L’utilisation de l’emballage plastique pour les sacs de ciment produits ou importés en Côte d’Ivoire depuis 2019, pose problème en raison de son impact sur l’environnement.
Face à cette situation qui compromet les engagements internationaux de la Côte d’Ivoire et le développement durable du pays, le ministre de l’Environnement Jacques Assahoré Konan préside le mercredi 6 mars 2024, une reunion avec les industriels.
La rencontre porte sur l’application effective du décret 2013-327 du 22 mai 2013, signé par le Président de la République, qui interdit l’utilisation du plastique en Côte d’Ivoire.
Sur instruction du premier ministre, cette rencontre permettra de trouver de bonnes solutions au profit de la majorité des acteurs et des opérateurs de la filière afin non seulement de sauver des emplois, mais également de garantir le respect des engagements internationaux de la Côte d’Ivoire et d’assurer un développement durable en harmonie avec l’environnement.
Il faut rappeler qu sur la base du décret 2013-327 du 22 mai 2013 signé par le Président de la République, interdisant la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’utilisation des sachets plastiques en Côte d’Ivoire, des opérateurs économiques ont investi une quinzaine de milliards de francs CFA dans le pays. Ils ont ainsi implanté en Côte d’Ivoire la plus grande usine de fabrication de sacs en papier Kraft d’Afrique de l’Ouest. L’usine a permis au pays d’atteindre l’auto-suffisance en sacs pour l’ensachage du ciment, évitant ainsi la sortie de devises pour l’importation de papier d’emballage de ciment. Selon les informations transmises aux autorités et aux services fiscaux, le chiffre d’affaires réalisé entre 2017 et 2023 s’élève à plus de 151 milliards de FCFA, dont plus de 106 milliards en produits d’exportation vers la sous-région.
En 2018, alors que les sacs de ciment étaient conditionnés dans du papier Kraft, Codinorm a permis l’utilisation de sacs en polypropylène (plastique). Face à cette situation, le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, apparemment pris de court, a signé un arrêté (N°065MCIPPME/CAB du 14 décembre 2018) définissant les sacs en papier comme le seul type d’emballage autorisé pour le conditionnement du ciment produit localement ou importé et destiné à la vente en détail en Côte d’Ivoire.
Cet arrêté n’a pas été suivi d’effet longtemps, puisque le 14 mai 2019, le même ministère l’a abrogé avec l’arrêté N°318/MCIPPME/CAB du 4 mai 2019. Le même jour, un arrêté interministériel (N°319/MCIPPME/MINAS/MINEDD), signé conjointement par le Ministre du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des PME, le Ministre de l’Assainissement et de la Salubrité, le Ministre de l’Environnement et du Développement Durable, et le Secrétaire d’État auprès du Premier Ministre, Chargé du Budget et du Portefeuille de l’État, autorisait les sacs en papier et en polypropylène pour le conditionnement du ciment. Ce revirement va à l’encontre du décret N°2013-327 du 22 mai 2013 émis par le Président de la République.
Cette autorisation d’utiliser des sacs en polypropylène a eu un impact environnemental négatif considérable en Côte d’Ivoire. Contrairement aux engagements pris, ces sacs en plastique ne sont pas biodégradables, et aucune action de recyclage significative n’a été entreprise depuis lors par les industriels concernés. Selon des informations recueillies, chaque sac rejeté dans la nature pollue la faune et la flore pendant jusqu’à 500 ans, causant un coût astronomique sur l’environnement et sur la santé des générations futures. Depuis 2019, plus de 200 millions de sacs en polypropylène ont été utilisés en Côte d’Ivoire, se retrouvant inévitablement dans la nature pour des décennies. Les possibilités de recyclage des sacs de ciment usagés en polypropylène sont limitées, d’une part, parce que les structures de recyclage sont peu nombreuses en Côte d’Ivoire et ne couvrent pas tout le territoire, et d’autre part, parce que la collecte des sacs usagés est peu développée, voire inexistante dans de nombreuses régions. Le développement de l’utilisation des sacs en polypropylène en Côte d’Ivoire va à l’encontre des engagements pris par le pays, notamment ceux pris lors du Sommet Mondial de l’Action pour le Climat (COP), et porte atteinte au statut de leader régional de la Côte d’Ivoire en matière de protection de l’environnement. De nombreux pays africains, ainsi que d’autres à travers le monde, ont banni l’utilisation du sac en polypropylène en raison de son impact négatif sur l’environnement.
Fulbert Yao