Après un communiqué produit par les services d’Affi N’guessan aménageant le secrétariat général du Front populaire ivoirien (Fpi), et qui met fin aux fonctions des secrétaires généraux, à la suite d’une déclaration allant contre la volonté du président, dans cet entretien, Diabaté Bêh, membre du secrétariat remanié dénonce l’attitude du président.
Bonsoir monsieur la maire, vous venez de voir certainement le communiqué du président du Fpi, qui a renouvelé le secrétariat général, en vous mettant de côté. Qu’est-ce que vous pensez de cette manière de faire?
Il est libre de le faire. C’est lui le président du parti. Il estime que nous ne sommes plus en mesure de travailler avec lui. Nous allons prendre nos responsabilités. Ça, ce n’est pas un problème. Je suis militant du Fpi. On ne peut pas me radier du Front populaire ivoirien. Il a tout juste dit qu’il m’enlevait le poste qu’il m’avait confié. Je continue de militer. Je suis un militant de base désormais.
N’est-ce pas la conséquence de votre sortie la dernière fois?
Bien sûr, c’est pour ça qu’il le fait. Nous pensions qu’il allait y avoir un débat, mais il n’y a pas eu de débat. Normalement, quand un militant est en faute, on l’entend d’abord. On dit, comme tu as commis une telle faute? On fait le débat et on décide. On dit, à partir du moment où la faute est grave, on te relève de ta fonction. Mais il n’y a pas eu tout ça. Vous vous rendez compte que je ne suis pas le seul.
Effectivement !
Je ne sais pas comment il va travailler.
Vous êtes accusé d’être un traître
Oui, ça, ce n’est pas un problème. Ce n’est pas la première fois qu’on me dit que je suis un traître. Quand j’ai décidé de soutenir Affi, parce que je pensais qu’il était victime d’une injustice, j’ai été traité de tous les maux d’Israël. On dit que je suis un traître, un homme du nord. On m’a insulté. J’ai perdu plein d’amitiés pour ça. Mais, je n’ai pas changé, puisque je voulais qu’on respecte les textes de mon parti. Aujourd’hui, j’estime que le fait que le parti aille de gauche à droite, n’est pas sérieux. Qu’il devienne un essuie-glace, je refuse. Si pour cela, je jugé de traître, ce n’est pas grave. Ça me glisse sur la peau. C’est quel parti politique, qui chaque année à de nouvelles alliances, et ce n’est pas sur le point de finir. C’est quoi tout cela, de vous-à moi. Chaque année, nous sommes avec de nouvelles personnes.
Ne dit-on pas que la politique, c’est la saine appréciation des réalités du moment ?
Malheureusement, cette appréciation, lui fait perdre toujours. Quand quelque chose te fait perdre tout le temps, tu ne peux pas rester dans la même chose. D’abord, nous étions ensemble, nous ne nous sommes pas entendus, nous nous sommes séparés, le Ppa-CI et Fpi. En 2018, on a fait une alliance avec le PDCI. Après, nous sommes sortis de cette alliance. En 2020, nous lui avons demandé d’aller aux élections, après qu’on eut eu les parrainages nécessaires. Un beau matin, il s’est levé pour rejoindre les gens de la désobéissance civile. Les gens du PDCI qui avaient refusé de continuer l’alliance avec nous, il est allé les rejoindre. Résultat, aux élections, nous n’avons eu aucun député, parce que nous ne sommes pas constants. Les ivoiriens nous ont sanctionné dans les urnes. Nous n’avons pas eu de députés. En 2023, tu as estimé que comme nous sommes isolés, que nous allons avec le Rhdp. Nous nous engageons et deux mois après, tu dis, tu n’es plus dedans. Finalement, on va avec qui ? On fait quoi ?
Certains affirment que c’est votre partenariat avec le Rhdp qui a fait que le président Affi a perdu dans le Moronou.
Non, ce n’est pas le partenariat qui a fait qu’il a perdu. C’est le fait d’être inconstant qui a fait qu’il a perdu. Sinon, le partenaire a retiré son candidat et l’a financé. Alors pourquoi il a perdu ? C’est ton rapport avec la population qui fait l’élection. L’élection, c’est d’abord toi-même. Toi-même, tu fais d’abord 50% de la stratégie, en tant qu’individu. C’est ce que nous avons appris dans la stratégie politique. Jacques Séguéla, l’un des plus grands communicateurs en politique, disait, que quand quelqu’un est candidat, la première question qu’on lui pose, c’est “qui est le candidat“, avant que le parti n’intervienne. En un mot, toi-même, ta personnalité. Si je perds, je dois avoir le courage de faire le diagnostic. Pourquoi j’ai perdu ? Mais je n’accuse pas le partenaire, dès que j’ai perdu. Tes militants étaient où ? Est-ce qu’ils t’ont voté ? Puisque tu as eu 35% du suffrage
Il se raconte qu’il a été sanctionné par les militants.
Si cela a été saches que ta stratégie n’était pas bonne. Qui a proposé l’alliance ? Qui a proposé le partenariat ? Est-ce que ce sont les militants ou bien c’est lui ?
Vous, en tant que vice-président, vous pouvez nous dire qui proposé le partenariat
C’est lui qui a proposé le partenariat aux militants. Ce n’est pas les militants qui lui ont proposé le partenariat. Donc, si le partenariat a fait qu’il a perdu, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même.
(6:24) Ce n’est pas les militants. (6:26) C’est lui qui a proposé. (6:27) Il nous a tous convaincu que nous ne devons pas rester seuls. Durant un an, le débat a eu lieu au secrétariat général. Voulez-vous qu’on fasse quoi ? A peine on signe cela, avec à la clé 19 adjoints au maire, 5 vice-présidentes de conseils régionaux, avec plus de 300 conseils municipaux et conseils régionaux engagés dans le processus de développement, tu viens leur demander de quitter. Ils quittent pour aller où ?
Peut-être qu’il veut désengager le FPI, et vous laisser occuper vos différents postes.
Mais on reste comment ? Comment fais-tu cette combinaison? Moi, je suis membre d’une municipalité qui est politique. La municipalité, ce n’est pas un poste administratif, c’est un poste politique. Dans les collectivités territoriales, il y a deux institutions : l’institution politique qui est la municipalité et l’administration qui est gérée par le secrétaire général. Vous comprenez. Mon rôle est un rôle politique. Quand tu me dis de jouer un rôle administratif, cela veut dire que tu ne sais pas comment une collectivité fonctionne. Or, lui, Affi N’guessan n’ignore pas ça. Il le sait parce qu’il a été maire. C’est pour me dire de ne plus assister aux réunions de la municipalité. Mais comment je peux faire ça ? Et comment les populations me regardent ? Je deviens un faux type.
Mais est-ce qu’on ne dira pas que vous êtes au restaurant ?
Je ne serai pas le premier. Si je suis au restaurant, sachez que lui, Affi N’guessan était au restaurant avant moi, puisqu’il était là-bas avant. Peu importe ce que les gens vont dire. Ça fait 34 ans que je suis militant du FPI. Ça fait 3 ans que je suis membre du secrétariat général. En 2014, il a été dit ici que nous allions au Rhdp, est-ce que nous sommes partis ? Cela fait bientôt dix ans. Pourquoi écouter de tels propos ? ça ne me dit absolument rien.
A quoi devons-nous attendre dans les jours à venir ?
Vous le saurez bientôt (rire).
Réalisé par LF