Tout vaccin éventuel contre le nouveau coronavirus, mis au point par la Chine, deviendra un «bien public mondial», a promis ce lundi 18 mai 2020 le président chinois, Xi Jinping, dans un message vidéo transmis à Genève lors de la 73e Assemblée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Dans cette veine, il a annoncé deux milliards de dollars sur deux ans pour une aide aux pays en développement affectés par le COVID-19. Xi Jinping a saisi la perche pour réfuter les accusations portées par l’administration du président américain Donald Trump d’avoir tardé à donner l’alerte et à prendre des mesures contre la propagation de la maladie dont l’épicentre se trouve à Wuhan, capitale de la province du Hubei.
Réfutant ces accusations, Xi Jinping a assuré que son pays avait «toujours» fait preuve de «transparence» et de «responsabilité» face à l’épidémie, en partageant les informations avec l’OMS et d’autres pays en temps utile. Le président français s’est engagé dans la voie tracée par son homologue chinois sur l’avenir d’un vaccin contre le COVID-19.
Dans un message vidéo, le président français Emmanuel Macron a également affirmé que si un vaccin est découvert, il « sera un bien public mondial, auquel chacun devra pouvoir avoir accès ».
Ces déclarations viennent après une polémique à propos d’un éventuel vaccin du géant pharmaceutique Sanofi. L’entreprise française avait d’abord suggéré que les États-Unis pourraient y avoir un accès prioritaire, avant de changer le fusil d’épaule quand Paris a jugé cette possibilité « inacceptable ».
Le chef de la faîtière internationale des entreprises pharmaceutiques (IFPMA), le Bâlois Thomas Cueni, exclut le scénario d’un futur vaccin contre le coronavirus «gratuit pour tous».
Mais il en appelle à un mécanisme mondial de distribution piloté notamment par l’OMS pour que les prix diminuent dans les Etats les plus pauvres.
«J’attendrais de pays comme la Suisse de la solidarité et la volonté de payer un peu plus que certains pays où j’espère que les patients puissent l’obtenir gratuitement. C’est beaucoup plus réaliste que de dire que chacun devrait avoir un accès à tout gratuitement».
Washington, qui accuse Pékin d’avoir dissimulé l’ampleur de l’épidémie, est engagé dans un bras de fer avec l’OMS, accusée par le président américain Donald Trump de s’être « plantée » dans la gestion de la pandémie en s’alignant sur la position chinoise. Il a dans la foulée suspendu la contribution américaine à l’OMS. Mais pour le secrétaire général de l’ONU, « l’OMS est irremplaçable. Elle a besoin de ressources accrues, notamment pour apporter un soutien aux pays en développement, qui doivent être notre plus grande préoccupation », a dit Antonio Guterres.
Malgré l’escalade des tensions entre Washington et Pékin, les pays espèrent adopter lors de cette réunion une longue résolution portée par l’Union européenne qui réclame « l’accès universel, rapide et équitable de tous les produits (…) nécessaires à la riposte contre la pandémie », et souligne le rôle d’une « vaccination à grande échelle contre le Covid-19, en tant que bien public mondial ».
Nomel Essis