La question de l’éducation et de l’alphabétisation constitue une priorité nationale. Le gouvernement avec à sa tête le président de la République, Alassane Ouattara en a fait son cheval de bataille. Ainsi, dans l’optique, pour relever le taux d’alphabétisation, la loi n° 2015-635 du 17 septembre 2015 portant modification de la loi N° 95-696 du 7 septembre 1995 relative à l’enseignement a institué la scolarisation obligatoire. Pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans. Cette loi est entrée en vigueur à la rentrée des classes 2015-2016. Aussi, le pays s’est engagé, en 2015, à s’aligner sur les objectifs du développement durable en faisant notamment de l’Odd 4 (assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie), une priorité nationale. Sa vision d’assurer à tous les enfants et adultes une éducation et une formation de qualité, équitable et inclusive prenant en compte les besoins de transformation du citoyen, le rendant capable de contribuer au développement socioéconomique de sa communauté et de la société ivoirienne, de favoriser la cohésion sociale et lui assurer les capacités de compétitivité et d’innovations technologiques est inscrite dans le Plan national du développement (Pnd) 2021-2025.
Eu égard à ce qui est susmentionné, l’on est tenté de dire que l’alphabétisation de la population est l’objet de constants efforts. Qui se traduisent par une tendance évolutive de l’effectif des apprenants avec un taux relativement important de filles estimé à 61,1% en 2019 et 63,7% en 2022 en milieu scolaire. La mise en œuvre d’initiatives innovantes dans le contexte du Covid-19 participe à ce progrès sensible. Mais la dynamique reste contrariée par des disparités en termes d’existence de structures/animateurs à l’échelle du territoire national. La diversité des acteurs nationaux (étatique, confessionnel, société civile) soutenue par l’appui technique des agences des nations unies renforce la mise en œuvre de l’alphabétisation et des apprentissages dans le paysage ivoirien favorisant ainsi la résilience de la population.
Achèvement du cursus scolaire…Difficultés des élèves
Le Taux d’achèvement du primaire connaît une tendance évolutive mais lente passant de 80,52% en 2019 à 83,70 % en 2021. Cette performance relève de l’existence des cantines scolaires, la Politique de scolarisation obligatoire (Pso), la politique genre ayant favorisé une constante évolution passant de 79,8% en 2018-2019 à 85,0% en 2020-2021 et le programme « Côte d’Ivoire solidaire ». Qui entend offrir à chaque enfant, quelles que soient ses origines et ses conditions sociales l’accès à une éducation de qualité. Malgré ces acquis, les compétences des enfants terminant le primaire sont insuffisantes en lecture (40,5%) et en mathématiques (17,2%). Puis, 2,13% des enfants en âge d’être scolarisés sont exclus à l’entrée du système éducatif au motif de l’insuffisante capacité d’accueil des structures éducatives et le démarrage tardif des cours. Surtout en zone rurale renforcent la problématique de l’alphabétisation et des apprentissages. Au chapitre des lycées et collèges, l’amélioration graduelle du taux d’achèvement du premier cycle secondaire, passant de 56,78% 2019 à 60,7% en 2021 tient de plusieurs mesures. Celles-ci visent la réduction du redoublement, aux campagnes intensives de sensibilisation. En vue de la prévention et la lutte contre les violences basées sur le genre (Vbg) et les grossesses en milieu scolaire qui restent encore un défi certain pour le système éducatif. Le Taux brut de scolarisation au premier cycle du secondaire évolue en discontinue. Il passe de 70,5% en 2019 à 68,9% en 2022 et s’expliquerait pour plusieurs raisons. Notamment la démotivation des parents liée à la faible insertion professionnelle des diplômés, l’absence de modèle de réussite, la vulnérabilité financière conduisant au ménage, la problématique de la scolarisation de la jeune fille. Il résulterait aussi de la faible offre en infrastructures éducatives.
Adultes sachant lire, écrire et compter
Au niveau de la population adulte apprenant à lire, écrire et compter, les indicateurs les plus récents situent à 63,8% (Mics, 2016) le taux d’alphabétisation chez les jeunes hommes de 15-et à 47,2% chez les femmes dans la population générale. Dans cette veine, les efforts entrepris au niveau de l’alphabétisation rendent comptent de l’alphabétisation de 6 354 femmes de 18-60 ans par les Institutions de formation et d’éducation de la femme (Ifef), de 1 500 femmes des marchés par les acteurs de la société civile (GA-TIC) par l’usage des TIC. Ce, en rehaussant leurs compétences et en contribuant à leur autonomisation. L’accompagnement institutionnel des établissements confessionnels islamiques concourt également à maintenir les enfants encadrés par ces structures dans le sillage de l’éducation formelle leur offrant ainsi une opportunité d’améliorer leur apprentissage. La mise en œuvre de l’alphabétisation et des apprentissages bénéficie de l’appui des partenaires techniques et financiers dont l’Unesco et l’Unicef à travers diverses stratégies et de la volonté étatique. Cette dernière est traduite par l’existence d’une Direction de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle et de divers instituts dont l’Institut de linguistique appliquée (Ila). L’engouement pour l’alphabétisation fonctionnelle offre l’opportunité de réunir des personnes de plusieurs secteurs d’activité ou de métiers différents résolvant en quelque sorte le problème de l’insuffisance des animateurs et d’accroître à terme la productivité économique des apprenants. Elle semble toutefois inappropriée eu égard aux attentes des populations analphabètes eu égard au registre de langue trop académique utilisé dans les supports pour des adultes débutants, n’ayant aucune notion basique du français. Raison pour laquelle, il est entre autres recommandé la mise en place d’un programme national de lecture et écriture qui met ensemble les bonnes pratiques tout en donnant des possibilités optionnelles ; le renforcement de la contribution financière de l’Etat dans le financement de l’alphabétisation et des apprentissages à travers la création de lignes budgétaires dédiées. A cela, on ajoute l’alphabétisation des parents d’élèves afin qu’ils puissent faire l’encadrement de leurs enfants à la maison ; la sensibilisation des parents d’élèves en vue d’une plus grande implication dans l’encadrement de leurs enfants et le développement d’une politique de la lecture intégrant la mise en place de bibliothèque municipal aux fins de sensibiliser et d’encourager à la lecture.
M.P.K