Au matin de ta disparition, j’ai eu une ineffable intuition dans une étonnante chaleur des idées, que par crainte de verser dans une prostitution verbale, je me suis proposé de dérober ma plume à mes envies débordantes de soudain. Mais puisque je ne pouvais pendant longtemps étouffer mon zèle, tant il m’était dissident, voici, enfin, conjugué mon hommage, dans ce modeste sonnet. Ton être est si estimable, si rare, cher papa, que je n’ai pas trouvé mieux que de le proposer à la postérité, pour modèle.
S’il est de notre tâche de chanter et de proposer à la postérité
Pour modèle les cervelles exceptionnellement éclairées de notre temps
Je me dois d’attirer ici l’attention des Griots d’Afrique et de toute l’humanité
Sur un penseur marqué dans son œuvre par une incroyable destinée de printemps
Un penseur à une voix si fulgurante, d’une limpide et cristalline pureté
Si ironique dans son refus de toute compromission, si scintillante de clarté
Et si porteuse d’espérance au milieu d’la nuit d’notre âge et d’l’aridité d’nos jours
Comme dirait justement Mbembe. Un penseur d’hier, de ce jour et certes de toujours
Pour s’être inlassablement battu, sans jamais déclarer forfait
Et pour s’être manifestement affirmé comme un des intellos aux doigts de fée
Boulaga mérite d’être couronné. A l’abri de quelque oubli s’œuvre suggère d’être tenu
Pour que la veine ouverte par ce vaillant muntu jamais ne tarisse
Ses saillies et même ses plus banales intuitions, méritent bien d’être soutenues
Et son champ philosophique, il mérite fort bien qu’on le reprenne, cultive et engraisse
Arsène Ntamusige
GOMA, RDC