Les deux communiqués publiés dimanche par le Parti des Peuples Africains–Côte d’Ivoire (PPA-CI) — l’un émanant du comité central, l’autre démentant une mobilisation pour le dépôt de candidature de Laurent Gbagbo, cachent des signaux politiques qu’il convient de décoder.
Le point 16 du communiqué du comité central attire particulièrement l’attention. Il annonce que le premier congrès ordinaire du parti est reporté… après les élections législatives du 27 décembre. Or, un tel congrès aurait pu servir à consolider la base militante, désigner des responsables, lancer officiellement la campagne présidentielle ou encore mettre en place les outils électoraux indispensables. Pourquoi alors repousser cet événement majeur si la présidentielle est censée être la priorité absolue ?
Tout porte à croire que le PPA-CI ne place pas, pour l’instant, la présidentielle au sommet de ses priorités. Le parti semble miser davantage sur les législatives.
Ces élections, souvent perçues comme moins verrouillées que la présidentielle, offrent au PPA-CI plusieurs avantages :
Gagner un nombre significatif de sièges à l’Assemblée nationale.
Peser institutionnellement, surtout si la présidentielle demeure verrouillée.
Éviter une confrontation directe que Laurent Gbagbo pourrait perdre si sa candidature continue d’être juridiquement contestée, malgré la décision favorable de l’ONU.
Enfin, le communiqué démentant toute mobilisation autour du dépôt de candidature de Gbagbo se conclut par une phrase révélatrice : « Le véritable défi se situe ailleurs. »
Cette formule, en apparence anodine, sonne comme un aveu : la présidentielle du 25 octobre n’est peut-être pas la bataille centrale pour le parti. Le vrai enjeu stratégique serait plutôt les législatives de décembre 2025, perçues comme un terrain plus accessible.
En claire : Laurent Gbagbo et son parti semblent se préparer à investir le champ parlementaire plutôt qu’à engager de front une bataille présidentielle aux contours incertains.
Fulbert Yao