Les élections législatives du 6 mars 2021 s’annoncent palpitantes dans certaines circonscriptions électorales. Elles mettent aux prises des ténors de différentes formations politiques.
Les Ivoiriens sont invités le samedi 6 mars 2021, aux urnes pour renouveler leurs représentants à l’Assemblée nationale. Dans cette logique, la Commission électorale indépendante (Cei) a rendu publique dimanche, la liste provisoire des candidats. Ainsi, 1266 candidats sont déclarés éligibles par son président Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, au cours d’un point-presse. Ces prétendants iront donc à l’assaut des 255 sièges à pourvoir. Et le moins qu’on puisse dire, la bataille s’annonce âpre dans certaines circonscriptions électorales. La première circonscription qui retiendra l’attention de tous est sans aucun doute la commune de Yopougon. Une circonscription électorale à grands enjeux. Les différentes listes tenteront de remporter les six sièges en jeu. Pour ce faire, les porte-étendards du parti au pouvoir partent favoris. Ils ont avec eux la maîtrise du terrain. Un détail très important à prendre en compte pour ces élections locales. Et le Rhdp peut se targuer d’avoir une des meilleures têtes de liste : celle conduite par Gilbert Koné Kafana.
En effet, depuis 2013, Gilbert Koné Kafana est le premier magistrat de la plus grande commune de Côte d’Ivoire. Huit années qui lui ont permis d’imprimer sa marque et d’impacter qualitativement les conditions de vie des populations. Ses actions qui plaideront sûrement en la faveur des grosses pointures du Rhdp que sont Imbassou Ouattara Abass, Yaya Doumbia, Nassalatou Diaby, Daouda Coulibaly et Gueu Somale Angèle. Même si le député n’est pas un acteur de développement, leur proximité avec les populations fait d’eux les mieux indiqués pour porter leur voix à la Chambre basse du Parlement. Mais, la partie s’annonce très serrée. Car, on peut le dire sans risque de se tromper, il y aura du répondant en face avec l’arrivée dans l’arène des partisans de l’ancien président, Laurent Gbagbo. La coalition de l’opposition Pdci-Eds a décidé de miser sur des candidats de poids : Michel Gbagbo, Dia Houphouët Augustin et Georges-Armand Ouégnin pour ne citer que ces trois. Les deux premiers candidats ont des liens avec deux ex-présidents de la République de Côte d’Ivoire. Si le premier est le fils de l’ancien chef d’Etat, Laurent Gbagbo, Dia Houphouët Augustin est, quant à lui, le petit-fils du premier président de la République, Félix Houphouët-Boigny. Deux symboles que la coalition Pdci-Eds compte bien exploiter pour rafler la mise. «Le rôle que j’ai, c’est de reprendre Yopougon. On dit bien ‘‘Yopougon, c’est Gbagbo’’. Bien évidemment, le Rhdp y a pris racine parce que depuis quelques années, nous n’y sommes pas. Mais là, nous y serons», a fait savoir le président d’Eds, Georges-Armand Ouégnin, le vendredi 22 janvier, à la clôture du dépôt des dossiers de candidature à la Cei.
Port-Bouët : retrouvailles entre les ‘‘frères ennemis’’ Siandou-Emmou
La commune de Yopougon ne sera pas la seule circonscription électorale à surveiller de près. Il y a Port-Bouët. Dans cette cité balnéaire, les élections législatives du 6 mars apparaissent comme un remake des élections municipales de 2018. Trois ans après, Siandou Fofana, qui conduira la liste des Houphouëtsites, a une occasion rêvée de prendre une revanche sur Emmou Sylvestre qui l’avait défait au terme des élections municipales serrées. Le ministre du Tourisme et des Loisirs, directeur exécutif adjoint en charge des relations avec les partis politiques, coordonnateur régional abordera ces joutes électorales avec un seul objectif : ramener les sièges au Rhdp, mais également régler un vieux contentieux, en mettant les pendules à l’heure. Dans cette mission commando, il sera aidé par Yéo Fozié, Motto Yao Armand, tous deux députés sortants et son suppléants, Konaté Ibrahim. L’opposition ne compte pas se laisser faire. Emmou Sylvestre (candidat Pdci) aura à ses côtés les ‘‘Gbagbo ou rien’’ (Gor). Dans cette alliance de circonstance, le candidat du Pdci tentera, non seulement, de réaffirmer sa suprématie, mais surtout de ravir les deux sièges en jeu pour faire de la commune de Port-Bouët, l’un des bastions imprenables de l’opposition en général et du Pdci en particulier.
