Une visite de la cheffe de la chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taiwan sera considérée par la Chine comme une provocation de trop des Etats Unis d’Amérique.
« Si les Etats-Unis s’obstinent à défier la ligne rouge de la Chine » avec cette visite à Taïwan, ils « feront face à de fermes mesures en réaction et devront en assumer toutes les conséquences », a averti un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian. Il répondait à une question sur des informations de presse selon lesquelles l’armée américaine augmenterait son activité en Asie-Pacifique en cas de visite de Nancy Pelosi. Ces propos interviennent avant un appel téléphonique prévu ces prochains jours entre le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden.
Cette visite controversée n’est pas appréciée par la Maison blanche et le Pentagone. « Je crois que les militaires pensent que ce n’est pas une bonne idée maintenant », a déclaré le président Joe Biden le 20 juillet. La Maison Blanche, selon des spécialistes, préférerait que Mme Pelosi annule son voyage, craignant des erreurs d’interprétation et risques d’incidents alors que le président chinois Xi Jinping prépare le 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC).
Il faut dire que les contacts commerciaux et militaires entre Taïwan et les Etats-Unis provoquent régulièrement la colère de la Chine qui considère l’île comme faisant partie de son territoire. Les envois d’armes se sont multipliés ces dernières années, alors que la Chine se montre menaçante depuis l’élection en 2016 d’une présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, issue d’un parti indépendantiste. Fin mai, Joe Biden avait même affirmé que les Etats-Unis interviendraient militairement en cas d’invasion de Taïwan par la Chine, avant de revenir sur ses propos. Plusieurs experts craignaient alors que l’opération militaire de Vladimir Poutine en Ukraine ne donne des idées à son homologue chinois. Pékin avait d’ailleurs envoyé des avions de chasse dans la zone d’identification aérienne de Taïwan, et le régime communiste menace toujours de recourir à la force si l’île de 24 millions d’habitants déclare son indépendance. Le patron de la CIA, Bill Burns, a récemment dit que la question n’était plus de savoir si la Chine allait envahir l’île, mais « quand et comment ».
Mme Pelosi, 82 ans, devait initialement se rendre en avril sur l’île mais avait dû reporter son voyage après avoir été diagnostiquée positive au Sars-CoV-2. Il s’agirait de la première visite d’un président de la Chambre depuis celle du républicain Newt Gingrich, en 1997.
Nomel Essis