A quelques jours de son concert événement intitulé « Jazz Africa Night » (Ndlr, Soirée Jazz d’Afrique), Khalil Riad, la diva ivoirienne du Jazz se confie à L’Expression. La vainqueure de l’édition 2005 du concours « Star Karaoké », reste convaincue que l’attractivité de ce genre musical, conjuguant à la fois exigence technique et liberté intérieure, transcende désormais le cercle élitiste.
Le « Jazz Africa Night » est prévu pour le samedi 5 juillet prochain à Abidjan. Qu’est-ce qui vous a inspirée à créer cet événement ? Quelle est la vision artistique derrière ce concept ?
Ce projet est né de mon désir profond de créer un espace d’expression authentique pour le jazz africain. « Jazz Africa Night by Khalil Riad » est une invitation à se reconnecter à nos racines musicales tout en explorant les richesses infinies du jazz. Ma vision artistique, c’est la connexion : connecter les héritages, les sensibilités, les générations. C’est aussi célébrer un jazz libre, vibrant, ancré, qui assume pleinement ses couleurs africaines.
Comment comptez-vous fusionner les sonorités africaines et le jazz pour offrir une expérience unique à l’auditoire ?
La fusion se fait naturellement, parce que ces deux univers me constituent. Mon écriture puise dans les rythmes traditionnels, les modes africains, les timbres familiers, que je marie à l’harmonie et à la liberté du jazz. Le tout avec une grande exigence de musicalité et de sincérité. Chaque morceau raconte une histoire, entre enracinement et envol.Votre concert est organisé en prélude à la sortie de votre album.
Pouvez-vous nous donner un aperçu de ce nouvel opus, son thème principal ?
L’album est un voyage. Il s’intitule « N’klowö ». Il est traversé par des émotions contrastées : la douceur, l’espoir, le feu, l’appel à l’éveil, mais aussi la nostalgie et la spiritualité. On y entendra du jazz bien sûr, mais aussi des influences soul, mandingue, et afrobeat. Il reflète qui je suis aujourd’hui, une femme en quête de justesse et d’humanité.Cet album contient-il des titres que vous êtes particulièrement impatiente de faire découvrir à votre public ?Oui, plusieurs morceaux me tiennent particulièrement à cœur. Il y a « N’klowö » et « I Love You So », en collaboration avec mon mentor la légende de la batterie Paco Sery qui mêle groove et tendresse, et aussi “ I need you to know”, un duo très personnel en feat avec la diva mandingue Amy Koïta. Chaque titre est un univers, mais certains résonnent comme des confidences musicales.« Musique ivoirienne : il faut former, transmettre, et surtout encourager la créativité »
En votre qualité d’artiste et également de professeure de musique à l’Institut National Supérieur des Arts et de l’Action Culturelle (INSAAC), comment percevez-vous l’évolution du jazz en particulier, et de la musique ivoirienne en général ?
Le Jazz est une musique de conscience et de liberté. Il inspire, il élève Je constate un intérêt croissant pour le jazz, notamment chez les jeunes musiciens ivoiriens. De plus en plus d’artistes s’en emparent pour raconter leurs vérités. Il y a une vraie curiosité, une soif d’apprendre. Mais il reste encore du chemin pour que cette musique soit pleinement comprise et valorisée dans nos institutions. J’aimerais voir émerger de véritables circuits de diffusion, des festivals durables, des écoles de musique qui intègrent vraiment le jazz et ses dérivés. Et surtout, des publics qui s’y reconnaissent. Quant à la musique ivoirienne, elle est en constante évolution. Je crois en la force de l’ancrage pour inventer l’avenir : il faut former, transmettre, et surtout encourager la créativité sans complexes.
Quels sont vos prochains projets après le concert et la sortie de l’album ?
Je souhaite faire vivre l’album sur scène, ici et ailleurs. Il y aura une tournée nationale, peut-être régionale. Je travaille aussi sur un projet pédagogique autour de la voix et des musiques afro-descendantes. Et bien sûr, la deuxième édition du Jazz Africa Night est déjà en germe.
Réalisé par Isaac Krouman