L’école, dans la région du Bafing, plie sous le poids de nombreux maux : alcoolisme, drouge, violences etc. Des comportements déshonorants adoptés par les élèves de cette localité du pays entraînent des conséquences négatives sur leur vie et leur rendement scolaire.
La violence et l’incivisme sont devenus le sport favori des comportements des élèves de la région du « Fleuve noir ». En début d’année scolaire, l’école à Touba à été secouée par une série de grèves qui au départ était liée à la vente de cahiers d’habiletés par certains enseignants. Leur coût, variait entre 2500 Fcfa et 3000 Fcfa l’unité. Pour faire opposition à cette décision, les élèves ont déclenché une grève de plusieurs jours. Quelques semaines plus tard, les cours sont à nouveau perturbés. Cette fois par des affrontements d’une rare violence entre élèves du lycée gouverneur Abdoulaye Fadiga (LGAF) et ceux du collège privé voisin, Koné Mamadou (CKM), occasionnant plusieurs blessés et les deux établissements saccagés. Trois élèves du lycée ont eu leurs fronts ouverts par des projectiles reçus quand un autre du Ckm était fait « prisonnier ». Ce dernier a eu la vie sauve grâce à la promptitude des travailleurs du lycée qui l’ont sauvé des mains des agresseurs. En plus de ces blessures corporelles, d’importants dégâts matériels ont été enregistrés.
Un pan de la clôture, le portail principal, les compteurs d’eau et d’électricité du collège privé ont été cassés. Les toitures des bâtiments sont perforées par les pierres, des dossiers appartenant aux élèvesont également été détruits par les envahisseurs venus du lycée. Au LGAF, l’un des nouveaux portails a été arraché et le compteur d’eau vandalisé. Cerise sur le gâteau, les forces de l’ordre appelées pour rétablir l’ordre ont été la cible des élèves, déclenchant un affrontement entre les « adversaires ».
Que dire des départs anticipés en congé ? Les élèves sont devenus les maîtres car ce sont eux qui imposent leur diktat. Ils vont des jours avant la date fixée par la tutelle et prolongent leurs congés au-délà de la limite fixée.
Alcool et cigarettes comme de petits pains
L’autre fléau qui gangrène l’école, c’est la consommation de l’alcool et de la cigarette. C’est à la consommation de ces deux destructeurs que les élèves s’adonnent à coeur joie.
Ce qui les pousse à tenir des propos insolents et à défier les professeurs. «Ils perturbent sciemment les cours et quand tu les mets dehors, ils vont se retrouver dans une salle surnommée « la chambre 13″. C’est là qu’ils s’adonnent à toutes sortes de sevices», nous dit un professeur du lycée qui a requis l’anonymat. «Les cours du soir sont pénibles pour nous qui avons un odorat fort. Car en plus de la chaleur, beaucoup de nos condisciples surtout les garçons puent l’alcool et la cigarette », se désole une élève du second cycle de Ckm. Le troisième mal qui sévit dans le milieu scolaire est le libertinage sexuel. Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation sur l’abstinence et les grossesses en milieu scolaire, la bataille « zéro grossesse en milieu scolaire » est loin d’être gagnée dans le Bafing. Pour cette année scolaire, l’on a enregistré une quarantaine de grossesses dont une dizaine au nouveau lycée de Ouaninou. Pis, sur environ 20 cas de grossesses au lycée GAF, la seule classe de 4ème 6 compte six filles enceintes.
Une situation qui inquiète le proviseur Diarrassouba Amadou . «La plupart des élèves engrossées sont du 1er cycle. Et les auteurs de ces grossesses sont généralement des pratiquants de petits métiers, à savoir des menuisiers, des maçons, ou des chauffeurs de taxi moto et même parfois des élèves », a-t-il déploré. Selon lui, «le 1er trimestre de l’année scolaire à venir est déjà hypothéqué pour ces petites filles visiblement inconscientes des conséquences de leurs actes». Très préoccupé par cette triste réalité, le chef d’établissement dit réfléchir à trouver des solutions. «Nous continuons de réfléchir à la meilleure formule pour freiner ce fléau qui fait beaucoup de torts à notre pays», a signalé le proviseur. Le directeur régional de l’éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Doumbouya Issouf n’a pas caché son mécontentement face aux mauvais agissements des apprenants. Lors d’une cérémonie de célébration de l’excellence à Ouaninou, il a invité les élèves à se ressaisir. «Je vous invite aux études sérieuses. La région compte sur vous, et nous également comptons sur vous car vous constituez la relève. Faites-en sorte que ce lycée devienne un quartier latin, c’est-à-dire un lieu de la connaissance. Je vous demande aussi d’allier les efforts scolaires au bon comportement. Sinon on a parfois honte de certains de vos agissements», a condamné Doumbouya Issouf.
Cheick Bakayoko, Correspondant régional