Amnesty International a publié ce mercredi un rapport suite aux opérations de déguerpissement lancées par le gouvernement pour prévenir les risques d’inondation.
Selon l’Ong les familles touchées n’ont pas été correctement informées ni consultées sur les procédures d’expulsion ou les solutions de relogement. En conséquence, beaucoup d’entre elles n’ont toujours pas été relogées ni indemnisées pour les pertes subies.
L’organisation appelle les autorités ivoiriennes à mettre en œuvre de toute urgence les mesures de soutien annoncées en mars 2024 et à suspendre les expulsions massives jusqu’à ce que des garanties suffisantes soient mises en place pour protéger les droits des personnes affectées.
Amnesty International dit avoir visité les quartiers concernés entre le 7 et le 19 juin 2024 et a recueilli de nombreux témoignages confirmant l’absence de consultation et d’information préalable. À Gesco, 1 199 familles et 203 propriétaires ont perdu leurs maisons, tandis qu’à Boribana, les destructions ont affecté environ 28 000 personnes selon l’ONG Colombe Ivoire. À Banco 1, un dignitaire local estime que 5 000 personnes ont été touchées.
Les opérations de démolition ont également perturbé la scolarité de nombreux enfants. Par exemple, le Groupe Scolaire Cha-Hélène à Gesco, qui accueillait 800 élèves, a été détruit, laissant des enfants comme Assita, une élève de 4ème, sans école. Waraba, étudiante à l’Université Virtuelle de Côte d’Ivoire, a dû interrompre ses études pour subvenir aux besoins de sa famille après que sa maison a été détruite.
En plus de la perte de logements, des fermiers ont vu leurs moyens de subsistance anéantis. À Gesco, 133 fermiers ont perdu leurs enclos et bassins de pisciculture, sans aucune indemnisation à ce jour. Guillaume, un éleveur, a perdu tout son bétail, et Konima, qui avait investi dans la pisciculture, se trouve désormais endettée et désemparée.
La réaction des autorités ivoiriennes reste insuffisante. Amnesty International a rapporté des cas de violences lors des expulsions, notamment l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre. Le 25 juillet 2024, des affrontements entre résidents et policiers ont éclaté dans le quartier Ebrié d’Adjamé, causant plusieurs blessés.
Amnesty International exhorte les autorités à mettre fin aux expulsions forcées, à garantir le droit à un recours effectif pour les personnes dont les droits ont été violés, et à mener une enquête sur les allégations d’usage excessif de la force.
À ce jour, le gouvernement n’a pas répondu à ces préoccupations.