Après l’interview musclée que l’ancien ministre Alain Lobognon a accordée au site Alerte Info, le député Maizan Noël a décidé de lui donner la réplique. Ci-dessous sa lettre ouverte adressée au député-maire de Fresco dont nous avons reçu copie.
Mon cher frère Alain Michel Lobognon, Député-maire de Fresco, Secrétaire général adjoint chargé de la Prospective et de l’Innovation et Ancien Ministre des Sports et des loisirs, permets-moi de prendre part au débat que tu te donnes la peine de mettre sur la place publique. Dans tes tweets ainsi que ta récente interview accordée au site Alerte info tu donnes ta position sur nombre de sujets de l’actualité nationale.
Par la présente lettre ouverte, je me permets d’engager les échanges sur les deux sujets ci-après : De ton vœu de mettre la politique au service du peuple et ta perception des échéances électorales de 2020.
A propos de ton vœu de mettre la politique au service du peuple
Dans ton interview accordée au site Alerte Info, tu affirmes ceci : « Je pense qu’aujourd’hui, il faut utiliser la politique au service du peuple. Il faut mettre la politique au service du peuple. Il ne faut pas utiliser la politique pour soi-même ». Par cette affirmation, tu épouses l’idée selon laquelle l’engagement politique doit être avant tout orienté par l’altruisme, la défense des intérêts de ses concitoyens bien entendu en accord avec l’intérêt général. Libéral que tu es, tu reconnais le dynamisme de la liberté d’expression et de pensée. Aussi, personne ne te fera le reproche d’avoir une opinion divergente, encore moins d’accorder ton soutien à un quelconque courant de pensée au sein de ton parti ou d’associer ton image à des initiatives en faveur de la cohésion sociale et de l’unité nationale.
Voulant certainement capitaliser le génie de ton esprit critique, la direction du parti a bien voulu de confier la responsabilité de Secrétaire général adjoint chargé de la Prospective et de l’Innovation. Tes réflexions et contributions structurées auraient permis entre autre, au parti de disposer d’outils d’aide à la décision relativement aux tendances du marché politique ainsi qu’aux attentes express et implicites de l’électorat. Grâce à la réflexion prospective, le parti aurait certainement pris la pleine mesure des enjeux du contexte stratégique d’évolution, de même que des défis de son positionnement de parti avant-gardiste sur l’échiquier politique. Hélas, tu brilles par ton inaction sur le sujet.
Pire, tu n’as daigné prendre part aux réunions du Secrétariat général ou du Comité de direction pour des considérations subjectives totalement inopérantes. Tu dis déplorer le refus de débat démocratique au sein du Rassemblement des Républicains (RDR) sans en apporter la moindre preuve. Tu t’es tenu loin des récents congrès ordinaire et extraordinaire. Et tu feins d’ignorer que le congrès a été précédé d’une série de larges consultations dans le cadre des travaux du pré-congrès, qui ont permis à la base de s’exprimer notamment sur la conduite et l’animation du parti. La qualité des différents débats auront permis au RDR de sortir desdits congrès avec des résolutions pertinentes pour la relève des défis.
Tu marques ton opposition au parti unifié que tu qualifie de « recul démocratique ». C’est ton opinion. Mais souffre que les militants du RDR et d’autres partis favorables au projet ne partagent pas cette lecture. L’objectif du parti unifié est bien entendu la stabilité politique de notre pays et le développement économique pour l’épanouissement de tous nos concitoyens. C’est dans le parti unifié que l’alliance RHDP consolidera la paix et préservera les acquis de sa gouvernance. Gouvernance appréciée à sa juste valeur tant par les Ivoiriens que la communauté internationale. En effet, depuis l’avènement du Président Alassane Ouattara à la présidence de la République, le pays a inexorablement entamé la reconstruction, la relance économique, la stabilité politique et la réconciliation nationale.
Les acquis de cette gouvernance ont hissé le pays aux portes de l’espérance selon un rapport de la Banque mondiale. Certes, des efforts restent à poursuivre dans certains secteurs de la vie socio-économique de notre pays. Plutôt que de faire montre d’une mémoire sélective, voire d’une mauvaise foi, j’invite ton esprit critique à reconnaitre en toute objectivité, les avancées obtenues. Puisque tu tiens en horreur la politique politicienne, j’espère qu’il ne te sera pas difficile de reconnaitre que le dialogue politique initié par le gouvernement avec l’opposition a produit des résultats salués par la classe politique. Il te sera également aisé de féliciter le recours au dialogue par le gouvernement dans la résolution des chocs internes tels que la mutinerie, la grève des fonctionnaires et la levée de boucliers contre l’annexe fiscale 2018.