Divo sous-préfectures : le duel Amédé-Zéhouri promet
Me Zéhouri Bertin sera dans les mêmes dispositions pour s’adjuger le siège de Divo sous-préfectures. Sa défaite aux élections régionales de 2018 n’est que partie remise. Peu connu au niveau national, il avait réussi à accrocher une honorable 3e place derrière le mastodonte Zapka Roland et Babli Dominique de l’ancien parti unique. Il entend bien se remettre en selle à l’occasion de ces échéances électorales. Tout comme en 2018, Me Zéhouri Bertin risque de se heurter à la muraille Rhdp. En effet, il aura en face de lui le ministre de l’Equipement et de l’Entretien routier, Amédé Koffi Kouakou. Le premier magistrat de la commune de Divo pourra s’appuyer sur sa parfaite connaissance du terrain et le soutien indéfectible de son parti. Le vendredi 29 janvier, le personnel politique du Rhdp de Chiepo, Odougou, Didoko, Nebo et de Divo sous-préfectures lui ont réaffirmé leur volonté de jouer une part active pour une victoire éclatante, au soir du 6 mars. C’est Ali Konaté, délégué sous-préfectoral d’Ogoudou, qui avait donné le ton. « Vous avez toujours été aux côtés du président de la République, Alassane Ouattara», a-t-il justifié. Et d’ajouter : «Nous serons à vos côtés pour cette autre bataille ». Selon Ali Konaté, les populations ont donné une première béquille au chef de l’Etat à travers sa brillante élection à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. «Nous allons lui donner une deuxième béquille à travers une majorité confortable à l’Assemblée nationale», a-t-il promis. Tout en ajoutant : «Nous sommes à vos côtés pour cet autre combat». Même engagement pour les autres délégations. «La victoire du 6 mars est acquise. Elle sera totale», a assuré Amian Rosalie, chef de la délégation de la sous-préfecture de Chiepo. Amedé Kouakou tirera profit, certainement, de ses nombreuses actions de développement. Grâce à lui, la commune de Divo, tout comme les sous-préfectures, changent de visage. Les voies dégradées, le manque d’eau potable… ne sont qu’un vieux souvenir. Les populations de ces différentes localités comptent bien le lui rendre, le samedi 6 mars prochain.
Kouyaté-Lida : deux grands s’affrontent à Lakota
Le Lôh-Djiboua semble être la région des duels. A 40 kilomètres de Divo, c’est-à-dire à Lakota, la confrontation entre Kouyaté Abdoulaye, candidat du Rhdp et Lida Kouassi Moise, porte-flambeau de la coalition de l’opposition Pdci-Eds, aura bel et bien lieu. Un duel qui pourrait tourner à l’avantage du premier candidat cité. Député sortant de Lakota commune et sous-préfectures, Kouyaté Abdoulaye fera prévaloir sa maîtrise du terrain. Depuis dix ans, en effet, l’élu côtoie au quotidien les populations de ces localités, en s’évertuant à trouver des solutions à leurs différents problèmes. La forte implantation du Rhdp lui sera d’un apport considérable. A la différence de son adversaire qui a presque déserté le terrain après la débâcle de son mentor, Laurent Gbagbo, en avril 2011. L’ancien ministre de la Défense, Lida Kouassi Moise, pourrait être rattrapé par la politique de la chaise vide et des appels incessants au boycott de toutes les opérations électorales. Notamment la révision de la liste électorale et l’inscription des nouveaux majeurs sur la liste électorale. C’est sur ces points que le chef de cabinet du ministre Kandia Camara pourrait prendre le dessus sur son adversaire. Mais, une élection n’étant jamais gagnée d’avance, les Ivoiriens devront attendre le verdict des urnes au soir du 6 mars pour savoir qui des deux cadres aura tiré son épingle du jeu.
