Les vacances permettent aux élèves de se reposer. Et pendant cette période, les parents ont plusieurs options. Et certains choisissent d’envoyer leurs enfants au village. Et les spécialistes les encouragent dans ce sens.
Cette année, les enfants Brou iront passer les vacances dans leur village maternel. Et dès le premier juillet, ces enfants âgés respectivement de 9 ans et 4 ans iront à Bécédi Brignan afin de passer un mois avec leurs parents maternels et cela après maintes insistances de leur génitrice. Cette dernière, enseignante-chercheur, à l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody, explique qu’elle a dû user de persuasion pour convaincre son compagnon, expert-comptable dans une Entreprise de la place, d’accepter que leurs enfants puissent enfin connaître ses parents à elle. « Ses parents à lui sont tous à Abidjan ici sauf sa mère qui est à Bouaké. Et, elle les voit quand elle veut soit quand elle vient à Abidjan soit elle les fait venir à Bouaké pour une semaine ou deux. Mais moi, mes parents sont à Adzopé, précisément à Bécédi Brignan. Il trouve toujours des prétextes pour ne pas que les enfants aillent voir mes parents au village. Mon premier fils qui a neuf ans, ma mère ne l’a vu que quatre fois. Elle n’a pas encore vu la deuxième qui a pourtant quatre ans.
C’est donc une opportunité pour eux de faire un retour aux sources et connaître la culture Abbey», fait-elle savoir formelle. L’enseignante, ajoute que son compagnon craint que les enfants ne soient dépaysés par la vie rurale et exposés à certaines maladies. «Je lui avais pourtant expliqué que le village n’a rien à envier à une ville. Il y a tout, rien ne nous manque », souligne-t-elle. Pour Silué Gninawô, Entrepreneur, il n’y a pas à tergiverser. Ses cinq enfants ont l’obligation de passer les vacances au village, à quelques kilomètres de Sinématiali. Pour ce père de famille, les vacances au village sont indispensable pour l’équilibre des enfants qui, relève-t-il, leur permettent de s’imprégner de leur culture. «C’est nécessaire pour les enfants de connaître leurs cousins, leurs oncles et leurs tantes ainsi que leurs grands-parents. Quand on part, je ne manque jamais de les envoyer dans mes champs, leur montrer mes fermes. Les parents doivent comprendre l’importance du village car si aujourd’hui je meurs, il ne faudrait pas que mes enfants soient rejetés par la famille et que les biens soient confisqués par mes neveux car chez nous c’est le système matrilinéaire et selon les règles du village, ce sont mes neveux qui héritent de mes biens», révèle Silué Gninawô. Si les vacances au village gagnent l’assentiment de certains parents, ce n’est pas le cas de A.B, Assistante de direction dans une Multinationale. Cette mère d’un enfant de 12 ans ne veut surtout pas entendre parler de village comme destination pour son enfant.
Et elle avance ses raisons : les attaques des sorciers de sa famille qui lui ont été révélées par un religieux et qui, si elle n’y prend garde, s’attaqueront à son fils. Elle ajoute qu’étant la cadette d’une fratrie de trois enfants, sa sœur et son frère sont morts dans des conditions très mystérieuses. «C’est un religieux qui a vu tout cela et qui m’a permis de ne pas être la prochaine sur la liste. J’avais des problèmes pour concevoir et c’est par l’intercession de mon père spirituel que j’ai pu avoir mon fils. Il ne doit surtout pas aller. Pour les vacances, il ne s’ennuie jamais, nous avons toutes sortes de distractions et d’activités pour lui », explique-t-elle. Et pourtant, selon Ekissi Armel, psychologue et Responsable Enfants-jeunes du Réseau d’aide psychologique (Rapsy), les vacances au village ont plusieurs avantages. Notamment, ceux d’apprendre à parler sa langue maternelle, de connaître ses origines et les membres de sa famille élargie et d’apprendre les pratiques culturelles. «Des stéréotypes existent sur les vacances au village. Plusieurs choses se disent sur le village. Néanmoins, nous demandons aux parents avant d’envoyer leurs enfants au village, d’avoir un certain nombre d’informations sur la qualité de l’eau, qui prendra soin de l’enfant et quel sera son régime alimentaire », préconise le psychologue.
Attention à l’environnement des enfants
Le Responsable Enfants-jeunes poursuit en indiquant que les vacances doivent être organisées en trois périodes. Le premier mois, dévoile-t-il, doit être consacré à l’enfant et sa famille. Il faut, selon le psychologue, laisser l’enfant jouer avec les membres de sa famille, avec sa mère son père et ses frères et sœurs. «C’est vraiment important pour son équilibre psychologique parce que cela le rassure. Le deuxième mois est réservé aux colonies de vacances ou voyage au village selon le choix. Et le troisième mois, doit être consacré aux cours de vacance», instruit Ekissi Armel. Cependant, les vacances en milieu rural, si elles présentent plusieurs avantages, peuvent avoir des inconvénients. Ainsi, les enfants peuvent être soumis à plusieurs risques qui peuvent être liés à l’environnement physique qui va recevoir l’enfant. La qualité de la maison par exemple qui doit être spacieuse, propre et aérée. Selon le spécialiste, une maison sale et moins spacieuse peut occasionner des maladies. Il faut aussi s’inquiéter des risques de contamination liés à la qualité de l’eau et du régime alimentaire infligé à l’enfant car l’eau sale peut être vectrice de plusieurs maladies.
Le psychologue indique qu’il faut également tenir compte de l’environnement social. «Les parents doivent se méfier des fréquentations de leurs enfants, des personnes avec qui ils jouent. En effet, certains de leurs camarades peuvent manifester de la jalousie pouvant aller aux affrontements. Il peut aussi s’installer des conflits d’intérêts dans la maison d’accueil. «Il est un peu délicat de parler de sorcellerie et effrayer inutilement les parents. La sorcellerie, c’est la jalousie et face à cela, en tant que spécialistes, nous demandons aux parents de bien nourrir leurs enfants pour éviter qu’ils soient empoisonnés et de contrôler leurs sorties et fréquentations», recommande le consultant du Rapsy.
Napargalé Marie