Depuis quelques années, le Royaume Baoulé est plongé dans un débat relatif à la succession de notre défunt Roi, Sa Majesté ANOUGBLE III dont l’inhumation qui a ouvert la voie à la succession est intervenue quatorze ans après l’annonce de son décès (2002-2016).
La longue période de régence assurée par Madame N’ga Tanou Monique est certainement à prendre en compte dans le débat en cours, à savoir qui de dame N’ga Tanou et de son fils Michel Kassi à légitimement droit de siéger sur le trône du peuple baoulé en qualité de souverain ?
Face à la persistance des oppositions qui risquent en définitive de porter atteinte à l’honorabilité, la crédibilité et au prestige du Royaume Baoulé, quelques frères et moi-même avons entrepris d’investiguer pour apporter une lecture débarrassée des pesanteurs politiques, politiciennes, partisanes et émotionnelles.
Nous avons assisté comme par extraordinaire à des prises de positions de personnalités politiques de premiers rangs dans un débat qui n’aurait jamais dû quitter la case ou l’arbre à palabres dans le strict respect de nos us et coutumes baoulés. Ils se sont tous illustrés par communiqués de presse interposés, déclarations contre déclarations et par de nombreuses publications et vidéos sur les réseaux sociaux. Cela ne nous honore pas et nous devons nous ressaisir.
Nous souhaitons vivement que l’exposé des acquis de nos investigations ouvre la voie aux clarifications qu’exigent cette situation afin de mettre fin à cette infamie et à l’ignominie qui pourrait en découler.
Il nous est revenu qu’au cours des obsèques de notre regretté Roi, Sa Majesté ANOUGBLE III, une concertation qui aurait réuni Monsieur le Président Henri Konan BEDIE, premier fils du Royaume, sept Chefs de Cantons et les Djêfouês se serait tenue le dimanche 06 mars 2016, à la résidence de Madame la Ministre Odette KOUAME, la veille des funérailles, à Sakassou et aurait été sanctionnée par la décision d’élever Nanan N’ga Tanou à la dignité de Reine du Peuple Baoulé.
Il nous est également revenu que c’est à l’issue de cette concertation que le Lundi 07 mars 2016, l’annonce publique, a été faite devant toutes les hautes personnalités politiques et coutumières du pays (Les Présidents Henri Konan BEDIE et Alassane OUATTARA, les membres du Gouvernement ivoiriens, les Présidents d’Institutions, les hauts cadres et les Chefs de Cantons, de Tribus, de villages venus du pays baoulé et des autres régions de la Côte d’Ivoire) et des pays frères (les délégations officielles et coutumières venues du Ghana, du Burkina Faso, du Togo) et que tous y ont souscrit en prenant acte de cette élévation.
Ce serait à l’issue de cette annonce publique que les 39 chefs de cantons du Pays Baoulé ont, à l’unisson, fait allégeance à Sa Majesté la Reine AKOUA BONI II permettant ainsi à tous de repartir en disant « le Roi est mort, vive la Reine ».
Et ce serait plus tard que le rituel traditionnel d’intronisation a été fait avec succès en présence des Djêfouês et des témoins qui vivent encore.
A l’analyse, en dehors des officines politiques animées par certains de nos frères et de quelques cadres de Sakassou, le Royaume qui comprend un peu plus de 4 000 000 sujets, 19 départements, 04 Régions administratives, 01 District Autonome et forte diaspora nationale et internationale semble s’accommoder parfaitement de sa Reine puisque de nombreux villages et de nombreuses tribus sont aujourd’hui dirigés par des femmes chefs qui donnent pleine et entière satisfaction.
Au regard de tous les éléments susmentionnés, il revient de poser quelques questions pleines et entières qui attendent les clarifications de tout sachant :
Madame N’ga Tanou Monique a-t-elle pu s’autoproclamer Reine et accéder au trône ?
Comment a-t-on pu conduire à leurs termes et à son profit les rites traditionnels d’intronisation de Dame N’ga Tanou Monique à Sakassou ?
Qui sont ceux et celles qui ont exécuté ces rituels ?
Plusieurs témoins encore vivant sont disposés à dire leur part de vérité.
En attendant ces éclairages qui viendraient instruire l’opinion publique nationale, et jusqu’à ce que des informations nouvelles interviennent en dehors des supputations, suppositions et autres débats au sein des officines politiques et des Réseaux Sociaux, NANAN AKOUA BONI II à l’instar de ses illustres prédécesseurs est celle dont le règne suit son cour pour le bonheur de ses sujets.
A l’évidence, lorsqu’on se rend à Sakassou, à la Cour Royale, c’est Sa Majesté AKOUA BONI II qui y règne et non quelqu’un d’autre.
Au demeurant, il faut noter qu’il est triste que notre jeune frère Michel KASSI, fils utérin de la Reine et prétendant au trône ait pu être manipulé au point de violer le commandement divin qui stipule dans Exode 20 :12 « honore ton père et ta mère afin que tes jours soient prolongés sur le terre que l’Eternel ton Dieu te donne ».
Aujourd’hui, on soutient le fils pour tenter d’humilier la mère pour un trône qui devrait être facteur de cohésion et de rassemblement après les profondes meurtrissures que la rébellion nous a infligée.
Ces nouveaux comportements incompatibles avec la noblesse de notre communauté font malheureusement des émules.
A Yamoussoukro, à Bouaké, à Dimbokro, les Chefs de Cantons et les chefs de tribus sont contestés aux mépris de nos us et coutumes.
Dans nos villages, l’autorité des chefs est bafouée et par endroit, il y a même des velléités de destitution de chefs. Quelle ignominie ?
Aujourd’hui, on compte parmi les nouveaux prétendants aux responsabilités de chefs de villages et de tribus, des fonctionnaires retraités qui veulent se reconvertir en chefs.
Dans cette farouche volonté d’accéder au trône régis par des principes et des rites qui datent des temps immémoriaux, le fils s’expose, expose sa mère et foule aux pieds les valeurs morales qui fondent notre si grande et naguère respectée communauté.
Au regard du comportement actuel fait d’irrévérences et d’affronts à sa mère biologique et à supposer que la demande du fils fusse légitime, peut-il encore prétendre, du point de vue des valeurs du peuple baoulé, à ce trône qu’il aura contribué à vilipender, trainer dans la boue et humilier ?
Quel exemple pour les générations à venir ?
J’en pleure !
Je voudrais demander respectueusement au Président Henri Konan BEDIE, aux Chefs de Canton de bien vouloir nous apporter leurs parts de vérités sur l’accession Madame N’ga Tanou Monique au trône royal du peuple Baoulé.
Je vous supplie à genoux aider nous à restaurer notre dignité bafouée par une surexposition sur les réseaux sociaux qui ne nous honore pas.
Nos cases et forêts sacrés existent encore. Retournons dans ces sanctuaires pour apaiser les cœurs des enfants du Royaume au risque d’être tous frappés sans pitié par les mannes de nos ancêtres
Dans l’espérance… ».
Une contribution de KOUASSI KAN RODRIGUE
Cadre et fils du Royaume Baoulé