La grève de cinq jours du personnel de la santé publique entamée ce lundi n’est pas sans conséquences. Plusieurs services sont fermés dans les différents Hôpitaux, au grand désarroi des patients.
Centre Hospitalier Universitaire de Cocody (Est d’Abidjan), ce lundi 5 novembre. Il est 10h. Les aller et retour des malades mais aussi des visiteurs ne dérogent pas à la règle. Mais l’ambiance n’est pas celle des jours ordinaires dans ce centre où grâce aux efforts du gouvernement, les malades reçoivent depuis quelques années des soins adéquats.
Dans la cour et les couloirs du centre, plusieurs malades rebroussent chemin tout attristé. Leurs rendez-vous sont annulés.
Au service de la Radiologie, aucune silhouette en blouse blanche n’est visible. Ici les bureaux sont déserts. A la montée des escaliers, un vigile assis sur une chaise renseigne les visiteurs sur le mouvement en cours.
« Je suis là pour dire aux gens que le corps médical ne travaille pas. ils sont en grève », confie Olivier, jeune homme d’environ 30 ans, à notre équipe.
Du coté de la morgue, même son de cloche. La grève se répercute directement sur les parents des défunts. Ceux -ci sont refoulés. Aucune levée ni de lavage de corps.
« Je suis venue laver le corps d’une de mes sœurs, on m’a dit de revenir demain.. », témoigne la gorge nouée, dame Kouadio, la cinquantaine, commerçante de son état, montrant un sac plastique dans lequel est emballé un drap.
Certains parents qui vivent difficilement cette situation, négocient avec les grands moyens. «Il faut beaucoup de pardon et aussi de l’argent», se plaint Hamed un jeune artisan, rencontré, dans la cour de la morgue en compagnie de ses frères, dénonçant cette forme de corruption.
Au service d’urgence, un service minimum est assuré. Mais pas au goût de certains parents.
Miss Abah, la trentaine, le visage triste, se plaint de ce que sa mère ne soit pas prise en charge depuis la matinée, craignant le pire.
«Les médecins n’ont pas encore prescrit de médicaments depuis ce matin. Quelques uns sont présents. Mais ils défilent et ne disent rien, ça m’inquiète », indique t-elle.
Un autre patient, visiblement très en colère, enchaîne : «Ces médecins ne pensent qu’à leurs propres intérêts», dit-il tout déçu.
Cette grève a aussi affecté le fonctionnement des laboratoires et des consultations.
Du coté du personnel, des grévistes avec à leur tête, Touan bi, infirmier d’état aux urgences des chu de Cocody, représentant de la COORDISANTE se sont rassemblés à la place du jardin, munis d’un mégaphone pour mobiliser.
Selon le préavis de grève remis à notre équipe, le personnel de la santé publique en Côte d’Ivoire réclament en effet : la signature du nouveau décret portant statut de l’INFAS ; le paiement aux personnels soignants des 150 et 100 points d’indices octroyés en 2017 aux fonctionnaires des catégories A,B et C, D ne disposant pas de grille particulière ; l’octroi d’une indemnité de sujétion à tout le personnel soignant et administratif ; la prise en compte des cadres supérieurs administratifs de la santé dans les indemnités particulières
Ils réclament aussi l’octroi de l’indemnité de logement à tout le personnel soignant er administratif ; la revalorisation du taux de la prime d’intéressement du secteur santé, payable par trimestre ; la revalorisation de l’indemnité de risques sanitaires et son extension à tous les agents d’hygiène, ainsi qu’aux personnels administratifs su secteur santé ; la revalorisation de l’indemnité de résidence, au taux de 30% du salaire de base des personnels soignants.
En attendant que des solutions soient trouvées, la grève a entraîné la ruée vers les cliniques privées, qui se frottent les mains.
Fulbert Y.