Les autorités chinoises desserrent l’étau autour des couples qui peuvent avoir un 3è enfant s’ils le désirent. Cette décision annoncée ce lundi 31 mai 2021, marque un grand tournant dans la politique de limitation des naissances imposée par le régime chinois dans les années 1980. Cet assouplissement est la conséquence du vieillissement de la population confrontée à la baisse vertigineuse du taux de natalité depuis ces vingt dernières années. «… ce que l’on a vu, et le Bureau National des Statistiques (BNS) ne l’a pas démenti, c’est qu’en 2020, le nombre des naissances n’a jamais été aussi bas depuis 1961 », fait remarquer le Sinologue et directeur de recherche émérite au CNRS, Jean-Philippe Béja, dans une interview accordée à RFI en avril 2021. Depuis la fin de la politique de l’enfant unique en 2016 et l’autorisation accordée aux couples de faire deux enfants, l’essentiel des pressions natalistes se sont portées essentiellement sur les femmes pour certaines plus indépendantes financièrement que leurs aînées. La campagne pour le deuxième enfant s’est également heurtée aux coûts de la vie et de l’éducation dans les mégapoles chinoises.
En effet, il n’est pas évident que cette nouvelle politique nataliste ait un écho favorable auprès d’une population peu encline à « s’encombrer » d’enfants dont la prise en charge représente un coût élevé pour les couples. « Pour les femmes, avoir un nouveau bébé a forcément un impact sur le travail et sur l’avancement dans la carrière », explique une chinoise de 30 ans. « Et puis, nous n’avons pas les moyens financiers d’assumer une nouvelle naissance. Dans les grandes villes en Chine, si vous ne possédez pas votre propre logement, il est difficile de songer à agrandir sa famille», a-t-elle ajouté. Un troisième enfant fait peur comme le raconte une autre mère de famille avec deux enfants de 4 ans et de 2 ans. « Je ne veux pas avoir de troisième enfant, parce que d’abord, c’est très fatigant. Ensuite, je ne pense pas avoir l’énergie suffisante qui me permettrait de m’occuper de ce nouveau bébé tout en conservant mon travail. Il faut s’en occuper, c’est pas la peine… Or je dois travailler, je n’ai pas le choix. C’est d’ailleurs là aussi un point important : notre situation financière ne nous permet pas d’avoir un autre enfant. Enfin, accoucher est quelque chose de très douloureux», se plaint-elle.
Mesures incitatives
Les dirigeants chinois devraient prendre plusieurs mesures incitatives pour convaincre les Chinoises à faire beaucoup d’enfants. Une réunion présidée ce lundi 21 mai 2021 par le président Xi Jinping a demandé que des efforts soient déployés pour relever l’âge légal de la retraite de manière régulière et progressive, améliorer un système à plusieurs niveaux pour la retraite et la protection sociale des personnes âgées, étudier la mise en place d’un cadre systématique pour l’assurance de soins infirmiers à long terme et accélérer la mise en place de systèmes de soins aux personnes âgées ainsi que de soutien à la santé combinant les soins aux personnes âgées, ainsi que les services sanitaires et médicaux pour qu’ils soient disponibles à la fois à domicile et dans les communautés. Ces mesures sont assorties de promesses pour donner un coup de jeunesse à la population guettée par le vieillissement. La Chine soutiendra les couples qui souhaitent avoir un troisième enfant et cela passe par l’amélioration des services de soins prénataux et postnataux, le développement d’un système universel de services de garde d’enfants, a décidé la réunion présidée par le patron du Parti communiste chinois. Il faut ajouter à cette liste la promotion de l’équité dans l’éducation, l’augmentation de l’offre des ressources éducatives de qualité et la réduction des dépenses familiales consacrées à l’éducation.
Nomel Essis