Dominique Ouattara, Première Dame du pays a demandé une séance de prières mardi 13 avril pour la paix et bonne santé des Ivoiriens à la paroisse Notre-Dame de la tendresse de Cocody situé à l’Est d’Abidjan, en compagnie des fidèles chrétiens et des membres du gouvernement.
« Nous demandons à Dieu de tourner un regard de miséricorde sur notre pays, la Côte d’Ivoire, qu’il éloigne le coronavirus de notre pays et qu’il apaise les cœurs des familles endeuillées. Malheureusement, ces derniers mois et semaines, nous avons perdu des personnalités politiques, administratives, religieuses » et ce jour, mardi 13 avril 2021 le guide spirituel des musulmans, Cheick Aïma Traoré Mamadou. A déclaré Mme Dominique Ouattara à la presse.
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MESSE POUR LA PAIX EN COTE D’IVOIRE POUR LES VICTIMES DU COVID 19 ET POUR LA FIN DE LA PANDEMIE, DEMANDEE PAR LA PREMIERE DAME DOMINIQUE OUATTARA
(NOTRE DAME DE LA TENDRESSE, 13 AVRIL 2021)
Madame la Première Dame de Côte d’Ivoire, Mesdames et Messieurs les Ministres, Chers frères et sœurs en humanité et en Eglise, Il est bon de prier pour ceux qui se sont endormis dans la mort.
L’enseignement de notre Mère, la sainte Eglise Catholique, nous recommande dans les œuvres de miséricorde spirituelles d’enseigner celui qui ne sait pas, de donner un bon conseil à celui qui en a besoin, de corriger celui qui est dans l’erreur, de pardonner les insultes, de consoler celui qui est triste, de supporter patiemment les défauts du prochain et de prier Dieu pour les vivants et les morts.
Dans les œuvres de miséricorde corporelles, il faut visiter et soigner les malades, donner à manger à celui qui a faim et à boire à celui qui a soif, offrir l’hospitalité au voyageur et au pèlerin, vêtir celui qui est nu, racheter les captifs et ensevelir pieusement les morts. Vivant encore sur la terre, nous avons des devoirs de charité, de bonté et de miséricorde envers les hommes, nos semblables.
Le respect des morts est une vertu innée en l’homme depuis sa création. Et lorsque l’Eglise nous demande de prier pour eux ce n’est pas une invention fantaisiste de sa part mais un sens encore plus élevé de ce que l’homme croit et pratique depuis la nuit des temps.
Ne l’oublions pas : l’homme est un être céleste quoique blessé par le péché. Sa destinée finale, c’est l’éternité ; la terre est son séjour temporel et c’est, au cours de ce séjour d’ici-bas, qu’il doit tisser la toile de son éternité.
La prière pour les morts a un fondement biblique dans le deuxième livre des Maccabées ou Martyrs d’Israël (2 Mac 12, 38- 45), n’en déplaise à certains de nos frères chrétiens qui rejettent cela. Mais, ‘’de 2 gustibus et coloribus, nun disputandum’’ (des goûts et des couleurs, il ne faut point discuter).
L’initiative prise par la Première Dame est louable et répond, comme un écho, à l’acte posé par Judas Maccabée, à savoir : prier pour les soldats tombés à la bataille dans la défense du peuple d’Israël.
Ce général d’Israël se charge lui-même de faire une collecte assez importante pour le sacrifice des péchés. Il revenait, à chacun de son vivant, d’offrir pour ses péchés un sacrifice au Temple, en nature ou en espèces.
Mais des soldats en guerre, sur les lignes de front, ont-ils le temps, comme en période de paix, d’offrir eux-mêmes leur sacrifice ? Les survivants le feront, une fois la guerre terminée. Et ceux tombés sur les champs ? Il y a là une justice de la part de Judas. Il faut réparer pour ceux qui ne sont plus.
N’est-ce pas nous les vivants qui réparons lorsqu’un parent meurt avec des dettes ? C’est juste à nos yeux mais aussi à ceux des défunts qui n’ont pas le temps de réparer, fauchés par la mort.
Au-delà de la collecte participative- car il ne faut pas se présenter devant le Seigneur les mains vides, chacun faisant une offrande de ses mains suivant la bénédiction que lui aura faite le Seigneur ‘’ (Dt 16,16-17) – c’est la foi en la résurrection des morts qui s’exprime.
Déjà ébauchée dans l’Ancien Testament avec des textes proches des idées du Nouveau Testament, la résurrection connaîtra son apothéose avec Jésus-Christ, « le témoin fidèle, le premier –né d’entre les morts et le prince des rois de la terre » (Apo 1,5) Prier pour les morts est un devoir de justice et de charité.
Notre prière pour eux constitue un puissant suffrage devant Dieu. Merci donc à la Première Dame qui a pensé aux victimes connues et inconnues du corona virus (Covid 19) dans notre pays. En demandant toujours des messes pour les victimes, nous demanderons aussi à Dieu d’éloigner de notre pays et du monde entier les fléaux et calamités, les épidémies, les guerres, la famine et la pauvreté humiliante qui rabaisse la dignité de l’homme à celle de l’animal.
