Déposer une plainte contre X, c’est prendre le risque d’ouvrir une boîte de Pandore. Dans le cas de Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, l’affaire du parainnage falsifié pourrait se transformer soit en un atout politique ou en piège judiciaire. Tout dépendra de la solidité des preuves avancées et de la sincérité de sa démarche.
L’audition, première étape décisive
Entendu par la police criminelle, Affi N’Guessan n’a plus droit aux slogans. Il doit désormais prouver ses accusations de falsification. Chaque pièce sera décortiquée du mode de collecte des parrainages, jusqu’au dernier cachet transmis au Conseil constitutionnel.
Si ses dires tiennent la route, les faussaires pourraient bien se retrouver dans le box des accusés. Mais si ses allégations s’effondrent, c’est lui qui risque d’être happé par le piège judiciaire qu’il croyait tendre aux autres.
Le danger de la surenchère
Dans le contexte électoral actuel, la tentation est grande d’amplifier les accusations pour mobiliser ses partisans. Pourtant, la surenchère verbale est à double tranchant.
Accuser sans fondement expose à des poursuites pour dénonciation calomnieuse.
Ainsi, celui qui pensait dévoiler un complot pourrait être rattrapé par ses propres exagérations.
Une enquête qui peut s’élargir
Affi n’est pas le seul à avoir évoqué des irrégularités. D’autres candidats ont également dénoncé des fraudes dans le processus de parrainage.
L’instruction pourrait donc être élargie afin de dissiper, une fois pour toutes, le voile de suspicion qui pèse sur les institutions électorales :
• examiner l’ensemble des dossiers dès lors qu’un doute est soulevé.
• retracer l’existence éventuelle de réseaux d’intermédiaires indélicats ou de faussaires.
Une telle extension conférerait à l’enquête une portée globale. Il ne s’agirait plus de « Affi contre le système », mais d’un examen approfondi des pratiques susceptibles d’affaiblir et de discréditer le processus électoral.
Le retour de flamme des accusations infondées
Le droit réprime aussi bien la falsification de documents que la dénonciation mensongère.
Ainsi, lorsqu’un candidat dépose un dossier comportant des parrainages frauduleux ou en doublon, sa candidature est déclarée irrecevable ou rejetée par la conseil constitutionnel.
Il peut toutefois, le cas échéant, intenter une action contre les auteurs de ces parrainages fictifs.
A l’inverse, celui qui avance des accusations sans preuves tangibles s’expose aux mêmes sanctions. La règle demeure claire : dans l’arène judiciaire, une accusation infondée se retourne inévitablement contre celui qui l’a portée.
Que la vérité triomphe, pour que vive la démocratie
La plainte d’Affi N’Guessan a tout d’un pari de joueur. Si la mise est bonne, il sort grandi en dévoilant une fraude. Mais si elle repose sur du sable, c’est lui qui se retrouvera pris dans le filet qu’il a jeté.
Le juge, lui, n’a pas le luxe de la conjecture. Il doit trancher à la serpe, sans tremblement ni approximation. Peut-être, en élargissant son enquête, il distinguera le vrai grain de la fraude de l’ivraie des accusations fantaisistes.
Kalilou Coulibaly, Doctorant EDBA, Ingénieur