Belle et dotée d’un franc-parler qui ne laisse personne indifférent, Isabelle Vovor s’est imposée comme l’une des figures montantes du paysage audiovisuel ivoirien. Mais sa carrière est malheureusement entachée par des rappels à l’ordre de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA). Ce jeudi 6 novembre 2025, l’institution lui a une nouvelle fois adressé un avertissement officiel.
Selon la décision rendue publique, la journaliste et chroniqueuse de l’émission « Petit Poteau Politique », diffusée sur Life TV le 4 novembre, a tenu des propos jugés offensants à l’encontre de son invité, Jean-François Kouassi.
Au cours de ce débat, Isabelle Vovor aurait déclaré : « Depuis que vous êtes arrivé, je pouffe un peu de rire, parce que pour moi, je pourrais vous considérer comme quelqu’un de pas très sérieux, presque une sorte de guignol politique. Vous ne respectez pas les règles, mais vous souhaitez qu’on fasse confiance à la jeunesse. »
Des propos que la HACA a estimés « offensants, voire injurieux », soulignant que, si les émissions de débats constituent des espaces privilégiés d’expression, elles doivent néanmoins se dérouler dans un cadre respectueux, garantissant un échange courtois et équilibré entre les intervenants.
Ce n’est pas la première fois que la journaliste se trouve dans le viseur de l’autorité de régulation. Le 28 août 2023, la HACA avait déjà interpellé Life TV à la suite d’une séquence de l’émission « Le Talk », consacrée à la conférence de presse de l’ancien président Laurent Gbagbo.
Lors de cette émission, Isabelle Vovor avait lancé, sur un ton provocateur :« Je sais déjà qu’à travers ce que je viens de dire, beaucoup diront que je suis partisane, que je mange au restaurant, mais moi, j’ai juste envie de vous répondre que c’est vous qui vous faites rouler dans la farine parce que vous aimez un boulanger. »
Saisie à la fois d’office et sur plainte du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), la HACA avait alors tenu à rappeler les principes qui encadrent la liberté d’expression dans l’audiovisuel :
– celle-ci est garantie et protégée ;
– la critique, même virulente, en fait partie intégrante ;
– mais elle doit s’exercer dans le respect d’un minimum de bienséance.
L’instance de régulation avait qualifié les propos de la chroniqueuse d’« irrévérencieux » à l’égard d’un ancien chef d’État, tout en reprochant au modérateur de l’émission de n’avoir pas suffisamment maîtrisé l’antenne.
Faut-il voir, dans les dérapages récurrents d’Isabelle Vovor, une personnalité trop entière ou un manque de rigueur professionnelle ? La question mérite d’être posée.
Connue pour son ton libre, souvent sans filtre, la journaliste cultive une image de chroniqueuse franche et audacieuse, qui revendique le droit de dire tout haut ce que d’autres taisent. Ce tempérament, s’il séduit une partie du public, l’expose aussi à des malentendus et des sanctions répétées.
Certains observateurs du paysage médiatique estiment qu’il ne s’agit pas d’un déficit de formation, mais plutôt d’un problème de cadrage éditorial. Dans plusieurs émissions de débat, les chroniqueurs évoluent dans une zone grise entre information, opinion et divertissement, où la frontière entre liberté d’expression et atteinte à la réputation devient floue.
La HACA, pour sa part, s’efforce de rappeler que la liberté d’expression ne saurait se confondre avec la liberté d’offenser.
Le cas d’Isabelle Vovor illustre donc un enjeu plus large : celui de la responsabilité des médias face à l’exigence d’une parole libre, mais mesurée.
Fulbert Yao




































