‘’On ne peut servir Dieu, sans un minimum de confort’’ disait 3 Saint Thomas D’AQUIN. Le minimum, c’est le travail, la santé, l’éducation, la paix intérieure et extérieure, la liberté et la cohabitation harmonieuse dans une société en développement.
Dans l’entretien de Jésus avec Nicodème, il est question de ‘’renaitre d’en haut ‘’ c’est-à-dire d’une vie nouvelle dans l’Esprit. La vie nouvelle dans l’Esprit est opposée à celle de la chair ou du monde terrestre. La chair c’est la nature humaine avec ses possibilités et limites, sans la nuance péjorative qu’elle prend parfois.
L’homme, réduit à ses seules forces, vole bien bas. Avec l’Esprit, puissance divine, il devient plus consistant et peut saisir selon ses capacités, quelque chose des réalités divines.
Nicodème, maître en Israël, docteur de la Loi – un docteur pouvait étudier pendant 40 ans- ne comprend pas les explications de Jésus, parce qu’il est livré à lui-même ; avec toute sa science, il n‘y parvient pas. Seul Jésus a l’expérience immédiate des réalités divines.
Pour les comprendre, il faut accueillir Jésus et ses paroles dans la foi. « Les choses de la terre » désignent le témoignage de Jésus incarné ou des disciples : paroles, actes, comportements ; ‘’celles du ciel’’ renvoient à Jésus élevé sur la croix et l’action du Saint Esprit.
Dans le désert après la révolte des fils d’Israël, en proie à la faim et à la soif, Dieu, en vue de les châtier, envoie contre eux des serpents à la morsure cuisante. Beaucoup en meurent mais après repentance, ils supplient Moïse d’intercéder auprès de Dieu, en leur faveur.
Un serpent de bronze est fixé à un mât ; toux ceux qui ont été mordus sont invités à regarder vers lui, pour leur guérison (Nombres 21,6-9). Pour nous, chrétiens, c’est désormais vers le Christ que nous devons regarder. Il est celui-là, qui, par ses blessures, nous a guéris, qui par son sang versé, nous a sauvés et rachetés.
Nos douleurs et meurtrissures prendront fin si, en toute confiance, nous nous tournons vers Dieu et le supplions de nous épargner nos maux, en nous accordant la paix de l’âme et du cœur.
Entrés dans le saint jeûne aujourd’hui, nous souhaitons à tous les Musulmans de Côte d’Ivoire et du monde entier un bon mois de Ramandan. Et nous demandons au Seigneur d’accueillir dans son paradis le vénérable CHEICK AÏMAN TOURE MAMDOU, Président du COSIM.
La paix en côte d’ivoire c’est aussi la deuxième intention de cette Messe, demandée par la Première Dame, Mme Dominique OUATTARA.
Madame la Première Dame, merci pour les deux intentions, merci pour l’initiative de Paix en Côte d’Ivoire. La Paix disait le Pape Paul VI, de vénéré mémoire, n’est jamais acquise une fois pour toutes ; elle est sans cesse à construire. En outre, comme la volonté humaine est familiale et qu’elle est blessée par le péché, la réalisation de la paix exige que chacun sache toujours dominer ses passions.
La paix que nous appelons de tous nos vœux sur notre pays et ses habitants, est certes un don de Dieu qui met dans le cœur des hommes et des femmes, jeunes et adultes, vieillards et enfants, un vif désir de le chercher et de le connaitre afin qu’ils deviennent tous des ‘’artisans de Paix.’’ « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés Fils de Dieu. » Mt 5/9.
La seule béatitude qui fait de nous ou qui fera de nous : Fils et Filles de Dieu. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. » Le chœur angélique la nuit de Noël, annonce la Paix véritable, celle qui vient de Dieu.
Madame la Première Dame, frères ivoiriens, sœurs ivoiriennes, la paix que le Sauveur est venue apporter et que proclame le chœur des anges est une paix que le monde ne connaît ni ne donne, et qui pourtant est la condition première et indispensable de la tranquillité et de l’ordre social.
C’est la paix intérieure, la paix des cœurs, la paix des âmes libérées de l’esprit de vengeance et du péché, la paix des béatitudes, que Dieu seul peut nous donner, que nous ne pouvons acquérir qu’en nous unissant étroitement à lui dans la prière et les sacrements.
Cette paix que nous souhaitons de tous nos cœurs a pour mot d’ordre : – Aime le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces ; – Aime ton prochain comme toi-même ; – Aime tes ennemis, fais du bien à ceux qui te haïssent – Abandonne l’esprit grégaire et de vengeance; – Va te réconcilier avec ton frère et ta sœur ; – Pardonne jusqu’à soixante-dix fois sept fois ; donne à quiconque te demande.
Aujourd’hui plus que jamais, Dieu invite tous les ivoiriens à la sagesse, tous tant que nous sommes, il est bon de nous débarrasser des bas sentiments d’orgueil, d’intolérance, du désir de vengeance et de réciprocité dans le mal.
Les habitants de ce beau pays sont appelés à soigner l’image de la Mère patrie en traçant partout où ils se trouvent des passerelles et des chemins où passent la fraternité, le vivre ensemble et la joie de vivre en paix.
Que Dieu nous prenne en grâce et qu’il nous bénisse. Amen !
Monseigneur Marie Daniel DADIET, Archevêque émérite de Korhogo
Saint Cyrille