Le XXème siècle a été en large partie régi par l’ordre issu de la 2ème guerre mondiale, imprimé par ses vainqueurs que sont l’Occident capitaliste et l’Est socialiste. Ces deux camps se sont par la suite affrontés pour contrôler le monde dans un duel, par acteurs interposés, que l’on a appelé « la guerre froide ». Pour éviter d’être pris au piège de face-à-face entre puissances mondiales, les pays en voie de développement ont lancé en 1955 à Bandung, en Indonésie, le mouvement des non-alignés, afin de se tracer une voie plus souverainede développement et d’accélération du processus d’émancipation des pays encore sous la colonisation.
Dans ce cadre, on peut affirmer que les pays d’Asie, à l’avant-garde de cette initiative, ont su tirer leurs épingles du jeu. Ils ont réellement su se démarquer des puissances mondiales et enclencher le processus de leur développement socio-économique. La Chine, qui a été une locomotive régionale, avec des dirigeants éclairés comme Deng Xiao Ping, a su emprunter la voie qu’il fallait. Elle est aujourd’hui, quasiment la 1èere puissance économique mondiale. Les autres pays d’Asie devenue des « dragons » sont sur la même voie et ont su hisser leur niveau économique et de vie de leurs populations quasiment à la hauteur de pays dits développés.
À contrario, les pays africains sont restés à la traine. Plusieurs raisons pourraient expliquer ce retard : le manque de vision de beaucoup de leaders africains plus préoccupés par leur maintien au pouvoir que par la volonté d’engager leurs pays dans la voie du développement socio-économique; le manque de liberté politique et de pensée ; l’incapacité des leaders africains à s’unir pour faire des choix de politiques sous-régionales intégratrices en matière économique et parler d’une même voix dans le cadre de la coopération internationale ; la pression du néocolonialisme qui a œuvré à éviter une réelle émergence économique des pays africains, etc.
Près d’un siècle après, le contexte mondial a nettement évolué. La puissance économique et militaire n’est plus seulement en faveur de l’Occident. Plusieurs acteurs font entendre leurs voix sur le plan international. En clair, l’Occident ne peut plus s’imposer de façon écrasante comme auparavant. À preuve, le récent sommet UE-UA a insisté sur la prise en compte du multilatéralisme dans les prises de décision sur l’échiquier international.
Face à cette perte évidente de monopole, le signal de la peur-panique est venu des USA. À peine élu, Donald Trump décide de changer la donne en remettant en cause les trois piliers de la domination occidentale jusquà maintenant. Au niveau politique, la démocratie représentative est mise à mal par une sorte de dictature. C’est pourquoi, les Américains ont marché massivement le 18 octobre 2025, pour crier haut et fort « Non kings » (pas de rois). Au niveau commercial, il tourne le dos au libéralisme porté par le libre-échange, en appliquant le protectionnisme. Au niveau des relations internationales, il fait fi du Droit international qui a régi jusqu’à ce jour les relations internationales en appliquant la force du plus fort.
Il est clair que l’ancien monde s’écroule sous nos yeux pour faire face à un nouveau monde. Ce qui constitue une véritable opportunité pour l’Afrique qui doit en profiter pleinement. Comment ?
Au plan politique, il faut réinventer un système politique qui tienne compte des réalités locales, qui favorise la liberté de pensée et de parole et un mode de désignation des élus pleinement inclusif, et mettre en place des pôles sous-régionaux forts avec des pays intégrés.
Au plan économique, il est impératif de rendre effectif, le plus tôt possible, le marché unique africain. En Afrique de l’ouest par exemple, la monnaie unique l’Éco doit devenir une réalité avec une liberté de circulation des biens et des personnes.
Au plan social et éducationnel, il faut favoriser le retour de la diaspora africaine qui constitue une ressource humaine importante et stratégique, et bâtir un système éducatif robuste capable de soutenir la création. Pour y parvenir, l’Afrique dispose d’un atout majeur que constitue sa jeunesse.
Dr. Nurudine OYEWOLE
Communicologue et analyste politique






































































