Le Premier ministre Patrick Achi a décidé de relancer le dialogue politique. Il a invité les différentes chapelles politiques à lui faire des propositions de sujets. Il a souhaité que chacun mette sur la table ses préoccupations afin de trouver une solution définitive pour apaiser tous les cœurs et permettre aux Ivoiriens de réapprendre à vivre ensemble.
Hélas, cette grande ouverture d’esprit qui caractérise le locataire de la Maison blanche du Plateau, a été très mal comprise par les opposants ivoiriens qui croient avoir trouvé là, une occasion en or pour obtenir d’un trait ce qu’ils n’ont pas eu avec le boycott actif, la désobéissance civile et le Conseil national de transition d’octobre 2020. Ils demandent la libération des militaires et des individus qui ont fait couler le sang de leurs concitoyens. Ils réclament la relaxation pure et simple des individus pris en flagrant délit de complots contre la République dont certains ont avoué les faits. Ils sollicitent le retour de toutes les personnes qui se sont exilées volontairement alors que personne ne les poursuit en Côte d’Ivoire. Ils vont même jusqu’à demander des choses qui ne les regardent pas et qui n’ont aucun lien avec la politique comme le recrutement à la Fonction publique des 3000 étudiants titulaires d’un doctorat.
Un nouveau découpage électoral, une nouvelle Cei, un nouveau Conseil constitutionnel, une nouvelle Constitution figurent dans leur «livre blanc». Ils réclament tout sauf le fauteuil du Premier ministre et celui du président de la République. On tombe des nues. Camille Makosso, l’activiste des réseaux sociaux, se demanderait certainement : « Est-ce qu’on peut faire ça ?».
La question qui se pose est de savoir quelle sera l’attitude du Premier ministre face à toutes ces manœuvres de diversion dont l’objectif réel et inavoué est de demander un partage des portefeuilles ministériels dans une sorte de gouvernement de transition, d’union ou d’ouverture, c’est selon. Ils se croient cachés mais dans cette République tout se sait d’une manière ou d’une autre.
De toute façon, le Premier ministre Patrick Achi n’est pas un novice en politique. Il est largement outillé pour faire face à la situation. Le chef de l’Etat a prévenu que le temps des gouvernements Nzassa où chaque ministre vient au Palais avec son agenda personnel ou sa feuille de route différente de celle du gouvernement, est révolu. Le dialogue qui n’a jamais été rompu, du reste, continuera mais il ne doit se faire à n’importe quel prix. L’Etat est au travail. Si la main qui demande reste en bas, elle en tirera des dividendes. Mais dans l’arrogance et le mépris de ceux qui incarnent les institutions, les opposants n’obtiendront rien. Ils le savent très bien car ils n’ont certainement pas oublié d’où ils viennent. Le discours de Katinan et consorts tendant à remettre en cause la légalité du régime et à évoquer leur prétendue victoire à la présidentielle de 2010 sont de nature à faire rejeter leurs doléances. Quand on a perdu une élection et une guerre, il faut savoir raison garder. Patrick Achi les attend mais, la balle est dans leur camp. Oui au dialogue constructif mais non au dialogue de la défiance et de l’arrogance, telle est la bonne prescription.