Les 3 et 4 avril 2024, la Centrale syndicale plateforme nationale organise son premier congrès ordinaire à Abidjan. A moins d’une semaine de ce rendez vous historique, l’infoexpress s’est entretenu avec le président Théodore Zadi pour situer les enjeux. Lisons!
Bonjour, Président Zadi Gnagna. Quels sont les principaux défis auxquels la plateforme nationale a dû faire face depuis sa création en 2015, et comment ces défis ont-ils influencé la décision d’organiser son premier congrès ordinaire les 3 et 4 avril prochain ?
Merci. La centrale syndicale plateforme nationale sera effectivement à son premier congrès ordinaire depuis sa création, les 3 et 4 avril prochain. Depuis 2015, qui est la date de création, nous avons choisi le combat syndical pur, pratiquement au détriment de l’organisation, la structuration de notre mouvement. Et après une dizaine d’années de combat acharné pour le bien-être des travailleurs, le moment est venu pour nous de nous arrêter pour faire le point de nos activités, tirer les leçons des acquis, des échecs aussi et construire une organisation encore plus forte avec un encrage national, international et professionnel avéré. Toujours engagé aux côtés des travailleurs. Donc, ce congrès est important parce qu’il va décliner la nouvelle plateforme nationale. En effet à sa création elle n’était qu’une faitière, un groupe de 25 syndicats de base qui ayant fait le constat que les syndicats ou les organisations fédératives ou centrales existantes connaissaient une certaine léthargie dans la conduite des luttes et ayant également observé que des combats étaient restés en suspens, notamment la question de la retraite, la question du stock des arriérés, la question de journaliers depuis plus de 10 ans. Ces syndicats de base ont décidé de se mettre ensemble pour mener la lutte. C’est pourquoi la plateforme est d’abord un instrument de lutte mis en place par les syndicats de base pour mettre fin à la léthargie, pour mettre fin à un manque d’engagement observé. Mais aussi montrer que c’est par l’union et la solidarité que nous pouvions faire bouger les lignes. Lorsque nous avons mis en place la plateforme par cette vision, l’objectif a été de régler des problèmes que nous avons observés. Une faitière composée des six familles d’emploi notamment du secteur public et ces syndicats ont mené la lutte dont les résultats sont connus.
En 2017, nous avons engagé la plus grande grève dans l’histoire de la Côte d’Ivoire qui a abouti au règlement de plus de cinq points de revendications : la question de la retraite, la question du stock des arriérés, la question de l’intégration des journaliers, la bonification indiciaire et la liberté syndicale en Côte d’Ivoire. À partir de 2017 lorsque le gouvernement décide de renouveler la base de données des organisations syndicales pour faire la liste définitive des organisations considérées comme centrales, nous avons postulé en 2018 et en février 2019 un arrêté est sorti qui fait de nous une centrale de travailleurs. À partir de ce moment, notre statuts change et les obligations nouvelles se font jour. Nous ne sommes plus donc une organisation uniquement pour le secteur public. Il était nécessaire pour nous de nous étendre au privé. À partir de 2019, nous avons travaillé à accroître notre audience dans le secteur privé. Aujourd’hui partie de trois fédérations du secteur public, nous avons cinq fédérations du secteur public et au privé, nous avons deux grandes fédérations dans le secteur agricole et dans le secteur de la sécurité privée. Donc nous sommes une confédération et il fallait que tout cela soit matérialisé à un congrès pour présenter la nouvelle plateforme nationale dans ses nouveaux habits et mettre fin à ce que nous avons été hier. Et montrer aux yeux du monde, ce que nous sommes aujourd’hui, c’est-à-dire une confédération syndicale appelée plateforme nationale des travailleurs de Côte d’Ivoire. C’est le sens profond de ce congrès.
Pourriez-vous nous indiquer le lieu et le thème de cet événement ?
