Le président Xi Jinping a décidé de célébrer les 60 ans de l’amitié franco-chinoise à Paris où il a été accueilli ce dimanche 5 mai 2024 par le Premier ministre le Premier Gabriel Attal à l’aéroport d’Orly. Cette visite du N° Un chinois en France s’inscrit dans une tournée européenne qui le conduira à Belgrade en Serbie et à Budapest en Hongrie, pays considérés comme des « pions » de la Chine sur le Vieux continent. Il est clair que Xi Jinping va aborder des sujets politiques liés à la guerre en Ukraine mais des questions bilatérales avec le locataire du Palais de l’Elysée.
« Trêve olympique »
Lundi après-midi, après une cérémonie protocolaire d’accueil en grande pompe aux Invalides, et avant un banquet à l’Élysée, Emmanuel Macron et Xi Jinping se retrouveront en tête-à-tête pour la séquence la plus politique, puis s’exprimeront devant la presse. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine sera un plat de résistance au cours du tête-à-tête entre les deux hommes. Le Français compte demander au Chinois de soutenir la « trêve olympique » pour « l’ensemble » des conflits à l’occasion des JO Paris 2024. Paris veut à minima s’assurer que la Chine, principale alliée du président russe Vladimir Poutine, ne bascule dans un soutien clair à son effort de guerre face à Kiev. Voire « l’encourager à utiliser les leviers » dont elle dispose sur Moscou pour « contribuer à une résolution de ce conflit », selon l’Élysée.
Mais la Chine n’a jamais officiellement condamné l’invasion russe en Ukraine et se considère comme un acteur neutre. Hors de question alors de rompre « l’amitié sans limites » nouée avec la Russie peu avant son invasion de l’Ukraine en 2022. Avec des relations économiques au beau fixe – le volume des échanges bilatéraux a augmenté de près de 30% en 2022, et la Russie est devenue le premier fournisseur de pétrole de la Chine –, Pékin ne voit aucun intérêt à s’aliéner Moscou.
Le président français tentera néanmoins d’enfoncer le clou mardi, dans les Pyrénées, à l’occasion d’une escapade plus personnelle entre les deux hommes, accompagnés de leurs épouses. L’objectif de ce déjeuner sur le col du Tourmalet – là où, enfant, il passait ses vacances chez sa grand-mère – est éminemment diplomatique : casser l’imposant protocole pour instaurer un dialogue plus direct, notamment sur l’Ukraine.
Pékin joue l’Europe contre les USA
Au menu des discussions également : les relations commerciales entre les deux pays. Des accords pour l’ouverture de nouvelles usines de batteries électriques chinoises devraient notamment être sur la table. Enfin, pour le président chinois il s’agit aussi de renforcer ses alliances européennes à l’heure où les relations sino-américaines sont au plus bas. « Du côté chinois, il y a une stratégie centrale, celle d’éviter que l’Europe ne s’associe aux États-Unis contre elle. Donc l’idée qui est posée par Emmanuel Macron d’une troisième voie intéresse beaucoup la Chine, évidemment, parce qu’elle coupe le clan occidental en deux », croit savoir le Sinologue Alain Wang.
Nomel Essis avec RFI, France 24 et Europe 1