Le Président de la Commission électorale indépendante (CEI) Ibrahime Coulibaly-Kuibiert était jeudi soir L’invité de l’émission ‘’Sans réserve’’ de la Nouvelle chaîne ivoirienne (NCI). Lors de cette émission présentée par le journaliste Ali Diarassouba, le magistrat a abordé entre autres, le dépôt des dossiers qui a pris fin le 22 janvier, le nombre de dossiers réceptionnés, la campagne électorale. Il a annoncé qu’après les législatives, la CEI va organiser la révision de la liste électorale 2021. Il a surtout tenu à rassurer les Ivoiriens sur la bonne organisation de ce scrutin législatif..
Ci-dessous quelques morceaux choisis de l’entretien
Il y a trois mois, vous organisiez une élection présidentielle dans un contexte très difficile en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, vous vous apprêtez à amorcer les législatives. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Mon état d’esprit est bon. Comme j’avais dit à l’occasion de l’élection du président de la République, nous sommes dans ce même état d’esprit. Nous sommes confiants. Nous avons foi en l’avenir et dans ce que nous faisons. Je suis bien comme la Commission électorale indépendante.
A l’époque, certains partis politiques de l’opposition notamment remettaient en cause votre présence à la tête de la CEI. Ce sont des faits qui ne vous dérangent pas aujourd’hui ?
Pas du tout. L’indépendance d’un homme dépend de ce qu’il conçoit dans sa conscience. Je suis à l’aise avec ma conscience pour l’exécution de ma mission. Je n’ai donc pas de soucis.
Jusqu’à vendredi (vendredi 22 janvier, Ndlr), les candidats à la candidature pour ces élections législatives devaient déposer leurs dossiers. Est-ce qu’on peut faire le bilan de ce dépôt de dossiers de candidatures ?
Nous avons ouvert le dépôt de candidatures dans le cadre cycle électoral législatif du 4 au 22 janvier 2021. Nous avons reçu 1291 dossiers, y compris tous les dossiers. Au niveau des candidatures, nous en avons eu et 1587 candidatures. Titulaires et suppléants, cela fait 3174.
C’est un véritable engouement ?
Bien-sûr ! C’est notre satisfaction. C’est l’objectif de la Commission électorale indépendante d’inciter les populations à opter pour l’élection comme étant le seul moyen d’accès au pour car la souveraineté appartient au peuple et le peuple l’exerce à travers ses représentants élus tels que le président de la République et ses représentants à l’Assemblée nationale. Voyant l’engouement des populations vis-à-vis de ces élections, c’est toute notre joie. C’est pourquoi, nous sommes dans un bon état d’esprit pour organiser ces élections.
Vous indiquiez tout à l’heure qu’il y a environ 1500 candidatures pour ces législatives. Quand est-ce que nous aurons la liste des candidats retenus ?
Le dimanche 31 janvier 2021. A l’heure actuelle, nous sommes en train d’examiner les dossiers que nous avons reçus. Cet examen permettra dans un premier temps d’apprécier si la composition de ces dossiers est conforme à la loi, conformément à l’article 82 du Code électoral et ensuite conformément à l’article 98, nous allons apprécier l’éligibilité des dossiers des candidatures déposées pour voir si ces candidats remplissent les conditions prévues par la loi, c’est-à-dire s’ils sont Ivoiriens, électeurs, s’ils ont 25 ans, s’ils n’ont pas renoncé à leur nationalité et si surtout ils résident en Côte d’Ivoire pendant les cinq dernières années précédant cette élection. Voici autant de conditions qui vont déterminer l’éligibilité des candidats qui ont déposé leurs dossiers en notre sein.
A la différence de la Présidentielle, pour les législatives, n’a-t-il pas de recours devant le Conseil constitutionnel ?
Le Conseil constitutionnel demeure le juge des contentieux des élections législatives. Sauf qu’à la différence de l’élection du président de la République, ici, c’est le contentieux qui saisit le Conseil constitutionnel, alors que dans l’hypothèse de l’élection du président de la République, tous les dossiers étaient transmis au Conseil constitutionnel à l’effet pour cette institution de déterminer ceux qui avaient la qualité d’électeur. Cette fois, cette attribution revient à la Commission électorale indépendante. C’est en cas de contestation que le Conseil est saisi dans un certain délai de huit jours permettant ainsi au Conseil de statuer dans un délai de 15 jours et donner le résultat définitif.
Le départ d’Henriette Lagou constitue-t-il une crise pour la CEI ?
