Le Premier ministre de Côte d’Ivoire, Amadou Gon Coulibaly, a achevé une visite officielle, de 48 heures dans le Goh. Si le chef du gouvernement ivoirien peut aller partout en Côte d’Ivoire rencontrer ses concitoyens, il n’en demeure pas moins vrai que cette visite dans le Goh est chargée de symboles.
Gagnoa, c’est connu, est le fief de l’ex-président Laurent Gbagbo et son poulain Charles Blé Goudé, tous deux incarcérés à la prison de Schevenningen à la Haye à la suite des accusations du Bureau du procureur de cette institution judiciaire internationale. Cette région est également celle de plusieurs autres pontes de l’ancien régime mais aussi et surtout, celle de nombreux irréductibles du Fpi qu’on surnomme les Gor, entendez « Gbagbo ou rien ». Pour ces derniers, partisans de la ligne dure, ils le disent à qui veut l’entendre, qu’ils ne participaient à aucune action initiée par Alassane Ouattara et son gouvernement tant que leurs deux leaders (Gbagbo et Blé Goudé) sont incarcérés dans les geôles de la Cpi. Il est donc hors de question d’aborder avec eux la question de la réconciliation nationale prônée par le président Ouattara. Leur parler donc du « vivre ensemble » est une vue de l’esprit, un leurre.
Mais ce week-end, il était particulièrement important de noter la présence significative à l’accueil du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly), des personnalités comme Kadet Bertin, ancien ministre de la Défense, et de l’ambassadeur Allou Eugène qui fut directeur du protocole d’Etat sous Gbagbo. Les images qui proviennent de Gagnoa, avec l’engouement des populations sont éloquentes et attestent du succès de cette visite. Cela démontre que les lignes sont en train de bouger car à la vérité, personne n’a enchainé ou obligé les populations de Gagnoa à aller accueillir le PM. Cela dit, c’est seulement en rentrant dans le jeu politique que les Frontistes pourraient recueillir des dividendes politiques et avoir une oreille attentive du régime d’Abidjan. Des projets de développement ont été lancés. Des œuvres ont été inaugurées. L’exemple du Rdr, aujourd’hui au pouvoir, doit servir d’exemple aux partisans de Gbagbo étant entendu que la politique de la chaise vide n’a jamais payé. Nulle part. Le boycott des Législatives a été nuisible au Rdr en décembre 2000 quand il a refusé de participer aux Législatives après le rejet de la candidature de Ouattara à Kong. Le président Ouattara lui-même avait invité le Fpi à mettre fin à ses boycotts tous azimuts en s’inspirant de son passé. Le Fpi qui compte un nombre important d’éminences grises doit pouvoir en tenir compte.
Avec la bonne ambiance de cette visite du PM dans le Goh, les parents de Gbagbo et Blé Goudé doivent saisir la main tendue du gouvernement comme l’avait plutôt suggéré l’ex président François Hollande, en visite en Côte d’Ivoire : « Ce parti, s’il veut exister demain, doit être présent aux élections ». Affi N’Guessan a bien compris ce message du prédécesseur d’Emmanuel Macron. Il est, pour avoir observé ce conseil, député à l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Les « Gbagbo ou rien » doivent aussi saisir l’opportunité de cette visite du PM dans le Goh pour prendre leur place dans le train de la réconciliation car les boycotts ne feront que les enfoncer davantage. Apres avoir refusé d’appeler leurs partisans à s’enrôler sur la liste électorale, ils ont quelque peu réduit les chances de leurs cadres à gagner la bataille des municipales à venir. Aujourd’hui, même si Abou Drahamane Sangaré appelle encore une fois au boycott des municipales, il n’est pas sûr qu’il puisse étouffer les ambitions légitimes des cadres de son parti. Mieux vaut donc aller à la réconciliation qui favorisera le dialogue.
MT