Le soutien massif de l’Occident à l’Ukraine s’explique par le fait qu’il y joue la pérennité ou non de la domination qu’il exerce sur le monde depuis pratiquement 7 siècles. Tout Empire périra et cette prophétie ne s’est jamais démentie à travers l’Histoire même si l’Occident dans sa déclinaison actuelle, entend être celui qui prouvera le contraire.
Depuis la fin de la guerre froide et l’apparition de nouveaux acteurs étatiques et non étatiques qui tiennent et alimentent de nouveaux pôles de pouvoirs, les occidentaux sont à la manœuvre pour limiter sinon annihiler les capacités de ces derniers à fonder l’Histoire, fonction qui lui est strictement réservée.
Parmi les nouveaux intrus dans la sphère du pouvoir mondial se trouvent en première ligne la Russie héritière de l’Union Soviétique qui a disparue sans défaite militaire, mais aussi la Chine dont la prophétie sur les conséquences du réveil a été annoncé en 1816 par Napoléon, ou encore le terrorisme international, bras armé d’un Islam politique qui dispute à l’Occident la conformation du monde à ses propres principes et dogmes.
La guerre déclarée au terrorisme par les Américains au lendemain des attaques du 11 septembre 2001 et à laquelle tous les pays furent sommés de participer sous peine d’être considérés comme paria, a réduit ce phénomène malgré sa capacité de nuisance à sa proportion congrue et ses soldats aux rangs de vulgaires grands bandits, preneurs d’otages ou animateurs de rébellions armées dans certaines contrées. Le terrorisme d’obédience islamiste n’est plus en capacité de remettre en cause la pérennité de la domination occidentale sur la terre et sur Mars. Loin s’en faut.
Restent la Russie et surtout la Chine. Combattre la Chine nécessite la prise en compte de sa puissance économique ( la première du monde), mais aussi de sa position ultra stratégique dans une région où l’influence occidentale se résume à celle des États-Unis qui en plus y marchent sur les œufs avec la présence de la Corée du Nord, et du Japon et de Taiwan dont la sécurité dépend en grande partie d’eux. L’heure de la confrontation avec la Chine viendra pourtant aussi certainement que le jour finit toujours par arriver et même très vite.
En effet, ce pays entend célébrer le 100ème anniversaire de la création de la République Populaire en 2049 non seulement en tant que première puissance mondiale sur les plans économique, politique, diplomatique et militaire, mais aussi et surtout réunifié avec Taïwan. La promesse d’une confrontation violente avec l’Occident mené par les États-Unis sera donc tenue et pour s’y préparer, il faut avant museler et démanteler la Russie.
C’est cela tout l’enjeu du conflit actuel en Ukraine qui fut méthodiquement préparé depuis le Coup d’État de 2014 mené par la CIA en Ukraine et évoqué dans la presse occidentale sous le vocable de Révolution de Maïdan.
La Russie qui a compris de justesse que les accords de Minsk entre le gouvernement de Kiev et les séparatistes du Dombass qui étaient censés être appliqués par tous les signataires au plus tard en fin 2015 et parrainés par la France, l’Allemagne et la Russie, n’étaient finalement qu’un os à ronger qui devait permettre à l’Ukraine d’être préparée à la guerre actuelle.
Le soutien massif à l’Ukraine et cette posture de cobelligérants de plus en plus assumée par l’Occident et des anciens pays du bloc Soviétique comme les trois Républiques baltes et la Pologne ( qui espèrent ainsi faire disparaitre pour de bon la menace russe qui les préoccupe depuis toujours), s’expliquent donc aisément. L’Occident joue donc son avenir de timonier du Monde et ce n’est pas rien. Sa défaite via la reddition de l’Ukraine sonnera avant l’heure son glas.
Les autres peuples qui vivent depuis 7 siècles sous l’empire et l’emprise de l’Occident sont au fait desdits enjeux des évènements qui se déroulent en Ukraine et voient en la Russie un allié de raison et de circonstance pour se libérer eux aussi. En Amérique latine, dans le monde arabe et en Afrique, les opinions publiques sont donc majoritairement solidaires de la Russie pour ces raisons et les Russes ont beau jeu de surfer sur cette bonne vague pour grandir dans leur estime.
Les gouvernements dans ces microcosmes tiennent compte de cette réalité pour se déterminer dans ce conflit. Toute chose qui a le don d’agacer jusqu’à la crise d’hystérie les puissances occidentales. Les États-Unis à travers une loi votée en toute urgence à la Chambre des Représentants à la quasi-unanimité en Avril 2022 entendent ainsi punir tous les gouvernements et individus en Afrique qui montrent trop ostensiblement leur sympathie à la Russie. En juillet 2022, une fuite d’un rapport confidentiel de l’Union Européenne informe que cette institution envisageait également de conditionner ses aides aux pays africains à leur » soutien à ses valeurs » qui sont défendues selon elle dans sa posture dans le conflit en Ukraine. Ce projet a été abandonné car avec l’état d’esprit actuel de l’opinion publique africaine, il allait plus braquer l’Afrique contre l’Occident et mettre dans une position intenable les dirigeants africains qui soutiennent les Occidentaux.
L’Occident par tous les moyens veut convaincre les autres qu’il défend le bien contre le mal mais son charme l’opère plus surtout en ce qui concerne « les valeurs » qu’il dit défendre et dont les peuples en Amérique Latine dans le monde arabe et en Afrique n’ont pas une nette vision: La démocratie ? La souveraineté des peuples ? La justice dans les relations internationales ? Ces peuples n’en ont jamais été témoins dans leurs commerces avec l’Occident et vingt et cent situations dans leurs microcosmes et dans le dans le monde, ne les autorisent pas à modifier leurs convictions surtout en ce qui concerne les jeunes africains qui sont actuellement ceux qui fondent l’Histoire sur leur continent.
La seule issue pour l’Occident pour ne pas perdre cette guerre et la face aux yeux des autres peuples qui l’observent, semble être le déclenchement d’un conflit généralisé à l’issue incertaine avec dans le rôle du Grand sacrificateur Zelenski dont les désirs et autres caprices sont devenus des ordres pour ses dirigeants qui s’empressent de les exécuter à la lettre.
Aujourd’hui, l’Occident apparait plus comme un roi nu ou un lion dont la morsure ne fait plus mal et qui laissera quelque soit l’issue de sa guerre par procuration contre la Russie sa crédibilité aux yeux des autres. Ses véritables intentions sous le couvert de la défense de telle ou telle valeur sont désormais connus de tous notamment des africains qu’il devra être obligé de soumettre par la force s’il veut continuer à fonder en leurs noms et pour leurs comptes l’Histoire.
Moritié Camara
Professeur Titulaire d’Histoire des Relations Internationales