L’opposition ivoirienne veut faire entendre sa voix à coups de marches alors que l’élection présidentielle approche. Ainsi,
après la démonstration du PDCI-RDA sur le boulevard Latrille à Cocody le 14 juin 2025, le front commun PPA-CI–PDCI-RDA remet le couvert ce samedi 9 août 2025.
Leur itinéraire, initialement prévu de Marcory au Plateau, a été recalculé : le cortège partira donc finalement du carrefour Saguidiba pour ensuite rallier l’espace Ficgayo, à Yopougon.
Cependant, une question s’impose : ces marches peuvent-elles vraiment infléchir la position du président Alassane Ouattara, qui a confirmé le 29 juillet dernier sa candidature à la présidentielle de 2025 ? La réponse semble évidente : non.
D’abord, car le chef de l’État semble avoir verrouillé son appareil politique. À la tête d’un RHDP solide et bien implanté dans l’administration, Ouattara bénéficie d’un appareil institutionnel qui lui assure une forte maîtrise du processus électoral. Les marches de l’opposition, aussi visibles soient-elles, n’altèrent donc pas cette réalité.
Ensuite, parce que ces mobilisations restent circonscrites à un électorat déjà acquis à la cause de l’opposition. Si elles démontrent une capacité de mobilisation, elles ne semblent pas capables d’éroder le socle électoral du RHDP, notamment dans les bastions du Nord et du Centre.
Enfin, parce qu’Alassane Ouattara joue la carte de la légitimité constitutionnelle. En réaffirmant publiquement sa candidature, il envoie un message clair : les pressions de la rue ne le détourneront pas de sa trajectoire. Au contraire, elles viennent même renforcer son discours sur la stabilité et l’ordre, face à ce qu’il présente comme des « manœuvres de déstabilisation ».
Autrement dit, bien que ces marches soient un instrument de visibilité pour l’opposition, elles n’ont, pour l’heure, ni le poids institutionnel ni le rapport de force politique suffisant pour faire plier le chef de l’État.
Fulbert Yao