Le mariage est désacralisé. A en croire les chiffres avancés par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité à travers la direction des études de la statistique, ainsi que du ministère du Plan et du Développement, la Côte d’ivoire est touchée par le fléau du divorce”. Le 28 juin dernier, lors de la présentation de l’annuaire statistique d’État civil, les deux entités estiment le taux de divorce à 45,4% en 2021 contre 40,7% en 2020. Dans les faits, 1 590 divorces ont été prononcés en 2021 contre 1 126 en 2020, précisent-ils. Selon les statistiques judiciaires ivoiriennes sur 100 mariages, 50 divorces sont prononcés par an. A en croire Me Salimata Cissé, conseiller juridique, son cabinet juridique enregistre 15 demandes de divorce par mois.
Comment utiliser la loi pour faire fuir les «Tchiza»
Selon Kablan Allister, juriste de formation, l’instabilité du mariage en Côte d’Ivoire est essentiellement due à l’adultère. Et aujourd’hui, les dossiers de divorce dans les tribunaux sont en première position, devant ceux liés aux successions. Si cela prospère, c’est parce que la femme a tendance à ne rien dire ou ne rien faire devant cette situation qu’elle vit au quotidien. A l’en croire, le droit permet à la femme de faire face quand son mari envoie sa maîtresse vivre dans la maison. «Tant que deux personnes sont mariées, le domicile de l’un appartient également à l’autre. On ne peut donc envoyer quelqu’un vivre dans le domicile conjugal qu’avec l’autorisation des deux époux. Aussi, un époux ne pourra loger une maîtresse dans une de ses maisons car, on présume que toutes les maisons du Monsieur appartiennent également à sa femme tant qu’ils sont mariés. Quand le monsieur envoie donc sa maîtresse vivre à la maison, la femme mariée peut porter plainte simplement en se rendant à la police, à la gendarmerie ou faire une simple lettre plainte adressée au Parquet du Tribunal d’Abidjan ou de tout autre lieu. Le policier ou le gendarme saisi de l’affaire délivrera une convocation à la maîtresse installée dans le domicile conjugal ou dans l’une des maisons. Ensuite, elle sera contrainte de prendre ses affaires pour quitter le domicile car n’ayant pas reçu l’autorisation de la femme mariée avant de s’installer vu que c’est elle-même même qui se plaint », explique Kablan Allister sur sa page Facebook. Poursuivant, il fait savoir également que si un époux entretient une maîtresse, l’épouse peut utiliser le nouveau Code pénal ivoirien de 2020 en son article 456. Ledit article stipule : « sont punis d’un emprisonnement de deux mois à un an, le mari ou la femme convaincu d’adultère ainsi que son complice. Par conséquent, lorsque le Monsieur vous trompe, vous pourriez porter plainte contre votre mari ainsi que sa complice qui est ici sa maîtresse en déposant une lettre plainte au Tribunal ou saisir un commissariat ou une gendarmerie. La plainte doit être accompagnée avec les éléments de preuve comme des lettres, des messages, des photos ou vidéos et en basant sa plainte sur le fondement de l’article 456 du nouveau code pénal ivoirien de 2020. La plainte pourra prospérer et votre mari et sa maîtresse pourront avoir de graves problèmes».
Ange Sarah