Pas du tout. Je profite pour féliciter cette dame qui, en son temps, lorsqu’elle est arrivée à la CEI a travaillé sérieusement comme tous les autres commissaires. Elle a mené à bien sa mission. Sa volonté de se présenter aux élections législatives à Daoukro, c’est son droit. On ne peut pas l’empêcher. En le faisant, elle n’a violé aucune disposition. Je voudrais lui souhaiter bon vent. Nous sommes en de bons termes.
A l’époque un commissaire central de la CEI devrait prêter serment au nom de l’opposition. Où en est-on ?
Ils vont bientôt prêter serment pour rejoindre la Commission électorale indépendante. Il s’agit pour le moment, bien entendu, M. Doumbia Soumaila et M. Siaka Bamba. Ils vont bientôt prêter serment et ils vont rejoindre la Commission centrale, à l’effet pour eux de mener à bien la mission qui est la leur.
Vous indiquiez que dimanche prochain, on connaitra la liste définitive des candidats retenus, ça sera quoi la suite du processus jusqu’aux législatives ?
Quand nous avons donné la liste, il appartient à tout électeur qui n’est pas satisfait du travail fait par la Commission électorale de saisir le Conseil constitutionnel dans un délai de huit à compter de la publication. Il appartiendra au Conseil constitutionnel de statuer dans un délai de 15 jours. Ce après quoi, la liste devient définitive. Il appartiendra à la Commission électorale d’élaborer les documents électoraux. Mais entre-temps, les candidats vont aller en campagne, et la campagne s’ouvre du 26 février au 4 mars. Après la campagne on va procéder au scrutin et le 9 février nous allons proclamer les résultats. Ce timing est fait de sorte que conformément à la Constitution, on puisse s’accorder au niveau de l’entrée solennelle au niveau du Parlement, d’où l’intérêt de respecter les différents délais, parce que la Constitution prescrit que c’est le 1er jour ouvrable du mois d’avril que rentre le Parlement. En conformité avec cette disposition, il nous sied de bien vouloir rentrer dans ce cadre et faire en sorte que toutes nos opérations se terminent au plus tard le 15 mars pour permettre à l’Assemblée nationale de rentrer solennellement.
Êtes-vous prêts pour l’organisation de ces législatives ?
Je pense oui. Pour être prêt, il faut trois éléments : des électeurs, des candidats et les documents électoraux que nous nous attelons à confectionner. Nous sommes prêts.
Quelles sont les dispositions prises par la CEI pour nous garantir un scrutin équitable et sans heurts ?
Nous allons faire ce que la loi nous demande de faire. En plus de cela, nous allons demander aux candidats de se faire représenter dans tous les bureaux de vote à l’effet de contrôler comme la CEI les opérations électorales. Nous allons leur donner copie du procès-verbal qui atteste du déroulement du scrutin dans chaque bureau de vote. C’est nécessaire pour nous qu’ils soient représentés dans tous les bureaux de vote. Ils ont non seulement cette possibilité de se faire représenter, mais avoir des délégués qui vont sillonner tous les bureaux de vote sur toute l’étendue de la circonscription électorale concernée.
Pourquoi des candidats aux élections locales ne s’inscrivent-elles pas dans leurs circonscriptions électorales ?
Parce que le Code électoral leur donne le choix de s’inscrire où ils veulent. C’est la loi qui dit que le citoyen peut s’inscrire où il veut parce que la loi qu’il va prendre ne va pas s’appliquer seulement dans sa circonscription. C’est pourquoi, ce n’est pas bienséant de dire que c’est le député de telle zone. C’est le député de la Côte d’Ivoire parce qu’il prend des lois qui vont régenter tous les Ivoiriens. C’est pourquoi, le législateur, à travers le Code électoral, admet que le citoyen ait le choix de la circonscription où il veut se présenter.
Pourquoi certains membres du gouvernement ne démissionne-t-ils pas de leurs postes lorsqu’ils se portent candidats ?
Il va démissionner quand il sera élu parce que c’est un cas d’incompatibilité. Ce n’est pas un cas d’inéligibilité. Lorsqu’il sera élu, ne pouvant être en même temps de l’Exécutif et Législatif, étant deux pouvoirs, il est obligé de choisir. Il choisira certainement sa qualité de ministre ou de député.
lire la suite de l’entretien dans le quotidien lexpression du samedi 30 janvier 2021
Entretien retranscrit par Fulbert YAO (Herrwall2007@yahoo.fr)