociaux Nadi Bamba, l’épouse de l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo, se rendre à Nahio pour « apporter sa compassion » aux victimes des affrontements du 25 octobre dernier. Un geste qui aurait pu être perçu comme un acte de solidarité, mais qui, pour beaucoup, a perdu de son sens en raison de la qualité de la donatrice.
Avant même les conclusions d’une enquête judiciaire, plusieurs Ivoiriens estiment que tout ce qui s’est passé à Nahio résulte en partie de la stratégie politique du PPA-CI et de ses relais. Depuis l’annonce des candidatures, une partie de l’opposition avait choisi d’aller aux élections, préférant la bataille dans les urnes à celle de la rue. Le Ppa-CI et le Pdci, eux, ont préféré le bras de fer. Laurent Gbagbo, qui aurait pu appeler à voter pour Ahoua Don Melo, un des vice-présidents du parti, a dit non. Il a préféré galvaniser ses partisans en annonçant une « bagarre ». De son côté, le président du Pdci, Tidjane Thiam, aurait pu soutenir Jean-Louis Billon ; mais, depuis une tribune en France, il a plutôt déclaré que la Côte d’Ivoire devait être « libérée en sept jours ». Entre ces déclarations, les cyberactivistes proches des deux partis ont lancé l’opération « On bloque tout ». Résultat : trois morts, dix-neuf blessés et d’importants dégâts matériels à Nahio. Comme il fallait s’y attendre, ceux qui appelaient hier à la résistance se saisissent aujourd’hui des images de désolation — brandissant des slogans tels que « Je suis Nahio » — pour en tirer des dividendes politiques. Après les publications des cybermilitants, c’est au tour de Nadi Bamba de se rendre sur les lieux, affirmant vouloir « essuyer les larmes des victimes » avec des dons, le tout enveloppé dans une campagne médiatique bien orchestrée. Cette politisation de ce qu’on peut désormais appeler le drame de Nahio était-elle préméditée ? En tout cas, pour beaucoup d’Ivoiriens, Nahio est devenu le nouveau fonds de commerce de l’opposition, une occasion de plus pour engranger des bénéfices politiques.
L.F.






































