Ce congrès va se tenir les 3 et 4 avril 2024 au siège social de sneppci à Yopougon Sable. Et le thème, c’est « Quelle plateforme nationale face au défi du monde du travail, dans un contexte de trêve sociale ? ». Ce sera l’occasion pour nous de modifier les textes et d’avoir de nouveaux textes qui respectent les normes nationales et internationales. La deuxième chose ; ce congrès nous permettra d’adopter notre politique générale. Cette politique présente les principes et les valeurs qui fondent notre existence. Nous sommes une organisation de lutte au service des travailleurs et de la paix sociale. Nous privilégions le dialogue social mais nous pouvons également utiliser les moyens de pression : la grève quand cela est nécessaire. Voilà, nos grands principes, cette politique général, nous permet également de dénoncer les grandes orientations des luttes à venir. Il s’agira pour nous d’asseoir une vision nationale, c’est-à-dire faire en sorte que la plateforme ait une audience sur l’ensemble du territoire. Renforcer cette audience, au plan professionnel, au plan structurel. Ensuite, au plan international, accroître l’audience de la plateforme nationale. Au niveau de la communication, accroître la visibilité de la plateforme nationale et développer une autonomie financière. Faire en sorte que la plateforme soit reconnue dans ces habits de centrale syndicale conformément à l’arrêté qui a été pris. Continuez le combat pour l’amélioration des conditions salariales des travailleurs et être toujours aux côtés des plus faibles, les retraités, les femmes et les handicapés. Voilà notre vision déclinée dans cette politique générale qui sera adoptée. Nous adopterons également un budget du mandat de 5 ans. Ce budget qui est pluriannuel nous permettra de conduire notre politique sur la base d’un budget et d’un plan d’action qui va en découler plus tard. Ensuite des motions de remerciement, de reconnaissance aux différentes autorités depuis le président de la République jusqu’aux ministre concernés vont être lues. Des résolutions vont en sortir et une des résolutions sera le changement de dénomination de la plateforme nationale. Qui va s’appeler « Confédération syndicale plateforme nationale des travailleurs de Côte d’Ivoire», en abrégé, Centrale syndicale plateforme nationale (CSPFN). Voilà les grandes résolutions qui seront débattues au congrès. Donc la question, « Quelle plateforme nationale face au défi du monde du travail, dans un contexte de trêve sociale ? ». Ce thème nous permet de débattre les questions liées au monde du travail en plein évolution rapide. D’aborder le problème du travail décent, de la protection sociale, etc.
Combien de congressistes sont attendus et quelles sont les organisations invitées ?
Nous attendons plus de 1500 délégués qui viendront de l’ensemble de la Côte d’Ivoire. Le premier jour, ce sera les travaux internes qui vont réunir 300 délégués qui vont travailler, élire les nouveaux organes. Il s’agirait d’élire le nouveau président de la plateforme nationale. Ensuite le commissariat au compte et le comité de contrôle. Les trois organes seront élus le mercredi 3 avril, nous allons adopter les textes, en interne, entre les délégués. Le deuxième jour, c’est-à-dire le 04, le Congrès est ouvert à tous nos délégués et à tous les travailleurs qui viennent de l’ensemble du territoire. Nous avons aussi invité des camarades de 8 pays étrangers. Qui ont déjà confirmé. À savoir : La France, la Turquie, le Togo, le Bénin, Congo Brazzaville, le Gabon, le Brésil, le Sénégal. Ce sera un congrès qui va démontrer l’ancrage international de la plateforme nationale. Ces camarades viennent exprimer leur solidarité à notre mouvement. Nous avons invité nos camarades au plan national. Les autres centrales syndicales sont invitées, plus des organisations internationales avec qui nous sommes partenaires. En plus des autorités. Ce congrès est placé sous le haut patronage du Premier ministre, sous le patronage, le parrainage de la ministre d’État, Ministre de la fonction publique. Sous la présidence effective du ministre de l’Emploi de la protection sociale. Sous la coprésidence du ministre des transports Amadou Koné et du ministre de la santé.
Serez-vous candidat à ce congrès et quelles sont vos motivations ?
Je suis candidat à ma propre succession. Parce que je sens la confiance de nos camarades, nous avons fait beaucoup de choses ensemble. Quand on sait d’où nous sommes partis hier d’une simple faitière, à ce que nous sommes devenus. Les résultats auxquels nous sommes parvenus au niveau national dans l’amélioration des conditions salariales et sociales des travailleurs. Je sens que les camarades veulent me renouveler la confiance et j’ai accepté pour continuer le travail. Le point d’ancrage de mon combat sera de faire en sorte qu’enfin notre statut de centrale soit reconnu pleinement et entièrement. C’est ça qui est la base de notre combat à venir.
Quel appel souhaitez-vous lancer ?
Je demande à tous nos camarades de venir massivement comme ils l’ont toujours démontré quand la plateforme organise des assemblées. Le jeudi 4 avril est la partie ouverte, la partie solennelle du Congrès. Ils sont donc invités qu’ils soient à Abidjan ou à l’intérieur du pays. Dieu merci. Ce sera une période de vacances pour nos camarades enseignants, mais tous les autres travailleurs sont invités à venir massivement pour démontrer leur attachement à la plateforme, démontrer aux yeux du monde national et international que c’est la plus grande centrale de Côte d’Ivoire et également nous donner la force de continuer le combat. Je vous remercie.
Entretien réalisé par Fulbert Yao.