Parmi les cadres du Ppa-CI, il est l’un qui se retrouve fréquemment à l’ex-Maca. Mais qui est-il exactement ?
Moïse Lida Kouassi est né le 7 janvier 1956 à Lakota, dans le Lôh-Djiboua. Il commence ses études à l’université d’Abidjan avant de les poursuivre en Allemagne à l’université de Hambourg, où il est diplômé d’études germaniques. Il fait aussi ses études en France à l’université de Strasbourg où il obtient un doctorat en science politique, option défense et stratégie générale. De retour en Côte d’Ivoire, il devient maître-assistant de langue civilisation germanique à l’université d’Abidjan. Il milite au sein du puissant syndicat des enseignants du supérieur (Synares).
Parallèlement à ses activités syndicales, Moïse Lida Kouassi adhère en 1990 au Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo.
Plus tard, il en devient le secrétaire national chargé de la politique de défense et de sécurité de 1996 à 2001. En février 1992, le FPI et d’autres mouvements politiques organisent une grande marche au Plateau pour exiger des sanctions contre les forces de sécurité qui ont effectué une expédition punitive contre les étudiants de l’université d’Abidjan.
À la suite de cette marche, Moïse Lida Kouassi est arrêté, ainsi que d’autres responsables du FPI dont Laurent et Simone Gbagbo. Deux mois après, il est condamné à un an d’emprisonnement par le tribunal correctionnel d’Abidjan avant d’être libéré quelques mois plus tard. À l’arrivée au pouvoir du général Robert Guéï en décembre 1999, Moïse Lida Kouassi devient son conseiller politique.
À la suite de l’élection de Laurent Gbagbo à la présidence de la République, Moïse Lida Kouassi est nommé, le 30 octobre 2000, ministre d’État, ministre de la Défense et de la protection civile. Lors des élections législatives de décembre 2000, il réussit à se faire élire député de Marcory. La gestion de la crise militaro-politique de septembre 2002 l’emporte du ministère de la Défense. Laurent Gbagbo le nomme ministre d’État, conseiller auprès de la présidence.
À la chute de Laurent Gbagbo en avril 2011, Moïse Lida Kouassi, comme plusieurs autres barons du régime, s’exile d’abord à Accra, au Ghana, puis à Lomé, au Togo. Accusé de pactiser avec des officiers de l’armée en exil au Ghana en vue d’un projet de déstabilisation du nouveau pouvoir, Moïse Lida Kouassi, visé par un mandat d’arrêt international, est arrêté en juin 2012 puis extradé à Abidjan. Il est détenu pendant plusieurs mois à la Direction de la surveillance du territoire (DST) et pendant un an à Bouna. Il bénéficie d’une mise en liberté provisoire en août 2014 mais est arrêté de nouveau, fin octobre 2014. Il est transféré successivement à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), au Camp pénal de Bouaké puis à la Maison militaire d’Abidjan (Mama).
Poursuivi pour « complot contre l’autorité de l’État », il est condamné le 18 janvier 2018 par la Cour d’assises d’Abidjan à quinze ans de prison ferme. Le 8 août 2018, bénéficiant de la mesure d’amnistie annoncée par Alassane Ouattara, Moïse Lida Kouassi est libéré tout comme Simone Gbagbo.
En août 2021, il avait été auditionné, sans grandes conséquences judiciaires, à la brigade de recherches puis par le Procureur de la République. Il avait été entendu pour “incitation à la révolte’’ et “troubles à l’ordre public’’ en lien avec une publication sur les réseaux sociaux dans laquelle il évoquait le sort des détenus militaires de la crise post-électorale 2010-2011. Cinq mois plus tôt, en pleine campagne électorale, il s’était illustré par des «propos tribalistes et exclusionnistes» à l’encontre de son principal adversaire lors de l’élection législative à Lakota, qu’il avait d’ailleurs perdu.
Fulbert Yao avec 7 infos