Dans le village d’Eloka-to, les propriétaires terriens sont actuellement très remontés contre la chefferie.
En effet, Depuis quelques temps, ils disent assister impuissants au décapage et à la mise en vente de leurs parcelles par des opérateurs choisis par la chefferie, alors même qu’ils ne les ont jamais cédées, encore moins signé la moindre convention avec ces opérateurs,
Pour exprimer leur ras-le-bol, et prendre à témoin l’opinion publique, ils ont tenu un point de presse, pour exposer les faits suivants:
« Depuis le 23 septembre 2023, plusieurs articles de presse ont été consacrés à ce qu’il est désormais indiqué de désigner comme étant « le litige foncier à ELOKA-TO ».
Au vu, d’une part des débats enflammés que suscitent lesdits articles et d’autre part de la réaction émaillée de contrevérités de Monsieur Jean Daniel AGOUA, intervenant au nom de la chefferie d’ELOKATO, il nous a paru importun d’animer le présent point de presse pour éclairer l’opinion nationale voire internationale sur la réalité factuelle du litige en cours.
Pour rappel, nous sommes des ébriés issus du village de ELOKA-TO, sis à Bingerville et, conformément à nos us et coutumes, nous avons tous obtenu des parcelles de terre dont nous avons paisiblement joui jusqu’à très récemment avec des cultures pérennes et saisonnières.
Voulant consolider nos droits de propriété sur nos parcelles coutumières, nous avons été confrontés à deux (2) problèmes majeurs :
Le défaut de ressources financières ;
La lenteur des procédures administratives pour l’obtention de plus d’une trentaine (30) d’ACD individuels.
La réflexion autour de ces problèmes nous a conduit à nous regrouper en trois (3) groupes de propriétaires de ces parcelles coutumières afin de réduire le nombre d’ACD à établir et les coûts afférents aux procédures administratives.
Nous nous sommes donc rapprochés de Monsieur ADANGBO DOGBO Franck, opérateur dans le domaine foncier, gérant de la Société WENINCY GROUP afin que ce dernier mène, pour notre compte, toutes les démarches nécessaires à l’obtention des ACD sur les 3 parcelles de terre issues du regroupement susmentionné ;
C’est dans l’accomplissement de la mission que nous lui avons confiée qu’il a été porté à la connaissance de Monsieur ADANGBO DOGBO Franck, la création au profit de la Communauté villageoise d’ELOKA-TO du Titre Foncier N° 227 841 du livre foncier d’ALLOBE portant sur une superficie de 3.403.630 m2 sise à ELOKA-TO, sous-préfecture de Bingerville, à la suite des diligences accomplies par un certain KRAGBE, opérateur qui a porté le projet ;
Le problème, c’est qu’après vérification, des parcelles qui n’appartiennent ni à la chefferie, ni à la communauté villageoise, ont été englobées dans le titre délivré à la Communauté villageoise de ELOKA-TO à la demande de la chefferie ;
Les parcelles concernées nous appartiennent à nous propriétaires terriens ici présents. Nous nous retrouvons ainsi dépossédés de nos parcelles de terre au profit de la Communauté villageoise de ELOKA-TO, alors même que nous ne les avons jamais cédées. Nous n’avons, au grand jamais, signé de convention avec l’opérateur Monsieur KRAGBE, les sociétés RIIA et CIFIAP, encore moins donné notre accord pour toute autre exploitation ou transaction ;
En réaction aux faits tels qu’exposés, Monsieur Jean Daniel AGOUA, intervenant au nom de la chefferie d’ELOKATO a cru bon justifier ces abus.
Pour une meilleure compréhension de cette intervention inopportune, il convient de se prononcer sur chaque point de cette intervention :
Monsieur Jean Daniel AGOUA soutient qu’il y aurait vice de procédure au motif que le groupe WENINCY n’aurait pas pris attache avec les personnes ressources, sans indiquer de qui il s’agit. Le disant, il nie toute liberté aux véritables propriétaires terriens de disposer de leurs biens comme ils l’entendent.
Cet argument ne tient pas, dans la mesure où les terres concernées appartiennent exclusivement aux propriétaires terriens présents qui ont la liberté de conclure avec l’opérateur de leur choix sans que la chefferie ne leur impose sa volonté ou n’agisse pour eux alors qu’ils ne lui ont donné aucun mandat.
Monsieur Jean Daniel AGOUA soutient que parmi les 33 personnes qui se plaignent, seul une seule serait chef de famille de sorte que les 32 autres n’auraient aucun droit coutumier sur les parcelles mises à la disposition de WENINCY GROUP.
Cela est totalement faux. Et pour le prouver, chacun va décliner son identité et sa qualité.
Monsieur Jean Daniel AGOUA prétend que le défunt chef aurait signé une attestation en 2015 au profit de Monsieur KRAGBE avec l’accord de tout le village.
Non seulement cela est faux, puisque les propriétaires ici présents n’ont jamais donné leur accord pour qu’une attestation globale soit délivrée sur leurs parcelles à un opérateur qu’ils ne connaissent pas, mais en plus, la chefferie a outrepassé son pouvoir en mettant dans le commerce des biens qui ne lui appartiennent pas.
Monsieur Jean Daniel AGOUA soutient que WENINCY GROUP aurait produit des attestations antidatées du 22 octobre 2019 alors que le chef DOGBA Koutouan est décédé en février 2019.
Cette affirmation est de pure mauvaise foi. Monsieur Jean Daniel AGOUA sait pertinemment que les attestations de propriété coutumière sont pré-signées et délivrées à la date du paiement des droits y liés. C’est d’ailleurs la pratique dans les villages ébriés.
Sur ce point, si tant est que les attestations délivrées à WENINCY GROUP sont fausses en raison de la date de leur signature, alors quelle serait la réponse de Monsieur Jean Daniel AGOUA à la question de savoir pourquoi la demande d’ACD à l’initiative de la chefferie date de novembre 2019 alors que celui qui était censé porter cette demande est décédé en février 2019 ?
Il est évident qu’une personne décédée ne peut pas exprimer de volonté de sorte que c’est en pure fraude que cette demande d’ACD lui est attribuée.
Monsieur Jean Daniel AGOUA déclare que la chefferie détient une parcelle de 64 ha.
La vérité est là. C’est un aveu qui met fin au débat et qui confirme que la chefferie a outrepassé ses droits et est disqualifiée à contester les faits qui lui sont reprochés.
La chefferie a obtenu un titre sur plus de 300 ha alors qu’elle reconnaît qu’elle n’est propriétaire que de 64 ha au titre de la communauté villageoise.
Dans ces conditions qu’est ce qui l’autorise à se faire établir un titre englobant plus de parcelles qu’elle n’en a et qui de surcroit ne lui appartiennent pas ?
Monsieur Jean Daniel AGOUA invoque enfin une plainte que la chefferie aurait formalisée contre Monsieur ADANGBO DOGBO Franck devant Monsieur Procureur de la République.
C’est le lieu de préciser que Monsieur ADANGBO DOGBO Franck n’est pas propriétaire terrien et ce n’est pas lui qui s’oppose présentement à la chefferie. Ce sont eux les propriétaires qui réagissent à la forfaiture de la chefferie et ce sont eux qui ont contracté avec Monsieur ADANGBO DOGBO Franck.
Le sort de Monsieur ADANGBO DOGBO Franck n’est pas à lier à leur qualité de propriétaires des parcelles dont on veut les spolier. En fait, la plainte contre l’opérateur qu’ils ont librement choisi est faite pour les inciter à cesser toute revendication. »
Fulbert Yao depuis Bingerville