Chaque école de cinématographie apporte sa touche à l’édification du 7e art ivoirien. Lauraine Koffi, actrice réalisatrice, formé à l’école du monstre sacré, Sidiki Bakaba et fraîchement revenue du festival de Dakhla, dans le royaume chérifien, explique sans ambages dans cette interview accordée à L’infoexpress, comment elle s’efforce d’honorer et de pérenniser l’héritage artistique de son maître.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous parler de ce qui vous a motivé à faire carrière dans le cinéma ?
Je suis Lauraine Koffi, comédienne, actrice, présidente du CIRA (Ciné Rural), une organisation promotrice du Cinéma dans les zones rurales. A la base je n’avais jamais voulu être comédienne ou actrice. J’ai toujours aimé écrire. Mon souhait était d’écrire des histoires de films, des livres ou même des scripts de publicités. Puis, un jour je découvre une annonce d’appel à formation de comédiens, réalisateurs, scénaristes, lancée par l’Actor studio, une école d’art dramatique et de cinéma, logée au sein du palais de la culture et créée et dirigée par Monsieur Sidiki Bakaba. J’ai postulé. Une fois la formation démarrée, je me suis rendu compte que le tout n’était pas que de jouer mais jouer vrai dans le cinéma en extérioriser ses émotions. Et c’est avec le cœur plein de reconnaissance que j’ai reçu par la grâce de Dieu l’idée de réaliser le documentaire « Merci Maître » pour marquer ma reconnaissance à cet homme, mon Maître Sidiki Bakaba, de m’avoir permis de faire ce métier. Ça été également le moment pour tous ses élèves qu’ils a formé comme moi gratuitement de lui manifester notre reconnaissance.
A quel moment votre carrière d’actrice démarre-t-elle véritablement ?
C’est véritablement par la saison 1 de la série «Teenager» de Martika production que démarre ma carrière d’actrice. J’ai participé à plusieurs productions comme «Heremankono – en attendant le bonheur» du dramaturge ivoirien Diégou Bailly , « la malice des hommes » du dramaturge burkinabè Jean Pierre Guingane mise en scène par Sidiki Bakaba, dans lequel j’ai interprété le rôle de Georgette, l’amante de son excellence ; « Ma grande famille », « Les histoires de RoRo », « Et si Dieu n’existait pas », « Derrière l’eau », « Les coups de la vie », « Esclave et courtisanes » et bien d’autres.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous investir spécifiquement dans la promotion du cinéma en zone rurale ?
C’est l’amour pour ce métier et surtout celui manifesté par nos concitoyens. Tous ces aspects ont concouru à la pérennisation du CIRA. En effet, le CIRA existe depuis 2019. Il a été créé par un groupe de cinéastes avec à sa tête Fulgence Daly. Tout est parti du constat du déficit de salles de cinéma dans les villes de l’intérieur du pays. Puis un jour, étant allés pour deux (2) mois de tournage dans un village de Sassandra pour le compte d’une série télévisée. Il n’a pas été facile pour eux de convaincre les villageois de faire de la figuration. Après avoir réussi à les convaincre, le monteur a diffusé un jour, quelques images de leurs propres jeux d’acteurs. L’engouement que cela a suscité était remarquable. Depuis lors jusqu’à ce jour, je me suis engagé à promouvoir le cinéma dans toute sa splendeur dans les zones reculées.
Le Festival international du Film de Dakhla auquel vous avez participé, récemment, est reconnu comme une plateforme d’échanges. Comment avez-vous vécu votre participation à cet événement ?
J’ai été très honoré d’avoir été sollicité comme membre du jury dans la catégorie court métrage à ce prestigieux festival international de Dakhla film. Je profite de cet entretien pour réitérer mes remerciements à Charaf Eddine président de Dakhla international films ainsi qu’à toute son équipe. Mon séjour au Maroc a été un excellent moment de rencontre professionnelle de retrouvailles qui pourraient aboutir éventuellement à des collaborations intéressantes pour le bonheur du cinéma de proximité.
Comment envisagez-vous l’évolution de la promotion du cinéma dans les zones rurales en Côte d’Ivoire ?
Les perspectives sont bonnes. Déjà, nous bénéficions du soutien du ministère de la culture et de la Francophonie, ainsi que de celui de nos partenaires, à savoir l’ONAC, Alma production, la Fabrique culturelle d’Abidjan, les Gada à qui nous disons merci encore pour leur confiance et disponibilité. Mais il reste encore à faire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous allons vers les entreprises en vue de créer des éventuels partenariats.
Quel message souhaiteriez-vous adresser aux jeunes cinéastes locaux, en particulier les débutants ?
J’encourage les débutants à faire du cinéma un véritable choix de métier, avant de s’y engager. Être passionné ne suffit plus. Le métier d’acteur a ses exigences. Vu de l’extérieur, il semble léger. Alors que l’actorat s’apprend tout comme on irait prendre des cours de comptabilité. S’il y a un privilège que vous donne ce métier, c’est la visibilité. Vous pouvez être reconnu comme l’acteur le plus moyen ou le plus brillant.
Réalisé par Isaac Krouman