La Côte d’Ivoire est en deuil. L’ancien diplomate et ministre des Affaires étrangères, Essy Amara, s’est éteint dans la nuit de lundi à Abidjan à l’âge de 81 ans, a-t-on appris mardi de sources proches de sa famille.
Né le 20 décembre 1944 à Bouaké, Essy Amara fut un diplomate d’exception dont la carrière, s’étendant sur plusieurs décennies, l’a mené au contact des plus grands dirigeants de la planète.
Dernier secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), il fut un proche collaborateur du président Félix Houphouët-Boigny, qui lui confia en 1990 le portefeuille des Affaires étrangères. Homme de l’ombre et fin stratège, il joua un rôle clé dans la diplomatie ivoirienne, notamment en assumant des missions confidentielles et délicates à travers le monde.
Essy Amara débuta sa carrière en 1971, à l’âge de 27 ans, en tant que premier conseiller de l’ambassade de Côte d’Ivoire au Brésil. Il rejoignit ensuite la mission permanente de la Côte d’Ivoire auprès des Nations unies à New York, amorçant ainsi une relation privilégiée avec l’organisation onusienne.
En 1975, il fut nommé ambassadeur en Suisse, puis représentant permanent de la Côte d’Ivoire auprès de l’ONU à Genève. Il se distingua par son engagement au sein du « Groupe des 77 » et par sa contribution à la transformation de l’ONUDI en une institution spécialisée des Nations unies.
En 1981, Houphouët-Boigny le désigna comme représentant permanent de la Côte d’Ivoire auprès des Nations unies à New York, poste qu’il occupa jusqu’en 1990. Son influence permit notamment à la Côte d’Ivoire d’obtenir un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU en 1989, malgré certaines réticences sur la scène internationale.
Ministre des Affaires étrangères de 1990 à 1998, Essy Amara poursuivit ses missions de diplomatie discrète, jouant un rôle central dans la médiation de plusieurs conflits en Afrique, notamment en Angola, au Liberia, en Sierra Leone et en Somalie. Il présida également la 49ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies en 1994, devenant le premier Africain francophone à occuper cette fonction prestigieuse.
Après le coup d’État du 24 décembre 1999 en Côte d’Ivoire, il se retira temporairement de la scène politique avant d’être sollicité en 2000 par Kofi Annan, alors secrétaire général de l’ONU, pour des missions en République centrafricaine et au Congo-Brazzaville.
Proche de nombreux chefs d’État africains, il tenta en 1997 d’accéder au poste de secrétaire général de l’Union africaine, mais sa candidature ne fut pas soutenue par son propre pays à la dernière minute. Il bénéficia néanmoins plus tard du soutien du président Laurent Gbagbo.
Essy Amara laisse derrière lui une empreinte indélébile dans la diplomatie ivoirienne et africaine. Son expertise, son carnet d’adresses impressionnant et son engagement en faveur du dialogue international ont contribué à faire rayonner la Côte d’Ivoire sur la scène mondiale.