Le PDCI RDA, second poids du RHDP était en Bureau politique hier, pour statuer sur la création du parti unifié. Au finish, le Bureau politique a endossé la signature de Bédié portant création du parti unifié, mais les débats ont été très houleux.
La date tant annoncée, c’était hier. Après tous les partis membres du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), à l’exception de l’UPCI, c’est ce dimanche 17 juin 2018 que le PDCI RDA a choisi de se prononcer au cours d’un important Bureau politiquer. Au-delà de l’impressionnant dispositif de sécurité qui a été déployé depuis la matinée, les débats ont été houleux, très houleux même.
Les journalistes n’avaient pas certes accès à la salle du Bureau politique, mais les échos qui leurs parvenaient annonçaient les couleurs. Déjà l’unique banderole dressée à l’entrée de la salle avait un écriteau qui se passait de commentaire : « De Félix Houphouët Boigny à Henri Konan Bédié, le PDCI a vécu, vit et vivra ! Longue vie au PDCI RDA ! » Pour les détails, les choses sérieuses ont commencé ce dimanche à 16H00. Après la mise en place, c’est à 16H10 que le Sphinx de Daoukro a été accueilli dans la salle. Contraire à la tradition où le président Bédié était accueilli avec la chanson éponyme Konan Bédié d’Ernesto Djédjé, cette fois-ci, N’Zuéba n’a eu droit qu’à un accueil débout. Après l’exécution de l’hymne du PDCI dans tous ses couplets, le Bureau politique n’a pas permis aux journalistes d’assister au discours d’ouverture du Bureau politique par le président du parti. Sans aucune forme de procès, ils ont priés poliment de débarrasser le plancher.
Enfermés dans les 4 murs de la salle du Bureau politique, les débats pouvaient commencer. 45 minutes après le début des travaux, le service de communication fait parvenir plusieurs documents à la presse. Il s’agit de la communication faite par le porte-parole N’Dri Narcisse qui a fait un rapport détaillé des travaux du Comité de haut niveau, de la résolution prorogeant le mandat du président Henri Konan Bédié à la tête du parti, du discours du secrétaire exécutif Maurice Kacou Guikahué de deux autres résolutions portant respectivement report du 13è Congrès ordinaire du parti et de la prolongation du mandat de tous les organes du Bureau politique. Dans l’ensemble, le mandat du président Bédié a été prorogé et le 13è Congrès ordinaire est porté sine die.
« Vu les enjeux actuels et futurs et soucieux de la préservation de l’union des militants et militantes autours du président du parti, le bureau politique décide du report du 13 congrès ordinaire après l’élection présidentielle de 2020 » rapporte le communiqué transmis aux journalistes qui fait aussi mention du prolongement du mandat du président Bédié et de tous les organes et structures annexes du PDCI jusqu’à l’organisation du 13ème Congrès Ordinaire (Voir documents ci-dessous). A 17H30 des mouvements se font sentir à l’entrée de la salle. Sur place, l’on constate que manifestement, c’est une petite pause. Le ministre Thierry Tano sort. Il est littéralement happé par quelques membres du BP qui n’ont pas pu avoir accès à la salle et qui voulaient certainement des nouvelles fraîches. Celui-ci lève le pouce en guise de victoire. Victoire de qui sur qui ou de quoi sur quoi ? impossible de deviner quoique ce soit. Mais de 16H à 19H30, où les participants ont observé une pause, ce n’était pas du jeu ! Du dehors, l’on pouvait présager que les débats étaient très houleux. Par moment, l’on entend des huées, des éclats de voix et des applaudissements. Les informations qui parviennent aux journalistes se passent également de commentaires. « Ce que je peux vous dire, c’est que le match est très serré entre les anti et les pro-parti unifié », nous a indiqué un premier cadre qui est sorti pour brûler une cigarette. Un second, un élu, s’est plus explicite sur la nature des débats.
« Je ne reconnais plus le PDCI. Comment peut-on huer des gens qu’on a applaudis hier ? Ce qui est sûr, on s’est allumé, mais le dernier mot revient à Bédié », a-t-il ajouté. Vers 22H, une nouvelle pause intervient. Cette fois-ci, c’est la bonne. Le communiqué final est en rédaction. Renseignement pris, il ressort que jusqu’à cette heure, Bédié a usé de tact et de diplomatie pour renvoyer dos à dos les deux camps qui étaient prêts à tout. Ce qu’il faut retenir, c’est que le PDCI n’a pas dit au parti unifié, mais a endossé pleinement l’accord politique portant création du parti unifié et a donné mandat à Bédié pour poursuivre les négociations. Ce qui revient à dire que pour les négociations sur la question du parti unifié, Bédié est désormais le seul maître à bord. Demain nos analyses et commentaires.
Kra Bernard