Guikahué contre Lourougnon : que le meilleur gagne !
La confrontation entre le secrétaire exécutif en chef du Pdci, Maurice Kakou Guikahué et Marie-Odette Lourougnon, membre influente de la branche dissidente du Fpi, aura plus de saveur. D’autant plus que les deux formations politiques sont des alliés politiques. Dans la circonscription électorale Gagnoa sous-préfectures, leur duel mettra au grand jour les difficultés rencontrées par le Pdci et Eds, dans le choix des candidats communs. Selon les informations, la coalition Eds aurait demandé un siège sur les deux de la circonscription électorale de Yamoussoukro contre le siège de Guikahué à Gagnoa sous-préfecture. Chose que le vieux parti n’aurait pas accepté, considérant que Yamoussoukro est son bastion. Eds a considéré que Gagnoa sous-préfectures est aussi son fief. Du coup, les deux alliés vont s’affronter à Gagnoa sous-préfectures. Et on peut le dire sans risque de se tromper que la bataille sera épique. D’un côté, un député sortant, Kakou Guikahué qui a un bilan qualifié de « positif», de l’autre Marie-Odette Lorougnon qui est à son premier challenge dans cette circonscription. Elle pourra surfer sur sa loyauté à l’ex-président déchu, Laurent Gbagbo, pour espérer déboulonner l’homme de main de Konan Bédié. Au nom de leur nouvelle alliance, Gbagbo et Bédié ne peuvent que dire : « Que le meilleur gagne ! »
Adjoumani et Vremen se retrouvent dans le Gontougo
Dans l’Est de la Côte d’Ivoire, il y aura de l’électricité dans l’air. En effet, dans la circonscription électorale d’Amanvi, Diamba, Tanda et Tchiedio, communes et sous-préfectures, Kobenan Kouassi Adjoumani sera aux prises avec Serge Yvon Vremen. En 2018, les deux candidats s’étaient affrontés lors des élections régionales. Une bataille qui avait tourné à l’avantage du porte-parole principal du Rhdp. Kobenan Kouassi Adjoumani remettra-t-il le couvert ? Il est difficile de répondre à cette interrogation avec exactitude. Dans tous les cas, ‘‘l’Eléphant du Zanzan’’ part grand favori à ce scrutin au cours duquel le parti au pouvoir se bat pour avoir une majorité confortable au Parlement. Sa tâche est allégée par la guéguerre entre son principal adversaire et sa formation politique, le Pdci. A ces législatives, Serge Yvon Vremen part avec un gros handicap. Contrairement aux élections régionales de 2018, il ne bénéficie pas du soutien du parti doyen. Le Pdci a décidé de porter son choix sur Appoh Kouamé Laurent. Serge Vremen, le candidat indépendant, devra batailler dur pour grappiller le maximum de voix. Il a du pain sur la planche lorsqu’on sait que Kobenan Adjoumani s’appuiera sur la grosse machine du Rhdp. Même si Serge Vremen a à cœur de battre le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, les réalités du terrain sont largement en sa défaveur. Il partagera sûrement avec le poulain de Bédié, les voix des militants du Pdci. Tous les regards seront donc tournés vers ces localités et bien d’autres pour des confrontations qui s’annoncent palpitantes. Pourvu que les enjeux ne tuent le jeu démocratique.
Philippe Nado