L’investissement dans l’élevage de la volaille n’est pas toujours aisé nonobstant les astuces et bonnes pratiques qui foisonnent. Mais Djué Kouamé Francis, agent retraité de l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER), référent national traditionnel en matière d’encadrement agricole, dévoile dans cet entretien accordé à L’Expression, quelques astuces pour un démarrage correct et une meilleure rentabilité.
L’élevage des volailles, plus précisément celui du poulet, est en vogue. Mais, est-ce qu’il y a un secret préalable qu’il faut connaître avant de se lancer ?
Pour réussir, il faut se former en plus des termes qu’il faut s’approprier. Au niveau de la volaille, il faut savoir les races qui sont propices pour l’élevage. Parce que certaines races se développent mieux que d’autres. Il faut aussi savoir comment installer le bâtiment. Il y a une manière de l’orienter pour éviter que le soleil ne pénètre dans la ferme. Les longueurs et largeurs doivent être construites avec 3 rangées de briques superposées sur lesquelles il faut mettre des grillages de sorte à laisser circuler l’air. Il y a également des dimensions dont il faut tenir compte pour construire la ferme. Pour les poulets de chair, il faut prévoir 10 poussins au m². Ainsi pour 1000 poussins, il faut prévoir 100 m² au minimum par exemple. Au niveau des coquelets, le m2 doit prendre en compte 5 à 6 sujets. Il en est de même pour les pondeuses. Donc il faut connaître ces dimensions, sinon les poussins se retrouvent dans un petit espace, ils peuvent se bouffer entre eux et les mortalités vont suivre. L’autre règle de base dont il faut tenir compte, c’est le fait d’avoir de l’eau en permanence dans la ferme. Et surtout de l’eau de puits puisque l’eau de robinet contient du chlore. La moindre négligence porte préjudice. Pour ce qui est du sol, faut passer du ciment à l’intérieur de la ferme et après ajouter des débris de bois.
Qu’en est-il des vaccins ?
La vaccination doit suivre un protocole en fonction du nombre de jours ainsi que les vitamines. Au cours de l’élevage de la volaille, il y a un nombre de vaccins à faire. Sinon on expose les sujets. Mais le fermier doit stopper les vaccins à l’approche de la vente des poulets qui ont certes toujours besoin de vaccin. Que ce soit les poulets de chair comme les poulets dit africain. Vous constaterez parfois des épidémies après des périodes de fêtes. Parce qu’à l’approche des fêtes, les poulets viennent de partout et parfois avec des maladies.
Quels types de nourritures faut-il donner aux poussins ? Et est-ce qu’un éleveur peut concevoir la nourriture de ses sujets au lieu de s’approvisionner auprès des sociétés reconnues pour une question d’économie ?
Il y a deux types de nourriture. Pour les poussins de 0 à 21 jours, il y a ce qu’on appelle aliments de démarrage. A partir de 21 jusqu’ à 45 jours, c’est l’aliment de croissance. Pour l’éleveur qui a les moyens, il peut lui-même fabriquer la nourriture des volailles. Tous les producteurs qui ont suffisamment d’argent ont une petite cuisine dans leur ferme où se trouve une broyeuse. Parce qu’il y a non seulement le maïs, le calcaire et les tourteaux de blé ou de coton, les têtes de poissons secs, les coquilles d’escargot (…) qu’il faut broyer. Et tous ses aliments doivent être homogènes.
A quelle fréquence doit se faire l’entretien d’une ferme ?
L’entretien d’une ferme doit se faire au quotidien. Nous avons les mangeoires, dans lesquelles on met les aliments et les abreuvoirs dans lesquels on met de l’eau où les poussins défèquent la plupart du temps. Il faut donc les laver chaque matin. La nuisance sonore est un élément à ne pas négliger. Quand il y a beaucoup de bruits, cela stresse les poussins. Pour les fermiers qui ont des véhicules, il faut les garder loin. Aussi pour les personnes qui séjourneront dans la ferme parfois des acheteurs, il faut un produit désinfectant à l’entrée de la ferme de sorte à ne pas contaminer les poulets avec les microbes qu’on transporte sous nos chaussures.
« Une fois les 45 jours atteints, les poulets doivent être vendus dans un délai de 15 jours sinon … »
Après 45 jours où les premiers poulets arrivés à maturité ont déjà été vendus, quelles précautions faut-il prendre lorsque de nouveaux poussins arrivent ?
L’idéal serait d’avoir deux fermes de 100 m² chacune. Une fois les poulets vendus, il faut les désinfecter et laver la ferme pour tuer tous les microbes bien avant de faire venir d’autres poussins. Si cela n’est pas fait vous constaterez des mortalités au niveau des nouveaux sujets à cause des germes. La période de 45 jours atteinte, vous devez vendre les poulets dans un délai de 15 jours. Sinon les poulets ont tendance à consommer plus d’aliments. Et les nourrir pendant ces deux semaines supplémentaires engendre des dépenses. C’est pourquoi dans le business de la volaille, il faut avoir un bon portefeuille client avant que les poulets n’arrivent à maturité. Autrement dit, il faut trouver des marchés pour vite écouler ses poulets.
Comment savoir qu’on a rentabilisé après avoir vendu une première vague de poulets ?
Pour faire le prix de revient, vous devez multiplier par exemple 2000 FCFA par le nombre de tête acheté. Non sans oublier de tenir compte des aliments achetés, du coût des poussins à l’achat et des produits vétérinaires, etc. Aussi le salaire du gardien de la ferme. C’est tout ce calcul qu’il faut faire avant de savoir le bénéfice à la fin.
Un dernier conseil à ceux qui veulent se lancer dans le business de l’élevage ?
Je dirai que l’élevage nourrit son homme. Cependant il faut connaître le b.a.-ba avant de commencer. Avoir quelques notions, une formation sur l’élevage sera bénéfique. Les formations se font partout. Elles peuvent se faire en suivant dans une ferme. Beaucoup d’éleveur ont des stagiaires, qu’ils forment. En cas d’indisponibilité pour pouvez envoyer une personne de confiance, qui va suivre comment conduire un élevage. Après cela, vous pouvez commencer.
Réalisé par Isaac K. Coll Serge Alain N’zebo (stagiaire)