A la surprise générale, les Ivoiriens ont appris par le biais de son avocate Habiba Touré que l’ancien président, Laurent Gbagbo s’est déplacé en personne dans les locaux de l’ambassade de Côte d’Ivoire en Belgique pour faire une demande de passeport.
Le gouvernement ivoirien par son porte-parole, dit avoir été informé par sa chancellerie bruxelloise de cette démarche qui aurait été banale, s’il n’y avait pas une intrigue politicienne qui la soutenait.
Le jeudi 30 janvier, à l’occasion de la présentation des vœux de la presse au Chef de l’Etat, Alassane Ouattara a pourtant tendu une perche à l’ancien président que celui-ci aurait pu saisir pour régler directement son problème. Le président de la République avait, en effet, dit : « Laurent Gbagbo c’est mon jeune frère et je suis le président de la République de Côte d’Ivoire. Je crois aussi qu’il a été acquitté par la Cour pénale internationale et il est en liberté provisoire en Belgique. C’est à lui donc de m’appeler pour prendre de mes nouvelles et celles de la Côte d’Ivoire ».
Pourquoi Gbagbo évite le chef de l’Etat et préfère aller voir ses obligés ? Quel ambassadeur au monde dans la situation comme celle-ci peut faire droit à la requête du fondateur du Fpi sans se référer à sa hiérarchie ? Vu que Gbagbo ne s’est pas retrouvé en Belgique à la suite d’une balade hasardeuse, le bon usage aurait voulu qu’il solde ses comptes avec ceux qui l’ont remis à la justice internationale.
En la matière, il doit ouvrir la phase politique de son contentieux avec Ouattara comme il le réclamait le jour de son arrestation le 11 avril 2011. Dans la situation où il se trouve, il ne perd rien à suivre la voie royale qu’avait tracée Affi N’Guessan pour lui en allant discuter avec le palais d’Abidjan.
L’on se souvient que le président du Fpi a été désavoué par les caciques du système GOR (Gbagbo ou Rien) qui, à la vérité, ne reconnaissent pas Ouattara comme le président de la République. C’est cela le fond du problème et rien d’autre.
C’est l’unique contentieux à vider. Dès que cette contradiction principale sera réglée, tout le reste s’ensuivra. Le problème de passeport et même de retour au pays sont des petites choses à côté de la contradiction principale.
La dernière fois où les Ivoiriens ont entendu la voix de Gbagbo, c’était devant les juges de la Cpi où il disait encore que c’est celui qui a perdu les élections qui porte la responsabilité des 3000 morts de la crise de 2010, étant entendu que c’est lui, le grand vainqueur. Là où on se perd en conjectures, c’est quand on constate qu’il ne reconnait pas Ouattara comme président de la République mais, il reconnait l’autorité de l’ambassadeur qui a été nommé par Ouattara. Tout de même curieux.
10 ans après la crise de 2010, Gbagbo ne reconnait pas encore avoir perdu les élections malgré les graves aveux de son juge constitutionnel Yao Ydré selon lesquels il était possédé par le diable quand il annulait le vote d’une moitié du pays afin de déclarer Gbagbo vainqueur.
Peu importe aujourd’hui. La balle est dans la main de Gbagbo. Avec sa mise en liberté, c’est comme s’il venait d’obtenir un penalty à la fin du match. Le reste ne dépend que de lui et non de ses adversaires. De deux choses, l’une.
Ou il est très puissant actuellement, il peut revenir tranquillement en Côte d’Ivoire et devenir candidat le 31 octobre sans aucun appui institutionnel, juridique, sécuritaire, logistique…Ou il reconnait que c’est Ouattara, l’actuel Président de ce pays en lui écrivant un courrier avec l’adresse suivante : « A Son Excellence Monsieur le Président de la République de Côte d’Ivoire ».
Gbagbo doit tirer son penalty, depuis les gradins, nous observons et retenons notre souffle.
MT