Cher frère, pour exister en politique tu n’as pas besoin de reprendre, sans discernement des slogans démagogiques d’une certaine classe politique, fut-ce pour recruter un électorat pour la cause de ton candidat. Saches qu’une élection se prépare avec un projet de société pertinent et une stratégie de conquête du pouvoir adéquate plutôt qu’à coups de chantages émotionnels.
Relativement aux échéances électorales de 2020
Abordant la question des échéances électorales de 2020, tu déclares : « ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de créer les conditions pour qu’en 2020 il y ait des élections transparentes, libres et justes où aucun candidat ne sera éliminé avant le début du vote, où chaque citoyen doit pouvoir aller voter ». Les conditions que tu identifies concernent l’avènement d’une nouvelle Commission électorale indépendante (CEI), la production et la distribution des cartes nationales d’identité ainsi que des cartes d’électeurs. La mouture de l’actuelle CEI est le fruit d’intenses négociations entre le gouvernement et l’opposition politique. Et tu le sais très bien. L’actuelle CEI est consensuelle et outillée pour l’organisation des échéances de 2020. Le gouvernement n’a de cesse de rappeler cette réalité et il serait temps que tu prennes cette donne en considération, à moins d’apporter des preuves tangibles de l’incapacité de l’équipe actuelle d’organiser des élections en Côte d’Ivoire.
D’ailleurs, le chronogramme de la révision de liste électorale a été publié et sans surprise l’esprit critique que tu prétends être intente un procès d’intention. L’illuminé estime que le délai de révision d’une semaine donne l’impression que quelque chose de pas clair se trame. Haro sur l’argument budgétaire d’autant plus que le pays est assez riche. Pourtant, contrairement aux expériences passées, tous les bureaux de vote sont considérés comme centres de révision de la liste électorale. La démultiplication est faite dans un souci de proximité avec les cibles. Aucun indice ne permet en l’état actuel des choses, de douter de la réalisation dans les délais et formes requises des opérations de productions et distribution des cartes d’identité et des cartes d’électeurs.
En ce qui concerne l’expression des ambitions des uns et des autres relativement aux élections présidentielles de 2020, je t’invite à revisiter les propos du Président de la République. Il a toujours donné l’assurance qu’il n’y aura pas d’exclusion et que tout le monde pourra se porter candidat. Et le jeu démocratique sera de rigueur au sein du parti unifié qui choisira le meilleur des siens pour défendre les couleurs de la formation politique. La bataille est à ce niveau et la préparation doit se faire en conséquence dans cette perspective pour ceux qui se reconnaîtront dans le parti unifié. Je voudrais te rassurer à ce niveau. Le président d’honneur de notre parti a été suffisamment clair : Tout le monde peut être candidat en 2020. Mais pour ce qui concerne notre alliance politique, c’est le meilleur de tous les prétendants qui sera choisi. Arrêtes donc d’agiter le chiffon rouge d’une quelconque exclusion de candidats. C’est une fuite en avant.
Pour terminer cher frère, je te propose de revenir à la raison. Tu dis en avoir gros sur le cœur parce que tu estimes que ton parti n’a pas été solidaire avec toi quand il y a eu cette crise sur les primes des joueurs de l’équipe nationale. Soit. Mais retiens ceci. Tu n’étais pas rentré au Gouvernement parce que tu es de la société civile. C’est bien ton appartenance à un appareil politique qui t’a permis d’intégrer l’équipe gouvernementale. Mais cela ne te donne pas un blanc seing pour faire ce que tu veux parce que qu’il s’agit de la gestion de la chose publique. Retiens aussi ceci. Avant toi, d’autres membres du Gouvernement, y compris des cadres républicains dont l’engagement pour notre parti est sans calcul, ont été aussi sortis du Gouvernement dans des situations plus ou moins similaires.
En militants disciplinés, ils n’ont pas crié sur tous les toits pour réclamer le soutien de leur parti parce qu’ils font confiance à la justice de leur pays. Mais dans ton cas, tu aurais voulu que ton parti, tête baissée et sans avoir la moindre lecture de la situation, monte au créneau pour dire que tu es blanc comme neige. Sans présumer de ta culpabilité ou de ta moralité, tout le monde retient que tes plus proches collaborateurs ont tous été épinglés et emprisonnés dans cette affaire.
Cher frère, tu connais l’histoire de notre lutte. Tu ne peux pas te transformer en censeur public pour brocarder des symboles de cette lutte. Au nom de notre engagement républicain, quitte donc les émotions pour faire triompher ta raison.
Fraternellement
Ton frère Maizan Koffi Noël
Secrétaire général adjoint chargé du monde associatif
Député de Bondoukou commune et sous-préfecture